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Comment répondre à un climatosceptique

« Le réchauffement climatique existe et est d’origine humaine. »

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Quelle part des Français·es remettent en cause cette affirmation ?
  • 3%
  • 43%
  • 83%

Y a de grandes chances que ce soit le cas pour des proches, ta famille, tes ami·es, tes collègues… Pourtant, on le rappelle, le changement climatique est un fait, pas une opinion. Si t’as envie de te lancer dans la discussion (💪), mais que tu ne sais pas trop quoi répondre, cet article est pour toi !

Voilà une liste des contre-arguments les plus courants, avec un petit topo de la réponse idéale pour chacun d’eux 💬

« Le changement climatique, ça n’existe pas, la preuve : il a fait super froid hier / il a neigé la semaine dernière ? »

C’est une remarque tellement courante qu’on y a carrément consacré un article.

👉 Elle vient de la confusion entre deux choses très différentes : la météo et le climat.

  • La météo s’intéresse au temps qu’il fera à court terme (aujourd’hui, demain, la semaine prochaine…).
  • Le climat s’étudie sur des périodes très longues : des décennies, des siècles, voire des millénaires.

Bref : ça ne sert à rien de les opposer, car ils recoupent deux réalités différentes. Tu peux très bien, sur un mois globalement plus chaud que la moyenne, vivre un jour ou deux un peu frisquets. Ça n’annule en rien un processus global et de long terme comme le réchauffement climatique.

« La Terre s’est déjà réchauffée dans le passé, c’est normal, pas la peine de paniquer. »

À la base, c’est pas faux ! Le climat sur Terre fonctionne par cycle, avec des périodes de réchauffement et des périodes de refroidissement.

👉 Le problème avec le changement climatique actuel, contrairement aux précédents, c’est qu’il se produit beaucoup trop vite.

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Depuis la fin du XIXe siècle, la planète s’est déjà réchauffée de :
  • Environ 0,5°C
  • Environ 1°C
  • Environ 2°C

« Le changement climatique est provoqué par le soleil. »

Cet argument climatosceptique s’appuie sur un fait scientifique : une variation de l’activité du soleil (il brillerait plus, en gros) expliquerait le réchauffement en cours de la planète.

👉 L’intensité du rayonnement du soleil augmente en effet depuis le milieu du XVIIIe siècle, mais pas suffisamment pour être à l’origine d’un changement du climat sur Terre.

Variante : « le réchauffement climatique est provoqué par un changement dans l’axe de rotation de la Terre », ou la théorie de Milankovitch. Elle explique des variations du climat étalées sur de très longues périodes par une modification du chemin que parcourt la Terre en tournant autour du soleil.

👉 C’est pertinent pour analyser un réchauffement de la planète sur des dizaines/centaines de milliers d’années, mais pas un réchauffement qui se produit en 150 ans…

👉 Dans les deux cas, la National Aeronautics and Space Administration (NASA) est très claire : « (...) le réchauffement que l’on a constaté au cours des dernières décennies est trop rapide pour être lié aux changements de l’orbite terrestre, et trop important pour être causé par l’activité solaire. »

« Tous les scientifiques ne sont pas d’accord. »

👉 99,9% des études scientifiques reconnaissent une responsabilité humaine dans le réchauffement actuel du climat → pas rien, non ?

« Un ou deux degrés en plus, c’est pas très grave, on va s’adapter ! »

C’est peut-être un détail pour toi, mais pour la planète ça veut dire beaucoup.

👉 Un changement de la température globale, même minime, a énormément de conséquences sur le climat. Il sera plus chaud, plus sec, avec plus d’événements extrêmes. Et, en cascade, plein de conséquences sur le monde vivant (que le GIEC a détaillé dans un de ses derniers rapports).

Par exemple : un réchauffement de « seulement » +1,5°C pourrait causer la disparition de 3% à 14% de la biodiversité terrestre mondiale. Et le réchauffement de +1,1°C qu’on est déjà en train de vivre a déjà eu des conséquences très concrètes → le nombre de catastrophes naturelles a été multiplié par 5 ces 50 dernières années.

« Le GIEC est financé/manipulé par les politiques. »

Si t’as besoin d’un rappel sur ce qu’est le GIEC et comment il fonctionne, rdv ici.

👉 En fait, « le GIEC », c’est personne. En tout cas, pas un groupe défini de personnes qui tirerait ses conclusions dans son coin. Ses fameux rapports sont écrits par des dizaines d’expert·es nommé·es par les gouvernements, mais aussi des observateur·ices externes et le Bureau du GIEC. Ils et elles ne produisent pas de connaissances à proprement parler mais font une synthèse des connaissances existantes sur le climat. Et quand les faits sont présentés et discutés avec les politiques, les scientifiques ont toujours le dernier mot.

Comment parler écologie sans ruiner une réunion de famille ?

En plein débat avec un·e climatosceptique ? Voilà des tips concrets de scientifiques de Météo-France qui ont l’habitude de rencontrer ce genre de questions/remarques (promis, on te prépare un prochain article qui regroupe vraiment tous les conseils sur le sujet).

  • Bien rappeler les termes du débat : qu’entend ton interlocuteur par « climat » ? « avant » ? « effet de serre » ? Peut-être pas la même chose que toi !
  • Essaie de comprendre quel est le profil de la personne en face de toi : selon son âge/son métier par exemple, ton discours ne sera pas forcément le même.
  • Fais court.
  • Garde ton calme (même si pas toujours facile).

Météo-France - Quelles sont les fake news les plus répandues sur le climat ?
Organisation météorologique mondiale - Weather-related disasters increase over past 50 years, causing more damage but fewer deaths
Environmental Research Letters - Greater than 99% consensus on human caused climate change in the peer-reviewed scientific literature
OECD - Fighting climate change: International attitudes toward climate policies
Planet Terre - Cycles de Milankovitch et variations climatiques

Pauline Vallée
Voisine de Totoro