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Comment (et pourquoi) lutter contre le surtourisme ?

QUIZ
Le pays le plus visité du monde, c’est…

Déjà, le surtourisme, c’est quoi ?

Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), le surtourisme (ou overtourism in english) désigne un phénomène de saturation des sites touristiques par un nombre croissant de visiteur·ices.

En gros, il y a trop de gens qui partent en vacances aux mêmes endroits et ça pose problème 🤔

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Dans le monde, 95% des touristes se concentrent sur…

À cette définition, Robert Bellini (responsable du pôle adaptation au changement climatique à l’ADEME) ajoute une dimension écologique :

« Le surtourisme implique aussi des impacts négatifs sur l’environnement en général : quand la nature n’est plus capable d’auto-réguler l’impact des activités touristiques humaines, avec de nombreuses conséquences comme la disparition d’espèces vivantes, une dégradation des sols, etc. »

Quels sont les impacts du surtourisme sur l’environnement ?

Parce que oui, on entend beaucoup parler de l’impact du surtourisme sur le patrimoine culturel (certains sites historiques se dégradent plus vite car trop fréquentés) ou la qualité de vie locale (hausse du prix de l’immobilier, gentrification* des villes, etc), mais c’est surtout sur l’environnement que le tourisme de masse a des effets pas ouf.

Par exemple via :

  • La surconsommation des ressources naturelles : Le tourisme augmente les besoins en énergie, en nourriture et en eau dans des zones bien définies. Et parfois ces dernières n’en ont déjà pas beaucoup à dispo.
  • La création de déchets plastique supplémentaires : 52% des détritus jetés en mer Méditerranée seraient liés au tourisme balnéaire selon un rapport du WWF 🤯
  • La pollution de l’eau et des sols qui nuit à la biodiversité : Des substances chimiques comme celles contenues dans les crèmes solaires sont rejetées dans les eaux usées + certains endroits où seulement quelques centaines d’habitant·es vivent à l’année doivent faire face à des milliers de touristes sur une courte période d’été et une grande partie de leurs équipements ne sont pas adaptés.
  • La destruction des écosystèmes et la disparition de certaines espèces : La bétonisation des côtes, la déforestation et parfois même la surprésence de touristes peut suffire → par exemple, la célèbre plage de Maya Bay en Thaïlande (où Danny Boyle a tourné le film La Plage) a été fermée aux touristes pendant 3 ans pour permettre aux récifs coralliens de se reformer et empêcher l’érosion de la baie.
  • La pollution de l’air : Le tourisme serait à l’origine de 8% des émissions de gaz à effet de serre mondiales (qui elles-même sont responsables du changement climatique, tmtc). Cette pollution vient de tout ce qui est consommé par les touristes sur place (nourriture, hébergement, shopping), mais surtout par les transports. Pour te donner une petite idée, des projections scientifiques prévoient qu’en 2025 le tourisme mondial générera entre 5 et 6,5 milliards de tonnes de CO2 par an (aka 3x les émissions annuelles de la Chine, plus gros pollueur sur Terre) 😬

Effets directs, indirects et induits du surtourisme : c’est quoi la différence ?

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Vrai ou faux : les problèmes liés au surtourisme ne concernent que les lieux où les gens vont en vacances ?
  • Les effets directs : Ce sont tout simplement tous les types de pollution que le surtourisme engendre sur un lieu de vacances, dans une zone et une période bien définies.
  • Les effets induits : Ils concernent également le lieu de vacances qui subit le surtourisme, mais avec un ressenti différent. Par exemple : l’augmentation de l’immobilier, la multiplication de logements Airbnb et la gentrification vont pousser les populations locales à vivre plus loin, en périphérie des villes → la plupart d’entre elles doivent prendre leur voiture pour aller au travail → ça augmente les émissions de CO2 dans l’atmosphère #CQFD
  • Les effets indirects : Ils ne concernent pas forcément les lieux en proie au surtourisme. Par exemple, les week-ends de grand départ en vacances, les embouteillages vont générer des pics de pollution importants et dégrader la qualité de l’air dans plusieurs villes de France.

Limiter le surtourisme en France : y a des solutions ?

Promouvoir un tourisme plus vertueux

  • De plus en plus d’initiatives sont mises en place pour proposer un tourisme « alternatif ». Incitation au covoiturage, bon plans pour voyager en train, séjours bas-carbone… les offres ne manquent pas ! Après il faut faire gaffe au greenwashing mais pour Robert Bellini, « ces offres sont importantes car elles permettent de créer un nouvel imaginaire collectif autour du tourisme. On montre aux gens que se déplacer de manière éco-responsable et voyager différemment c’est possible ».

Mieux réguler le tourisme

Le 18 juin 2023, le gouvernement français a dévoilé un plan afin de mieux réguler les flux touristiques et accompagner les collectivités locales qui connaissent des pics de fréquentation. En gros, il prévoit :

  • D’encourager un tourisme mieux réparti dans le temps et sur le territoire
  • De promouvoir des destinations moins connues et d’alerter sur les risques de surfréquentation d’un lieu
  • De créer un observatoire national des sites touristiques majeurs afin de mesurer les flux touristiques et leurs impacts

Pouvoir donner plus de moyens aux collectivités pour mieux gérer les flux de touristes et créer une stratégie compatible avec le futur climatique qui nous attend, ça serait pas mal ! « Pour ça, il faut actionner 3 leviers en même temps » explique Robert Bellini :

  • Le territoire : pour son rôle de gestion des flux et de préservation du patrimoine territorial
  • La population : pour repenser le tourisme au XXIe siècle et modifier l’imaginaire collectif
  • Les professionnel·les du secteur du tourisme : pour proposer des offres plus éco-responsables, des circuits alternatifs et densifier le tourisme en le répartissant mieux sur l’année

Si malgré tout, le surtourisme continue, des quotas de visiteurs, la création de taxes ou l'interdiction totale/partielle d’accès à des sites pourraient être mises en place (c’est déjà le cas par exemple pour certaines calanques marseillaises, accessibles uniquement sur réservation pendant les mois d’été) 😳

Gentrification : Processus par lequel la population d'un quartier populaire se fait progressivement remplacer par une couche sociale plus aisée.

Interview de Robert Bellini, responsable du pôle adaptation au changement climatique à l’ADEME et de Sixtine Fischer, chargée de mission tourisme à l’ADEME
ADEME - Tourisme durable : 20 mesures pour une transition de la 1ère destination touristique mondiale
ADEME - Les tutos de l’Ademe, vive les vacances !
Nature Climate Change - The carbon footprint of global tourism
Vie Publique - Le surtourisme : quel impact sur les villes et sur l'environnement ?
Le Monde - Le surtourisme, un défi pour la France
WWF - La mer Méditerranée : une richesse unique en déclin rapide

Nicolas Quénard
The Lizard King

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