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« Je me suis senti plus dépaysé dans la Creuse qu’à New York. »

Aujourd’hui : la parole à Benjamin, alias Tolt, influenceur voyage, qui raconte pourquoi il a arrêté de prendre l’avion, et comment ça a changé sa vision du voyage... et de son métier !

J’ai eu un basculement très progressif vers l’écologie. Pendant longtemps je pensais qu’il suffisait de trier mes déchets, je fermais les yeux sur l’impact de l’avion par ignorance, mais aussi un peu par déni. Et puis, finalement, on m’a mis face à mes contradictions. C’était une critique constructive, pas agréable mais importante à entendre.

Je me suis renseigné sur l’empreinte carbone de l’avion, et je me suis dit que ce n’était plus possible de le prendre, à la fois pour mon empreinte carbone individuelle, mais aussi pour ma responsabilité en tant qu’influenceur voyage : je ne pouvais pas continuer à nourrir cet imaginaire-là.

Ce changement, ce n’était pas rien. À l’époque, la moitié de mes revenus provenait de compagnies aériennes. J’ai la chance de pouvoir faire évoluer mon métier un peu comme je veux, c’est une grande liberté, même si c’est pas facile de changer de ligne éditoriale du jour au lendemain.

D’un côté, être un influenceur voyage « écolo », ça me distingue de la concurrence car on est encore rares sur ce créneau. Et aujourd’hui les gens sont tellement inondés de contenu que je me demande si ça ne m’aide pas à capter leur attention. Par exemple, aller en Sicile en train de nuit est déjà un sujet suffisamment original.

Ça peut être plus dur de créer l’effet whaou en partageant des voyages en Ile-de-France ou dans la Creuse plutôt que de montrer des paysages de rêve avec une eau turquoise et des cocotiers 🌴 Mais ça ne veut pas dire que c’est impossible ! Beaucoup de gens sont étonnés de voir qu’il existe de super belles choses pas loin de chez eux, comme l’archipel des Glénan en Bretagne ou la cascade d’Ars en Ariège.

Avant l’explosion du low-cost, voyager en avion c’était un truc rare, on ne se faisait pas des week-end « city trip » tous les mois comme certains peuvent le faire aujourd’hui.

L’avion a tendance à détruire les différences, à casser ces découvertes. Aujourd’hui les gens partent dans des villes mondialisées, dans des clubs de vacances, où, si on passe outre la langue, tout est uniformisé.

J’aimerais qu’on re-questionne notre rapport à la découverte. Pour trop de personnes, ça veut dire partir loin, alors qu’à 1h de chez soi on peut voir des choses qui n’ont pas déjà été partagées des milliers de fois sur Instagram.

Je me suis souvent senti plus dépaysé dans la Creuse qu’à New York ou dans certaines grandes villes.

Et si tu veux vraiment partir loin, c’est possible de le faire sans forcément prendre l’avion. Je suis allé en Sicile en train par exemple, avec une partie en train de nuit de Rome à Messine qui était un des plus beaux trajets que j’ai pu faire.

Je suis aussi parti en Corse sur un bateau à voile avec Sailcoop. Alors oui, le trajet entre Saint-Raphaël et Calvi dure 20 heures, mais c'est pas du tout la même expérience qu’en avion ou même en ferry : tu vois le soleil se lever sur la Méditerranée, tu vois des dauphins 🐬

Forcément, en pleine mer, ton téléphone ne capte plus, c’est une déconnexion forcée, mais moi ça m’a fait un bien fou.

Depuis 3 ans je voyage énormément, même si c’est uniquement en France et Europe. Comme quoi, voyager en train ça rend tout aussi heureux que voyager en avion, et surtout, pour les personnes sensibilisées, ça supprime cette tension intérieure. Vivre en accord avec mes principes, ça m’a apaisé.

Tolt a créé HOURRAIL !

Ce média recense plus d’une centaine d’itinéraires sans avion et sans voiture et qui partage plein d’inspirations, astuces, récits…

Tu penses quoi du témoignage de Benjamin ?

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