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Pourquoi acheter d’occasion c’est pas forcément écolo
Pauline Vallée
🤝 En partenariat avec l’ADEME et We Dress Fair
Pauline Vallée
🤝 En partenariat avec l’ADEME et We Dress Fair
Acheter d’occasion, sur le papier, c’est meilleur pour la planète → au lieu d’acheter un produit neuf, qui a utilisé de nouvelles ressources pour être fabriqué et qui a pollué pendant sa fabrication, tu offres une 2e vie à un produit qui existe déjà. Mais mais mais… c’est pas non plus si simple.
« La seconde main est censée limiter la consommation de neuf » explique Marie Nguyen, co-fondatrice de We Dress Fair. Dans la mode par exemple, avec plus de seconde-main en circulation, logiquement, le nombre de vêtements neufs produits est censé diminuer. « Mais ce n’est pas ce qu’on voit sur les chiffres : au lieu de se substituer, les deux marchés se sont additionnés. »
Autrement dit : des personnes qui achètent des produits d’occasion profitent des avantages de ce mode d’achat (moins cher, alibi écolo…) pour se faire plaisir et acheter autant, voire plus, que ce qu’elles faisaient avant. La seconde main devient un moyen de consommer davantage… et n’est plus un geste écolo.
Ce cas de figure concerne pas mal de monde → selon une étude de l’ADEME publiée en février dernier, 45% des personnes interrogées rentraient dans la catégorie de ceux qui achètent beaucoup, du neuf comme de l’occasion.
→ Pour 90% d’entre eux, la seconde-main est même un moyen d’acheter plus de choses pour moins cher. Et comme ça paraît éthique, ben on a tendance à ne pas trop se poser de questions 🤷
Un mécanisme qui va accentuer cette tendance à (sur)consommer d’occasion : la « rareté » des produits. En gros, contrairement aux boutiques classiques où un produit neuf est dispo en plusieurs exemplaires, dans le cas de la seconde-main en général une personne va mettre en ligne un seul produit.
« Quand t’as un produit pas cher, de marque, et qu’il n’en reste plus qu’un en stock, tu as encore plus envie d’acheter, résume Marie Nguyen. Les sites jouent là-dessus justement et te poussent à acheter vite par peur de louper la bonne occasion. »
Toujours selon l’étude de l’ADEME, l’achat d’occasion a aussi profité du boom de l’achat sur Internet (qui s’est bien développé avec la pandémie de Covid-19). Acheter sur Vinted plutôt qu’en friperie, ça fait une diff : l’achat est plus « confortable » (tu es livré·e etc) et comme tout se passe en dématérialisé on se rend moins compte des sommes qu’on dépense.
Et quand tu vends un vêtement via l’appli, l’argent atterrit d’abord dans ta cagnotte (Vinted est loin d’être le seul à faire ça hein) → tu peux être tenté·e de l’utiliser pour acheter directement de nouveaux vêtements plutôt que transformer la somme vers ton compte en banque… D’après un article de Elle, plus de 70% de l’argent des ventes sur Vinted est réinvesti dans un nouvel achat sur le site.
Dernier truc assez important à avoir en tête : comme c’est devenu plus simple d’acheter et vendre d’occasion grâce aux sites de vente en ligne, tu peux facilement acheter un produit neuf en te disant « au pire, si ça ne me plaît pas finalement/si ça ne me va pas, je le revendrai ». Bref, l’achat d’occasion va déculpabiliser tes autres achats.
Interview de Florence Clément de l’ADEME
Interview de Marie Nguyen, co-fondatrice de We Dress Fair
ADEME - Achats d’occasion : surconsommation ou sobriété ?
Elle - Vinted, nouvelle fast fashion ?
Vogue - The trouble with secondhand: It’s becoming like fast fashion
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