Aujourd’hui : la parole à Patricia Kombo (26 ans) qui a planté plus de 5000 arbres au Kenya via sa fondation PaTree 🌳❤️ Elle te raconte ce qui l’a décidé à s’engager pour l’environnement, et pourquoi son projet de reboisement est hyper important pour lutter contre la désertification.
Je grandis dans un village à la campagne. Mon père vend du bois, donc avant même d'aller à l'école, j'aide ma famille à faire pousser des arbres, à créer des pépinières. À l'époque, je n'aime pas particulièrement ce que je fais. Je prends la nature qui m'entoure pour acquise. J'aime nager, planter des arbres et manger des fruits, mais il n'y a pas de lien. C'est une routine. Exactement comme se lever ou préparer à manger.
En 2019, alors que je suis étudiante, je rejoins la mission d'une organisation pour apporter une aide alimentaire d'urgence à Lodwar, dans le nord du Kenya.
Je rencontre des femmes et des enfants en première ligne de la crise climatique. Une température élevée, pas d'arbres, pas d'arbustes. Pour la première fois, la nature me manque. Quand tu te réveilles le matin, tu vois une terre rapide où rien, pas un seul arbre, ne pousse… Il n'y a pas d'eau. Il faut creuser dans le sable pour espérer en trouver. Toute cette pénurie m'ouvre les yeux.
Une chose me frappe particulièrement : un enfant qui me dit qu'il est habitué à cela, que c'est une vie normale pour lui. Je compare ça à ma propre enfance et je me demande : que puis-je faire pour l'aider, lui et les autres ? Pour qu'ils comprennent que ce qu'ils vivent n'est pas normal, mais le résultat du changement climatique ?
C'est là qu'est née l'idée de mon projet PaTree. Il permet à chaque enfant de planter un arbre et de sensibiliser les jeunes à l'adaptation et à l'atténuation de la crise climatique. Autrefois, faire pousser des arbres était une punition. C’est devenu un outil super puissant.
On plante des arbres indigènes* et des arbres fruitiers dans des pépinières*, on les arrose. Lorsqu'ils arrivent à maturité, on les donne aux écoles et aux communautés locales. On fait également pousser des arbres fruitiers dans les écoles : une fois que ces fruits sont mûrs, les enfants peuvent en profiter et/ou l'école peut les vendre et financer certaines choses avec cet argent.
On crée également des clubs environnementaux dans chaque école, parce que le vrai défi c'est pas tant de planter les arbres que de s'assurer qu'ils arrivent à maturité. Chaque enfant qui plante un arbre doit en prendre soin. Je les vois se lier avec les arbres, ça leur apporte beaucoup de confiance.
J'ai besoin de cette joie. Quand je commence mon projet en 2019, j’ai l'impression que mon travail n’est pas reconnu. Parce que je suis une femme, les gens pensent que je ne suis pas assez compétente pour parler des questions liées à la terre. C’est aussi difficile de dire aux personnes qui font les choses d'une certaine manière depuis des générations que leurs pratiques ne sont pas durables. C'est un sacré défi de les faire changer de mentalité.
Tout change en 2020 quand je reçois le titre de Land Hero de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Quelqu'un, quelque part, voit mon travail.
Après le succès de notre premier jardin potager, les membres de la communauté qui, au début, ne croient pas en moi, commencent à venir à mes cours... Les gens ne croient pas aux mots. Ils croient en l'action : vous devez sortir et montrer au monde comment faire. Si vous ne commencez pas le changement vous-même, ils ne changeront pas d'eux-mêmes.
Suis Patricia sur ses réseaux pour découvrir le reste de son action :
Pépinière : Une sorte de nursery pour les plantes (là où les graines sont semées et chouchoutées jusqu'à devenir suffisamment grandes pour être replantées).
Indigène : Dans ce contexte, des plantes originaires de base du milieu où elles sont plantées.