C'est quoi le scandale avec les algues vertes ?

En 2019, la journaliste Inès Léraud co-publie la bande dessinée Algues vertes, l’histoire interdite dans laquelle elle raconte plusieurs années d’enquête sur la pollution aux algues vertes qui touche les plages de Bretagne… ainsi que la pression qu’elle a subi de la part de personnes qui, clairement, ne voulait pas que des recherches soient faites sur le sujet 🕵️‍♀️

La BD est adaptée au cinéma avec le film Les Algues vertes, réalisé par Pierre Jolivet, qui sort ce mercredi 12 juillet en salles.

Pour celles et ceux qui n'ont pas suivi cette histoire : C’est quoi ce scandale exactement ? Pourquoi les algues vertes sont-elles dangereuses ? Que fait l’État pour lutter contre ce problème ?

C’est quoi les algues vertes ?

De son nom scientifique ulva armoricana, l’algue verte est un végétal aquatique. Au fil des années, des zones de bord de mer (particulièrement en Bretagne et en Normandie) ont vu apparaître des quantités astronomiques de ces algues sur leurs plages → au point d'appeler ça des marées vertes.

Si on peut surtout en voir en Bretagne, ça s’explique par 3 raisons :

• La mer est peu profonde et claire, ce qui permet une photosynthèse* efficace des algues → elles se développent très vite.
• Le faible courant ne permet pas de disperser les algues au large, elles « stagnent » sur les plages.
• Les eaux bretonnes contiennent beaucoup de nutriments* que les algues adorent, comme l’azote et le phosphore.

Ces nutriments ne sortent pas de nulle part ! Ils viennent à 94% de l’agriculture et de l’élevage intensif, très présents dans la région. On les retrouvent dans les engrais utilisés pour fertiliser les cultures et dans les déjections animales (💩) qui finissent dans la mer.

Aujourd’hui, 1/4 du littoral de la Manche et la mer du Nord est touché par ce problème de développement incontrôlable des algues.

La prolifération des algues vertes a suivi le développement de l’agro-industrie*. Par exemple, dans les années 60, le taux moyen de nitrate dans les eaux bretonnes ne dépassait pas les 5 mg/litre → aujourd’hui, il serait d’environ 33 mg/litre.

Ces algues vertes sont dangereuses ?

En plus de puer l'œuf pourri et de provoquer une asphyxie de la faune et de la flore aquatiques (leur décomposition entraîne un appauvrissement en oxygène et l'émission de gaz toxiques 😷), les algues vertes sont dangereuses pour les êtres humains.

Depuis quelques années, plusieurs décès suspects ont été recensés sur les plages de France :

• Le 22 juillet 2009, Thierry Morfoisse, 48 ans, est retrouvé mort au pied de son camion de ramassage d’algues alors qu’il effectuait sa troisième collecte de la journée. Le lien entre les algues vertes et sa mort n’a été reconnu qu’en 2018.
• Une semaine plus tard, le 28 juillet, un cheval est retrouvé mort dans des algues putréfiées et son cavalier restera plusieurs jours dans le coma.
• En 2013, en Côtes-d’Armor, 36 sangliers ont été retrouvés morts à la suite d’une intoxication. Mais les autorités n’ont pas reconnu de lien direct entre la présence d’algues vertes et la mort simultanée des animaux.

Et que fait l’État pour lutter contre ce phénomène ?

C’est un peu le problème…

Malgré un premier plan de lutte contre les algues vertes en 2010 qui avait pour but de faire baisser le taux de nitrate dans l’eau (avec un budget de 177 millions d’euros entre 2010-2015 puis 55 millions d’euros entre 2017-2021), « les avancées restent assez modérées car elles dépendent de la bonne volonté des agriculteurs » selon Greenpeace. « Il n’y a pas de contrainte. »

Pour les associations locales, c’est le modèle agricole qu’il faudrait changer en stoppant l’agrandissement des fermes-usines dans la région. Mais là encore, le gouvernement français n’a pour le moment fait aucune déclaration en ce qui concerne la transition écologique dans le domaine de l’élevage industriel en Bretagne.