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« Il y a des gens que j’ai arrêté de voir quand je suis devenue écolo. »

Aujourd'hui : la parole à Laetitia, qui raconte comment son engagement environnemental a changé ses relations avec ses potes et sa famille.

Quand j’ai eu ma prise de conscience écolo, il y a eu un tri qui s’est fait naturellement dans mon entourage dû aux différences de mode de vie.

Si on voulait organiser un week-end entre copines à Rome par exemple, ça devenait tout de suite super galère : impossible pour moi de prendre l'avion, les trains sont beaucoup plus chers et moins pratiques, et je ne voulais pas être la reloue tout le week-end… Le plus simple est vite devenu d’aller plutôt passer quelques jours dans un joli coin en France avec des potes qui ont les mêmes envies.

Il y a des gens que j'ai arrêté de voir.

Je pense à une amie qui avait l’habitude de commander un Starbucks à emporter tous les matins, ce que je ne trouvais pas éthique d’un point de vue écologique (à cause de l’emballage) mais aussi politique, puisqu’on parle d’une entreprise qui pratique l’évasion fiscale. Je ne suis pas pour s’interdire d’aller chez Starbucks, mais quand on parle d’une habitude quotidienne je trouve qu’on peut apprendre à le faire chez soi. Et des commandes H&M ou Zara, plusieurs fois par mois, alors qu’on connaît l’impact écologique et social de la fast-fashion

Ça m’arrive aussi de faire l’autruche. Une de mes meilleures amies prend régulièrement l'avion par exemple. Ça me faisait mal au cœur quand elle me parlait de ses voyages, parce qu’un seul de ses trajets équivaut à plusieurs années de mes micro-arrangements quotidiens pour réduire mon impact sur l'environnement. Alors un jour, je lui ai carrément demandé d’arrêter de m’en parler.

Certaines personnes de mon entourage ont un peu changé d'attitude. Ma mère, par exemple, s’est mise à faire sa lessive elle-même, elle essaye de faire un peu plus attention aux emballages en plastique etc. Pareil pour mon copain, il réfléchit plus à la façon dont il achète les choses, à qui il donne son argent.

Après il y a aussi des personnes qui s’autorisent des contradictions pour leur bonheur personnel. Pendant la Coupe du monde de foot de l’année dernière, une amie qui est pourtant assez écolo m'a dit : « Je peux pas prendre sur moi toutes les décisions politiques de merde, je bosse toute la journée, le soir j'ai envie de kiffer et de regarder le match. »

Quand on regarde les révolutions, c'est toujours des gens qui ont décidé d'aller contre quelque chose qu’il aurait été sûrement beaucoup plus simple d’accepter passivement en se réconfortant par des petits plaisirs simples.

Parfois aussi je me retrouve dans la position de « la moins écolo », par exemple avec ma sœur qui est super engagée.

À un moment, elle s'est focalisée sur l’impact environnemental des flux vidéos, le fait de regarder Netflix etc. Je culpabilisais à chaque fois que je regardais ma petite série le soir dans ma chambre. À ce stade, ma pratique écolo allait juste me couper du monde et me mettre en colère contre tous·tes celles et ceux qui en faisaient moins que moi. Je me suis rendu compte qu’on pouvait se braquer super vite sur ces questions.

C'est pour ça que j'essaie de trouver un bon équilibre avec mes proches, pour ne pas devenir cette meuf qui dit tout le temps « qu’on peut rien faire », mais aussi pour moi, pour m’autoriser à vivre des choses sans penser au désastre écologique.

Je trouve que l’engagement est primordial, ça fait vraiment partie de ma vie aujourd’hui : je ne peux pas consommer, m’alimenter, voyager sans penser au critère écologique. Et je crois intimement au pouvoir de l’individu et au fait que si on changeait chacun·e nos habitudes, les grosses entreprises et les gouvernements seraient obligés de s’aligner.

Parfois je me dis que s’autoriser à kiffer la vie sans que la charge mentale soit omniprésente, c’est aussi une forme de révolte. Et ça permet de garder de l’énergie pour l’action politique.

Comment parler d'écologie sans passer pour un·e relou ?