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Est-ce que les villes vont devenir invivables en été à cause de la chaleur ?

SONDAGE
T'as de plus en plus chaud en été tu trouves ?

Et peut-être que tu as constaté aussi que…

SONDAGE
C’était plus facile à vivre à la campagne qu’en ville ?

Il fait vraiment plus chaud en ville ?

Oui (tout simplement). Valéry Masson, chercheur au Centre National de Recherches Météorologiques, confirme que suite à des journées ensoleillées, en particulier la nuit, il fait plus chaud en ville qu’à la campagne.

QUIZ
Quelle diff de température possible entre ville et campagnes ?

En gros la nuit la ville ne se rafraîchit pas aussi bien que des espaces plus naturels. Résultat, les logements non plus, et les êtres vivants (humains, et non-humains) en souffrent. Ça peut avoir des conséquences dramatiques : pendant la canicule meurtrière de 2003, il y avait eu 15 000 morts supplémentaires en région parisienne.

« Il y avait vraiment eu de la surmortalité en milieu urbain pendant cette canicule. C’est pour ça que maintenant il existe des plans canicules pour donner les bons conseils sur comment rafraîchir son logement, faire attention à s’hydrater, ne pas faire de sport en milieu de journée… Ça a été mis en place par Météo-France en 2004 » raconte Valéry Masson.

L'îlot de chaleur urbain : la cause de la vulnérabilité des villes

Ce phénomène de chaleur plus élevée en ville, ça porte un nom : l’îlot de chaleur urbain (c’est plus ambiance vague de pollution et chaleur étouffante que baignade et plages tropicales, malgré son nom).

Alors comment ça fonctionne :

  • Dans les villes, les matériaux imperméables et qui stockent la chaleur sont partout : béton, pierres, briques, etc.
  • Ils absorbent la chaleur pendant la journée ensoleillée, et la restituent la nuit, alors qu’à la campagne la chaleur va être consommée par les plantes, qui vont laisser de l’eau s’évaporer et faire baisser la température.
  • Des activités humaines peuvent aussi relâcher de la chaleur et faire augmenter la température d’un degré dans les grands centres urbains (mais c’est pas la cause principale).

Comment adapter les villes à la hausse des températures ?

Comme il va pas être possible d’éviter complètement l’augmentation des vagues de chaleur (même s’il est encore possible et important de réduire le changement climatique), il va falloir trouver des solutions. Tour d’horizon 👇

Climatiser : pas une si bonne idée que ça

« La solution à laquelle tout le monde pense, c’est la clim’, mais ça a des impacts négatifs : ça rafraîchit l’intérieur mais en rejetant la chaleur à l’extérieur », explique Valéry Masson → Donc ça contribue au réchauffement de l’air ambiant, ce qui rend la situation d’autant plus insupportable pour les gens qui n’ont pas de clim’ ou sont dehors, en plus d’utiliser de l’énergie qui contribue au changement climatique !

A n’utiliser qu’en dernier recours donc, et à des degrés raisonnables : la clim à 18°C alors que tu chauffes à 21°C en hiver, c’est non (les recos, ce serait plutôt pas en dessous de 24°C).

Adapter les matériaux utilisés en ville, pour éviter de faire monter la température

Là, plusieurs choses peuvent aider :

  • Isoler, ce qui est efficace pour maintenir la chaleur en hiver, et garder la fraîcheur en été, on dit oui → ça joue pas sur l’îlot de chaleur, mais ça le rend plus supportable.
  • Utiliser des matériaux biosourcés : briques de paille et autres qui laissent « transpirer » les murs. Ça permet d’avoir des transferts de vapeur d’eau parce que ce sont des matériaux poreux et ça stocke moins la chaleur (donc ça la renvoie moins la nuit tombée, tout benef)
  • Utiliser des revêtements plus clairs : peindre les toits en blanc, voire éclaircir les rues, pour renvoyer les rayons du soleil et moins absorber la chaleur.

Organiser les villes pour permettre de les rafraîchir naturellement

L’urbanisme et la construction des bâtiments peuvent avoir un gros impact sur la température…. Par exemple :

  • Construire des bâtiments pas trop haut et favoriser la circulation des vents.
  • Préférer les rues étroites, si possible orientées plus nord-sud que est-ouest → ça peut limiter l’ensoleillement et donc, la chaleur.
QUIZ
Dans les passages couverts de Sanliurfa (ville en Turquie), il fait :

Végétaliser : le mot d’ordre pour des villes plus fraîches

Il est possible de créer des îlots de fraîcheur (au milieu de l’îlot de chaleur que représente la ville, oui oui).

QUIZ
À Göteborg, la diff max entre un parc et son environnement a atteint :

Donc oui, c’est possible de rafraîchir les villes, au moins par endroits, grâce à :

  • Des parcs qui peuvent avoir un effet jusqu’à 2km à la ronde (c’est ce qui a été observé à Mexico)
  • Des arbres un peu partout qui, en journée, peuvent contribuer à faire baisser le thermomètre de 2 à 3°C grâce à l’évapotranspiration (l’eau que les végétaux relâchent)
  • Des plans d’eau qui rafraichissent aussi l’air aux alentours
  • Des techniques de vaporisation (plus les gouttelettes sont fines et plus il y a du vent, mieux ça fonctionne)
  • Des toitures végétalisées (ne fonctionne que si la végétation est vraiment dense et bien arrosée : en cas de canicule ça peut griller vite fait) ou des murs végétalisés mais plutôt avec des solutions naturelles comme les plantes grimpantes → ça met les murs à l’ombre et limite la chaleur dans les bâtiments.

Ce genre de techniques va être efficace pour rafraîchir la température au niveau d’une ville seulement si c’est appliqué à grande échelle. Si on fait juste ça par endroit, comme dans les cours d’école par exemple, ça permet surtout aux habitants de trouver des refuges un peu plus frais ponctuellement 🧊

SONDAGE
Alors, prêt·e pour la ville du futur ?

Interview de Valéry Masson, du Centre National de Recherches Météorologiques
Bureau du Conseil d’État chinois
C40
Fortune
OMS
ONU
Reuters
The Guardian

Esther Meunier
À la recherche de bonnes nouvelles

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