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« On fait 20 villes d’Europe en 4 mois, rien qu’en bus et en train. »

Aujourd’hui : la parole à Hugo, Léa et Cléa, de CliMates, qui font partie du projet CC-Cord (Climate Change - COmmons and Radical Democracy in Europe). Il et elles font le tour de l’Europe pour s’intéresser aux outils démocratiques permettant aux citoyen.ne.s de se réapproprier le pouvoir politique et lancer des transformations écologiques et sociales à la hauteur de l’urgence 🧐🇪🇺

En avril dernier, on a commencé un « tour » de 4 mois à travers l'Europe pour interviewer des élu·es, des citoyen·nes, des activistes et des chercheur·euses dans une vingtaine de villes. On reste à chaque fois 4-5 jours sur place, avant de partir pour une nouvelle étape.

Dès le départ, on ne voulait pas tomber dans la posture du « tourisme militant ». On ne cherchait pas de prétexte pour voyager. L’objectif est de documenter ce qu’il se passe, de créer du lien, mais aussi de travailler concrètement avec des collectifs engagés localement.

On ne veut surtout pas arriver dans une ville, filmer quelques jours, puis repartir sans creuser. Notre voyage est politique. Grâce à une approche de « recherche militante », on veut apporter quelque chose aux projets sur place et diffuser ensuite plus largement ce qu’on aura pu y découvrir d’ambitieux et d’inspirant ✨

Toute la première moitié du voyage a été faite en train, avec un pass Interrail. C’est intéressant financièrement quand les alternatives en bus sont beaucoup trop longues ! Pour la seconde moitié, on traversera la Serbie, la Croatie, la Hongrie, ou encore l’Espagne en bus.

Dans chaque ville qu’on visite, on fait en sorte d’être hébergé·es.

On squatte chez des militant·es et on a aussi fait du couchsurfing*. Ça nous permet d’échanger avec des gens de tout âge, plus ou moins militant·es, qui ont un autre regard sur la ville, la société. Ces rencontres font entièrement partie du projet et nous permettent de vivre au rythme de la ville pendant ces quelques jours de passage.

Évidemment ça prend du temps de préparer toutes ces étapes, de gérer le budget, réserver les billets,e, de faire des posts pour partager notre expérience sur les réseaux sociaux de CliMates, et d’écrire une newsletter à la fin de chaque ville pour résumer chaque étape…

En tout, sur les 3 derniers mois, on a seulement eu 1 ou 2 journées de libre sans travailler. C’est à la fois fascinant et super fatiguant de changer de ville à chaque fois.

C’est comme si chaque semaine on appuyait sur la touche « reset » et qu’il fallait tout recommencer : lire sur le contexte politique du pays, trouver des contacts, apprendre quelques mots de la langue utilisée etc…

Si on était parti·e seul·e chacun·e, ça n’aurait pas été pareil. Là on peut rire ensemble, partager les richesses des interviews et croiser les regards et les compréhensions. Il y a cette citation qu’on a entendue à Bruxelles et qu’on aime bien : « Si on ne s’amuse plus dans ce qu’on fait, on arrête. »

L’objectif du voyage, c’est aussi de sortir du milieu militant parisien (qu’on trouve assez fermé), sortir aussi de notre vision franco-centrée.

Par exemple, on est passé en Allemagne et en Italie ou en Belgique et à chaque fois, le rapport à la politique est très différent. Là-bas, le pouvoir n’est pas ultra-centralisé et incarné comme en France, ça rend aussi les choses beaucoup plus difficiles à comprendre.

On s’est aussi rendu compte que dans certains pays, les citoyen·nes comme les Suédois·es ou les Danois·es sont bien moins critiques envers leurs institutions publiques par rapport aux Français.e.s (faut dire qu’elles sont beaucoup plus fonctionnelles). En Suède il y a eu 85% de participation aux dernières élections législatives (versus 47,5% en France au 1er tour)...

On a aussi été très marqué·es par notre passage à Budapest, en Hongrie : c’est assez dingue ce qu’il se passe là-bas, l’extrême-droite est au pouvoir depuis 13 ans et elle est tellement implantée que ça ne se voit pas.

Quand tu te balades dans la ville, tu es loin de te douter que c’est une dictature, où les médias et la justice ne sont pas indépendants. C’est une autocratie* qui invisibilise les pauvres et les minorités. À Budapest, il y a une grosse culture underground, assez politisée et très critique du gouvernement en place, et en même temps il y a le tourisme de masse, avec beaucoup de touristes occidentaux qui viennent pour faire la fête, qui rapportent de l’argent et embellissent l’image du régime en place…

2 autres villes nous ont aussi marqué·es : c’est Bari (en Italie) et Bruxelles (en Belgique).

  • Hugo : J’ai beaucoup aimé Bari (on en parle d’ailleurs dans cette newsletter) : c’est une ville assez pauvre (pas immense) du sud de l'Italie. C’est surtout le rapport à la politique là-bas que j’ai trouvé chouette. Il y a des initiatives politiques très concrètes, par exemple pour l’insertion de migrant·e.s, des jardins partagés, mais sans que les gens ne se prennent trop aux serieux, ils et elles gardent un mode de vie très simple, se retrouvent pour écouter de la musique et boire des coups 🍻
  • Léa : Moi c’est la ville de Bruxelles, surtout le travail de l’asso Communa (on en parle dans cette autre newsletter) qui occupe temporairement certains lieux, en accord avec la municipalité le plus souvent, et dans un but social : loger des migrant·es, des mères célibataires, fournir des locaux à d’autres assos… C’est pas du squat qui pour faire du squat. Cette occupation est un moyen d'influencer l'usage final du bâtiment appartenant à la municipalité (ou à un privé, mais c’est plus rare). Alors qu’ils et elles n’étaient qu’un groupe de cinq ami·es à la base, aujourd’hui Communa c’est 40 salarié·es qui s'occupent d’une dizaine de lieux accueillant des centaines d’associations et offrant un toit à plus de 400 personnes.

PS : L’an prochain on aimerait bien que le projet continue avec une nouvelle équipe. Donc si tu es intéressé·e par les questions de démocratie et d’écologie et que tu as quelques mois de dispo pour un tour d’Europe l’an prochain, n'hésite pas à nous contacter !

Tu penses quoi du témoignage de Léa, Cléa et Hugo ?

Couchsurfing : Le fait d’être hébergé·e gratuitement par une ou des personnes pendant un ou plusieurs jours.

Autocratie : Système politique où le pouvoir est détenu par une seule personne, qui exerce ce pouvoir de manière absolue.

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