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Aujourd’hui : la parole à Matthias, géographe de 31 ans, qui a répondu en juin à notre appel à témoignages « T’as une super anecdotes de "slow voyage" à partager ? ». Il te raconte pourquoi il a décidé de traverser les Alpes à pied, et comment ça a changé sa perception du voyage…
Quand je me lance dans un voyage, ce qui me plaît, c’est de trouver le moyen de locomotion le plus adapté, parce que selon celui que tu choisis, ton expérience peut être totalement différente. L’année dernière, avec ma copine, on a voulu partir sur une traversée des Pyrénées, mais ça nous semblait trop compliqué.
Alors on a préféré opter pour une traversée à pied des Alpes. Le voyage a duré 1 mois.
Ma manière de voyager a un peu changé après un séjour en Nouvelle-Zélande, à la fin de mon master 2.
En rentrant, j’ai réfléchi longtemps à arrêter de prendre l’avion. J'avais une réelle envie de minimiser mon impact sur l’environnement, mais je voulais quand même continuer de voyager. C’est le livre Petit traité sur l’immensité du monde de Sylvain Tesson qui m’a donné envie de voyager différemment. Donc j’ai réfléchi au slow travel.
On a commencé à se préparer 6 mois avant le départ dans les Alpes : on avait prévu de parcourir 600 km pendant la traversée. On est un peu sportif·ves, mais on a dû l’être encore plus pour pas que le manque de préparation soit un facteur limitant et pour éviter les blessures.
On est parti début août. La première semaine, on a bien galéré. En plus, on a commencé le périple par la Haute-Savoie, c’était la partie la moins agréable, car c'était surpeuplé et très touristique. On a été très déçu·es parce qu’on voulait du dépaysement, ça n'a pas répondu à nos attentes, à l'imaginaire qu'on s'était créé.
Heureusement qu’on a tenu, car ensuite on est arrivé·es en Savoie et c’était une vraie partie de plaisir. Là on a pu découvrir les paysages sauvages qu’on rêvait de voir. On a aussi fait de belles rencontres, des gens issus de villes et de milieux différents, qu’on aurait sûrement jamais croisés dans notre quotidien à Lyon.
On a bivouaqué, en quasi-autonomie dans des endroits seuls au monde, c’est ce qu’on cherchait. On a été dans le parc de la Vanoise, où on a vu des paysages qu'on n'imaginait pas en France métropolitaine. Un mélange de roche et de glacier, paradoxalement très aride.
Pour l’eau, on avait des gourdes filtrantes, qu’on a beaucoup utilisées parce qu'on savait que dans les alpages l’eau est polluée.
On a aussi découvert qu’en montagne, il n’y avait pas beaucoup d’eau à cause de la sécheresse. On s’était pas mal renseigné, les médias en parlaient, mais on ne s’attendait pas à ce que ce soit aussi violent. Mais c’est surtout en échangeant avec d’autres randonneur·euses ou en appelant les refuges, qu’on a su qu’il y avait des endroits mieux pour le bivouac et on adaptait notre itinéraire journalier.
Parfois on a dû bifurquer par manque d’eau et on a fait quelques refuges. Notre itinéraire était décidé à l’avance, mais chaque jour, on l'adaptait en fonction des points d'intérêts autour. Des orages nous ont aussi obligés à descendre et à couper le trajet. Il y avait pas mal de lacs dans les Hautes-Alpes.
C’était assez choquant, surtout vu la taille de ces lacs en temps normal. On faisait face à la réalité violente de la sécheresse.
Lorsqu’on approchait de la fin du voyage, on a même décidé de ralentir, parce qu’on était un peu en avance sur notre programme initial. Ça nous a permis de passer 5 jours dans le Mercantour, un parc naturel protégé dans les Alpes du sud.
D’habitude, c’est ultra touristique : mais à cause des orages, il n’y avait personne. On a décidé d’y rester et au final l’orage n’était pas si violent. C’était l’une de nos parties préférées du voyage, on a vu pas mal de chamois, de marmottes, d’aigles, de vautours… Ces animaux ont l’habitude de voir l’Homme, ils ne se sentaient pas en danger, c'était surprenant. C’était plaisant de ne pas effrayer ces animaux, de les voir en paix malgré la présence de randonneur·euses.
Après ça, notre périple a touché à sa fin, on est arrivé à Menton. Je me suis blessé au pied dans les derniers jours, c’était pas évident.
Si on devait le refaire, on partirait sûrement pas sur 4 semaines, car mentalement, c’est un peu usant. 3 semaines, c’est parfait pour ce voyage. Une chose est sûre, c’est que ça nous a marqué et on s’en souviendra !
« J’ai voyagé en Égypte, au Soudan et en Ethiopie à vélo. »
« Ne pas tracer d’itinéraires précis, c’est ça qui fait la beauté du voyage. »
« Ces voyages m'ont fait changer d’orientation pro… et rencontrer l'amour. »
« J’ai marché jusqu’au Maroc pendant 46 jours, pour rendre hommage à mon père. »
« Je me suis senti plus dépaysé dans la Creuse qu’à New York. »
« J’ai quitté mon job pour me lancer dans un tour du monde à pied et en stop. »
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