Planification écologique : que prévoit le gouvernement côté environnement ?

Après plusieurs reports, le président de la république Emmanuel Macron a présenté le 25 septembre les grandes lignes de la « planification écologique » en France ✨

En gros, ça va être la stratégie du pays pour diminuer notre impact environnemental de manière cohérente et réussir à réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France de 55% d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990.

C’est Elisabeth Borne, la Première ministre qui, avec l’aide de ses deux ministres de l’écologie, Christophe Béchu et Bérangère Couillard ont identifié secteur par secteur les efforts nécessaires à une transition écologique réussie.

Y avait du taff, parce que jusque-là le bilan du Président côté écologie est jugé plutôt insuffisant par beaucoup d’observateur·ices, même s’il a réaffirmé au début de son discours que « nous avons depuis ces 5 dernières années réduit nos émissions deux fois plus vite qu’auparavant » (ce qui n’est pas faux, mais qui n’est pas tout à fait grâce à lui #covid #criseénergétique 👀).

Bref, sans plus attendre, on te résume tout ça pour que tu saches un peu comment la France va se mettre au vert d’ici les 30 prochaines années 👇

Les principales mesures de la planification écologique

Le financement

C’était déjà annoncé, mais les budgets consacrés à la transition écologique vont être gonflés en passant de 33 milliards de financements sur une année à 40 milliards en 2024. Ce qui est une somme, mais qui comparé au coût de l’inaction écologique, n’est pas tant que ça. En plus de ça, une méthodologie commune va être mise en place pour les « budgets verts » des collectivités territoriales et il espère convaincre l’Europe d’investir davantage aussi.

Il a aussi profité de son discours pour réaffirmer son approbation en ce qui concerne la taxe carbone aux frontières.

Côté transports

L’État a réaffirmé financer à hauteur de 700 millions d’euros la construction de 13 futurs RER métropolitains (qui comme le train sont des modes de déplacements écolos) dont les contrats devraient être signés en octobre prochain

Le Président souhaite qu’au moins 1 million de voitures électriques soient produites en France d’ici 2027 et compte sur l’ouverture de 4 grandes usines de batteries électriques pour y arriver

Pour que ces voitures soient accessibles, il a aussi annoncé le lancement d’une offre de « leasing » de voitures électriques produites en Europe à moins de 100€/mois, avec quelques dizaines de milliers de véhicules pour commencer (le leasing, ça permet d’avoir accès à un véhicule sous une forme de location, ce qui peut être plus accessible que d’acheter).

À propos de la rénovation énergétique

Rénover les logements, c’est une des grosses solutions pour réduire notre conso d’énergie. Emmanuel Macron veut mieux accompagner les ménages modestes et les familles de la classe moyenne en allant au-delà du dispositif “Ma Prime Renov’” qui existe déjà. En plus, il veut lancer une stratégie pour rénover les logements sociaux.

Côté chauffage, le Président a annoncé que la France devra produire « un million de pompes à chaleur » d'ici la fin du quinquennat (3 fois plus que le niveau actuel) et former en parallèle 30.000 installateur·ices. Le but : développer une filière industrielle qui est beaucoup moins énergivore et émettrice de CO2.

Le tout pour remplacer peu à peu les chaudières à gaz, qu’il ne veut pas interdire pour autant.

Ciao le charbon !

Comme il l’avait déclaré dans son interview la veille, Emmanuel Macron veut sortir la France du charbon d’ici 2027 avec la fermeture des deux dernières centrales du pays. Cette décision nous ferait être en avance de 3 ans sur la date de 2030 fixée par le Giec (un peu last minute tout ça…)

Pour mettre fin aux fossiles, développer le renouvelable…

Ces centrales à charbon vont notamment être converties à la biomasse : l’idée est d’utiliser de la matière organique (végétale, animale…) comme une source d’énergie.

Pendant son discours, le Président a aussi rappelé ses ambitions en matière de développement de l’éolien en mer, avec l’idée de signer les appels d'offres qui ont été lancés sur le sujet en 2024.

… Et le nucléaire

Malgré le vaaaste débat qui existe autour du nucléaire, le chef de l’Etat a déclaré que selon les scientifiques, « il n'y a pas de stratégie qui existe sans le nucléaire » (ce qui ne met pas tout le monde d'accord) et c’est donc aussi là-dessus qu’il compte miser pour une énergie décarbonnée.

Agriculture : réduire l’utilisation du glyphosate

En ce qui concerne l’agriculture, Emmanuel Macron a surtout abordé la question du glyphosate (un pesticide utilisé en France). Ce dernier a affirmé que la France allait « baisser de 30 % » sa dépendance à cet herbicide. Mais pour ne pas laisser les agriculteur·ices sans solution, il a promis que des investissements dans la recherche et l’accompagnement seraient prévus (histoire que la France ne perde pas en compétitivité face aux autres pays européens.)

Parmi ses suggestions pour l’avenir de l’agriculture : investir dans l’agrivoltaïsme (combinaison de cultures et panneaux solaires), la biomasse dont on parlait plus haut, ou les carburants durables qui sont des mécanismes de revenus complémentaires pour le secteur agricole d’après lui.

Et la biodiversité dans tout ça ?

Emmanuel Macron a réaffirmé son objectif de planter un milliard d’arbres d’ici 2030, en travaillant « avec les forestiers ». Plus globalement, il a annoncé « travailler pour préserver notre nature et nos paysages » mais sans détailler précisément par quelles mesures.

Décarboner l’industrie

Pour finir, d’après Emmanuel Macron, la transition écolo doit se faire en accord avec les intérêts économiques de la France. Et c’est pour ça qu’il a annoncé (ou rappelé) plusieurs mesures pour le secteur de l’industrie :

• Un plan de « décarbonation des 50 sites industriels les plus émetteurs » : lancé il y a un an, leurs plans d’action respectifs devraient être signés en octobre.
• Une politique qui mêle recherche et innovation pour développer l’hydrogène vert (4 milliards d’euros viennent d’ailleurs d’être attribués à la filière) ainsi que des technologies de capture et de séquestration du CO2 (en gros, choper le dioxyde de carbone qui est dans l’atmosphère pour l’enterrer et qu’il cesse de contribuer au changement climatique : pour l’instant, personne n’a réussi à faire)
• Un inventaire des ressources minières nécessaires à la transition écolo : combien de lithium, cobalt, hydrogène naturel dans les sols français ?
• Un projet de loi pour l’industrie verte, lancé au printemps dernier, et notamment l’annonce de la « reprise du contrôle du prix de notre électricité » d’ici la fin de l’année, pour que tout le monde ait de la visibilité.

Des réactions à la planification écologique ?

Certaines réactions ne se sont pas fait attendre, on compte par exemple Greenpeace qui affirme qu’Emmanuel Macron « rate le coche de la planification écologique avec un catalogue de mesures recyclées ».

Côté politique aussi, le chef de l’État a provoqué des réactions, aussi bien à droite qu’à gauche ! Par exemple :

• Chez les Républicains, le député Les Républicains de la Loire Antoine Vermorel-Marques (qui est un peu le Monsieur écologie de ce parti) est déçu des annonces qui ne contiennent pas assez de plans de financements ou de nouveaux projets de loi à son goût
• À gauche, Pierre Larrouturou estime que le budget de 40 milliards pour 2024 est bien insuffisant (il manquerait d’après lui 27 milliards pour être à la hauteur) et le mouvement Génération affirme que la vision du chef de l’État est « ultra-productiviste », alors que le monde vivant ne devrait pas être considéré comme un produit.

Bref : y a encore du taff avant de réussir à ne faire que des heureux.