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« J’ai voyagé en Égypte, au Soudan et en Ethiopie à vélo. »

Aujourd’hui : la parole à Nora (@nora.theoutdoorsy sur Insta), qui a entrepris de rallier l’Egypte à l’Afrique du Sud à vélo en 2020… Avant de se retrouver bloquée en Ethiopie à cause de la pandémie de Covid-19. Entre-temps, elle a quand même fait des découvertes incroyables qu’elle te raconte ici.

J’ai commencé à penser à ce voyage en 2016. Pour l’itinéraire, je ne savais pas trop la route que je voulais prendre. Je savais que je voulais pédaler de l’Egypte à l’Afrique du Sud, il y avait de grandes villes que je voulais traverser.

Donc j’avais mon point de départ, des objectifs, mais je savais qu’à tout moment je pouvais changer si on me conseillait d’aller voir un endroit intéressant, ou si je faisais des rencontres intéressantes.

La véritable préparation n’a démarré que 6 mois avant le départ. Je faisais des sorties quasi quotidiennes de 30/40 km, jusqu’à 70 km parfois, sans bagages, et aussi du fitness à la salle, donc pas une grande préparation physique. Par contre j’essayais de me préparer mentalement, c’est hyper important : si le mental est fort, les muscles vont suivre !

C’est pour ça que j’ai beaucoup lu sur les voyages de personnes qui sont parties avant moi. Malheureusement je n’ai pas trouvé beaucoup de voyages de femmes en Afrique, donc j’ai lu surtout des récits d’hommes, alors que les expériences peuvent être différentes. Mais ce n’est pas forcément en mal, les gens que j’ai croisés essayaient tous de faire « le papa », de prendre soin de moi, parce que j’étais une femme sur la route ils pensaient que j’avais besoin d’aide. C’était parfois super et parfois un peu pesant.

Le voyage en lui-même a commencé dans la ville égyptienne de Dahab, sur la mer Rouge, tout début janvier. Je suis allée jusqu’au Caire, puis j’ai emprunté la route agricole qui longe le Nil jusqu'à la dernière ville à la frontière, Assouan.

Là j’ai été un peu surprise, parce qu’au premier check-point au Caire, on m’a dit « il va te falloir une escorte policière, c’est obligatoire » donc j’ai eu une voiture qui me suivait pendant 15 jours jusqu’à Louxor. Ils disaient qu’il fallait m’accompagner parce que les gens dans cette région ne voient jamais de touristes le long de la route agricole, et donc qu’il risquait d’y avoir des histoires. Mais au final le seul risque, c’était les chiens errants !

C’est vrai que quand je suis partie, cette question de la sécurité revenait beaucoup : il y avait vraiment cette image que l’Afrique c’est dangereux ! Je l’ai beaucoup entendu et je ne cache pas que ça me faisait un peu peur.

Bref, après avoir atteint le lac Nasser, je l’ai traversé pour aller à Wadi Halfa, la frontière soudanaise. C’est un pays qui m’a particulièrement marquée : c’est un grand désert quand même, avec une chaleur intense en janvier 2020, donc c’était un peu intimidant.

Et puis je me suis rendue compte dès le premier jour que je ne pouvais pas utiliser ma carte bancaire, alors que je n’avais que l’équivalent de 60€ de livres égyptiennes sur moi en liquide. Il fallait que je me débrouille avec ça.

Mais la générosité des Soudanais·es a fait disparaître les obstacles de mon voyage. J'ai été accueillie chez des gens presque tous les jours et j'ai partagé des repas avec eux. J'ai même fait du camping sauvage sur les routes désertiques menant à la capitale, Khartoum. Je me suis senti en totale sécurité dans ce pays, et les 60 euros que j'ai échangés m'ont permis de le traverser en 25 jours, la gentillesse des Soudanais m'évitant de puiser sans cesse dans mon portefeuille. Je suis toujours en contact avec les personnes merveilleuses que j'ai rencontrées au Soudan.

Après quelques kilomètres, je m'arrêtais au bord de la route pour prendre mon petit-déjeuner, tandis que le déjeuner était souvent pris chez l'habitant. Parfois, lorsque je n'avais pas prévu d'hébergement ou de camping, je me rendais simplement dans un petit restaurant local. Là, je demandais du thé et quelque chose à manger, ce qui ouvrait généralement la porte à une conversation avec les habitants. Ces échanges se terminaient souvent par une invitation à passer la nuit.

De Khartoum, j'ai emprunté la route d’Al Qadarif pour atteindre la frontière de Metema en Éthiopie. Puis j’ai suivi la route qui longe le lac Tana, traversé les villes de Gondar et Bahir Dar, jusqu'à Debre Markos, et je suis enfin arrivée enfin dans la capitale, Addis-Abeba.

Ça ne devait pas être ma dernière étape, mais ça l’est devenue : 2 semaines après être entrée dans ce pays, les États africains ont commencé à fermer leurs frontières. Je me suis retrouvée bloquée à Addis-Abeba, où j’ai passé 6 mois dans un hôtel, en attendant l’ouverture des frontières. Je n’ai pu rentrer chez moi que fin août 2020.

C’est sûr que j’étais furieuse au début, je me suis dit que j’avais pas eu de chance de vouloir me lancer dans cette expérience au moment du Covid. Et puis je me suis dit qu’il fallait s’adapter, être forte mentalement, même si c’était très long. Je suis en train d’écrire un livre sur cette expérience et une fois terminé je vais planifier la continuité de cette aventure.

Tu penses quoi du témoignage de Nora ?

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