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Le ski : menace pour l’environnement et menacé par le changement climatique ?

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En France, le tourisme représente environ…

Pourquoi les sports d’hiver sont une menace pour l’environnement ?

Se rendre en station, ça pollue à fond

Le vrai problème c’est tout ce qu’il y autour du ski ! Et surtout les transports (voiture, avion, bus, etc) que tu vas prendre pour arriver en bas des pistes. Selon l’ADEME, les transports sont la première cause de pollution lié aux sports d’hiver → de 52% à 57 % des émissions de CO2 d’une station.

Évidemment il y a la voiture (qui est très polluante) mais aussi l’avion ! « Chaque année, un demi-million de touristes étrangers (la quasi totalité venant des Pays-Bas et de Grande-Bretagne) atterrissent dans les petits aérodromes de Grenoble et Chambéry pour aller skier dans les Alpes » selon Lucas Benard-Chenu (post-doctorant à l’INRAE et au CEN de Météo-France). Ça en fait des émissions de CO2 pour dévaler les pistes !

Plus précisément :

  • Un·e Londonien·ne qui va skier à La Clusaz en Haute-Savoie émet l’équivalent de 61,7 kg de CO2 s’il/elle prend l’avion et le taxi → ça pourrait être 5 kg CO2 s’il/elle avait opté pour le train et le bus.
  • Un·e Annécien·ne qui habite juste à côté va émettre 22,1 kg de CO2 s’il/elle se rend en station seul·e dans sa voiture → seulement 5,5 kg CO2 s’ils/elles sont 3 dans la tut-tut.

Les activités touristiques en montagne, c’est énergivore

Dans les faits, dévaler les pentes tout schuss n’est pas ce qui pollue le plus pendant tes vacs à la montagne.

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Le domaine skiable (dameuses, télésièges…) ne représente que :

Il y a aussi toutes les autres activités que tu peux pratiquer, de type spa, centre aquatique ou patinoire par exemple, qui nécessitent des infrastructures assez lourdes, contribuent à l’artificialisation des terres, consomment beaucoup d’énergie et à la fin sont responsables d’environ 17% des émissions de gaz à effet de serre d’un·e skieur·euse moyen·ne, dans une station comme celle de Tignes, La Clusaz ou le Grand Bornand.

Plus y a de touristes, plus on consomme d’énergie et d’eau

Eh oui il faut aussi prévoir où dormir, sauf que les logements en stations de montagne se sont beaucoup construits dans les années 60/70 avec des normes d’isolation assez basses. Le fait que ce soit des logements touristiques n’a pas favorisé leur rénovation.

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Aujourd’hui combien d’entre eux seraient des passoires énergétiques ?

Entre ça et la consommation d’énergie nécessaire à tout un tas d’autres activités qu’on vient de citer, la moyenne de consommation électrique est de 10 mWh / habitant·e dans les communes où sont établies des stations. C’est 2 fois la moyenne nationale !

Quant aux prélèvements d’eau, c’est 1,7 fois la moyenne nationale, ce qui est pas rien non plus. Et puisqu’on parle d’eau…

Pour faire de la neige artificielle, il faut de l’eau

Et pas qu’un peu ! Par exemple : en plus de l’électricité nécessaire pour faire marcher les canons à neige (la facture d’électricité de la station de Tignes a augmenté de 30% entre 2007 et 2015 selon le WWF), il faudrait environ 95 millions de m3 d’eau par an pour produire la neige artificielle des stations d’Allemagne, d’Autriche, de Suisse, de Slovénie et de France.

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Si t’as du mal à visualiser ce que ça représente, c’est…

Bon, aujourd’hui il est un peu difficile de dire quels seront les impacts à long terme de cette large production de fausse neige :

  • Certains disent que c’est du gaspillage.
  • D’autres que ça consomme peu et qu’une fois que la glace fond, elle est restituée dans la nature.

Ce qui est sûr, c’est qu’avec le réchauffement climatique, les épisodes de sécheresse seront de plus en plus fréquents. Donc idéalement gardons un peu de flotte en réserve, on sait jamais !

Construire des stations de ski, ça dénature les écosystèmes…

Même si en soit, les infrastructures de remontées mécaniques n’occupent pas tant de place au sol (la superficie des domaines skiables, c’est environ 3% des massifs français selon Lucas Berard-Chenu), les pistes sont très travaillées par les exploitant·es pour faciliter le passage des skieur·euses, l’enneigement, etc : « Ça se traduit par de l'épierrage, du nivellement des pistes, du ré-engazonnement, du déboisement… »

D’ailleurs, la piste créée pour les mondiaux de ski qui se déroulent à Courchevel-Méribel en ce moment-même a nécessité d’importants travaux pour correspondre aux critères de la Fédération Internationale de Ski.

