C'est quoi ce sommet pour un nouveau pacte financier mondial ?

C’est quoi le but du sommet ?

C’est un gros événement pour réfléchir à une « transition écologique juste et solidaire », selon les mots d’une tribune signée par 13 chef·fes d'État et responsables politiques, dont le président français Emmanuel Macron et le président américain Joe Biden.

En gros : plein de dirigeant·es sont venus à Paris pour discuter de solutions de financement pour concilier la lutte contre la pauvreté et le réchauffement climatique dans les pays du Sud.

C’est Emmanuel Macron qui a eu l’idée d’organiser cet événement après la COP27 → l'objectif c’est aussi de commencer une réforme des institutions financières, qui datent de la Seconde Guerre mondiale 👵

C’est hyper important, car les pays du Sud sont à la fois les moins responsables du changement climatique, et les premières victimes des impacts du réchauffement. Ils subissent beaucoup de crises en même temps : alimentaire, sanitaire, sociale et ils croulent sous la dette.

En bref, voilà 4 principaux points qui ont été abordés pendant le sommet :

• La mise en place d’une enveloppe de 100 milliards de dollars (environ 91 milliards d'euros) par les pays du G20 pour les pays pauvres. Cet argent doit être reversé au fonds pour la résilience et la durabilité. C’est un engagement pris en 2021, mais des détails juridiques bloquaient l'opération. Du coup, le but de ces réus, c’est de lever des fonds pour atteindre vraiment ce montant de 100 milliards.
• Les dirigeant.es présent.es vont travailler à comment inciter le secteur privé à investir dans le financement de la solidarité internationale pour une transition juste.
• Pour attirer les investisseur·euses dans les pays en développement, La Barbade (un micro-État dans les Caraïbes) propose par exemple de mettre en place une agence de garantie, qui pourrait couvrir les risques financiers pris par les investisseur·euses privé·es dans les marchés émergents 💰
• Une taxe sur le transport maritime pour compenser les dégâts irréparables déjà subis par les pays émergents à cause de de la crise climatique → ça pourrait être une taxe universelle obligatoire sur les émissions de gaz à effet de serre issues du transport maritime international.
• Une réduction de dette des pays du Sud en échange de leur engagement à sauvegarder la nature. Pendant les 10 dernières années, l'endettement des pays en développement a plus que doublé → en 2021 il a atteint 9 000 milliards de dollars (8 217 milliards d'euros) 🤯 Cette dette empêche les pays les plus vulnérables de financer l'atténuation et l'adaptation face au changement climatique.

Qui a participé à ce sommet ?

Plus de 100 chef·fes d'État, décideur·euses politiques, organisations internationales et civiles étaient invité·es. La Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, dont l’île est menacée par la montée des eaux, et le président du Brésil Lula étaient là pour représenter les pays du Sud, avec une quinzaine de dirigeant·es africain·es 🌍

En marge du sommet, plusieurs figures de l'activisme environnemental étaient là pour protester et participer à des conférences publiques : Greta Thunberg, Vanessa Nakate, ou Helena Gualinga.

Est-ce que c’est du greenwashing ?

Plusieurs ONG pensent que oui.

• Attac a qualifié l'événement de « sommet du greenwashing » : pour elle, c’est « une opération de communication et un sommet illégitime ».
• L’ONG Oxfam explique que « peu de nouveaux financements sont attendus ». Cécile Duflot, directrice générale d'Oxfam France, regrettait que « ce sommet ait échoué à apporter une réponse à la hauteur des besoins colossaux des pays du Sud pour faire face au changement climatique et fournir à leurs populations des services essentiels comme la santé ».
• Dans un communiqué, Pierre Terras, responsable des campagnes climat et énergie de Greenpeace France, dit que « ce sommet ne doit pas être un énième exercice de greenwashing pour le Président Macron ». Il ajoute : « À défaut de mettre en place une transition écologique juste et ambitieuse au niveau national, il a aujourd’hui l’obligation morale de s’engager sur une taxation des industries fossiles, qui doivent participer à la solidarité internationale. »

Que faut-il retenir de ce sommet pour un nouveau pacte financier mondial ?

• Suspension des paiements de la dette quand les pays sont frappés par des catastrophes naturelles → la Banque mondiale a ajouté des clauses où elle précise qu’elle « accorderait une pause dans le remboursement de la dette des pays les plus vulnérables en temps de crise ou de catastrophe ».
• La restauration de la dette en Zambie → Les pays qui ont prêté de l’argent à cet État d'Afrique australe (notamment la Chine) ont accepté de restructurer 6,3 milliards de dollars de la dette zambienne (ça veut dire que les conditions de remboursement vont devenir plus simples) . La Zambie avait fait défaut sur sa dette en 2020, à cause du Covid.
• Des pays riches vont aider le Sénégal à réduire sa dépendance aux énergies fossiles. « On va permettre au Sénégal de développer ses projets gaziers » et un accroissement du renouvelable, a affirmé Emmanuel Macron sur franceinfo pendant le sommet, en estimant que le gaz est « une énergie de transition » (et ça fait débat 😑).
• La taxe mondiale sur le transport maritime, qui pourrait rapporter des dizaines de milliards de dollars par an en financement climatique, a largement été adoptée.
• Réallocation aux pays pauvres de 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux* (DTS) : l’objectif a été atteint.