…Et ça perturbe la biodiversité aux alentours

Pas besoin de te faire un dessin pour t’expliquer que plus il y a d'infrastructures humaines destinées aux sports d’hiver → moins ça en fait pour l’habitat des animaux qui vivent aux alentours.

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Combien de stations de ski sont construites sur des aires protégées ?

En revanche, il y a sûrement un truc que tu ne savais pas : le « stress » que tout ça génère chez les espèces végétales qui poussent en montagne 🌱💦

On l’a vu, trop de sports d’hiver = accélération du réchauffement climatique et augmentation des températures. Du coup, les sols sont enneigés moins longtemps, donc moins bien isolés, et forcément ils se réchauffent.

Ce petit coup de chaud peut aller jusqu’à modifier l’aire de répartition de certaines plantes qui ont besoin de températures précises pour survivre. Et face à tout ça, la biodiversité n’aura pas d’autres choix que de s’adapter, migrer ou disparaître… #pascoolenvrai

Pourquoi les sports d’hiver sont eux aussi menacés par le changement climatique ?

Le truc c'est qu'en plus, avec le ski, on est sur un beau cercle vicieux : parce que le fait qu'il participe à la dégradation de l'environnement et notamment au changement climatique, n'empêche que l'activité soit elle-même menacée par la hausse de températures dans le monde.

De moins en moins de neige

Le changement climatique conduit les températures à se réchauffer et donc :

  • Ce qu’on appelle la limite pluie/neige remonte en altitude : il tombe toujours autant d’eau, mais plus de pluie et moins de neige
  • Et la neige qui tombe encore fond plus vite
  • A la fin, il y a donc moins de neige.
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Au Col de Porte, à 1325 m d’altitude, l’épaisseur de la neige...

Mais ce n'est pas seulement l’épaisseur du manteau neigeux qui est en question, c’est aussi la durée de l’enneigement : chaque degré de réchauffement climatique supplémentaire conduirait à la perte d’un mois d’enneigement en moyenne !

Et si tu te dis « oui mais il y a la neige artificielle » ✋ Sache que les conditions (de froid en particulier) nécessaires pour faire de la neige artificielle deviennent aussi de plus en plus rares. Une équipe de scientifiques a étudié 175 stations de ski des Pyrénées et des Alpes et a conclu que d’ici 2030-2050, la quasi-totalité des stations de ski dans les Pyrénées + une grosse partie de celles à basse altitude dans les Alpes ne seraient plus vraiment rentables même avec de la neige artificielle. Si jamais les pires prédictions de réchauffement climatique se produisaient, même dans les Alpes, seules 24 stations pourraient continuer d’être à peu près rentables d’ici la fin du siècle 🥲

D’ailleurs, certaines stations se préparent, comme celle de Métabief dans le Jura → c’est la première à avoir d’ores et déjà prévu sa fermeture et sa « transition climatique » vers un autre modèle.

D’autres risques pour les activités en montagne

Le rapport de WWF qui se concentre sur l’impact du changement climatique sur la pratique du sport liste plusieurs autres risques qui vont augmenter.

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Parmi eux :

Une des raisons principales à ces différents types de dangers (et notamment concernant les glissements de terrain et la déstabilisation de parois rocheuses) c’est la hausse des températures. En gros, surtout dans les Alpes, à haute altitude, où la température ne dépasse pas -1°C à 0°C à longueur d’année, le sol est normalement gelé (c’est ce qu’on appelle le pergélisol). Et le fait qu’il soit gelé maintient entre elles différentes couches de glaces, de roches, etc.

Le fait que les températures augmentent entraîne un dégel de ce sol : « Ça peut déstabiliser des parois rocheuses, des infrastructures ou même des remontées mécaniques » explique Lucas Berard-Chenu.

Interview de Lucas Berard-Chenu, Post-doctorant à l’INRAE et au CEN de Météo-France
WWF - L’impact du dérèglement climatique sur le sport
Météo France - Le col de Porte, témoin du changement climatique en Montagne
Observatoire des domaines skiables de France - Recueil et indicateurs 2022
The cryosphere - Winter tourism under climate change in the Pyrenees and the French Alps: relevance of snowmaking as a technical adaptation
La relève et la peste - Une station de ski anticipe sa fermeture à cause du changement climatique
notre-environnement.gouv.fr - Atlas environnemental des stations de ski et des communes supports de stations
notre-environnement.gouv.fr - L’eau dans les stations de ski : une ressource sous pression
notre-environnement.gouv.fr - Y aura-t-il encore de la neige pour skier en 2050
Les Echos - Passoires thermiques : le cas explosif des stations de ski
Le Temps - Quand la montagne s’effondre

Esther Meunier
À la recherche de bonnes nouvelles
Nicolas Quénard
The Lizard King

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