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Et si on plantait une « muraille verte » pour lutter contre la désertification ?

Grande muraille verte au Sahel : on parle de quoi ?

Rassure toi, c’est pas littéralement un mur construit avec des pierres. À la base, le principe était de créer une grande bande verte : en gros, une forêt de 15 kilomètres de large qui traverse toute l’Afrique sur plus de 7500 kilomètres, entre le Sénégal et Djibouti.

QUIZ
Combien de pays sont concernés par cette Grande muraille verte ?

L’idée de cette Grande muraille verte est née dans les années 1980. On la doit même à un leader politique du Burkina Faso, dont tu as sûrement déjà entendu parler : Thomas Sankara.

SONDAGE
Tu le connais ?

En gros, son objectif était de sensibiliser la population au problème de sécheresse et de la désertification et de lancer une campagne massive de reforestation. Mais la chute brutale du régime en 1987 enterre le projet 😢

Il ne voit de nouveau le jour qu’en 2007, sous l'impulsion du président sénégalais Abdoulaye Wade. L’idée a ensuite évolué : il ne s’agit pas que de planter des arbres, mais de changer les pratiques agricoles pour les rendre plus durables et les adapter aux sols sahéliens.

À quoi sert la Grande muraille verte ?

Le but de la Grande muraille verte c’est de faire revivre la biodiversité dans les sols et de les rendre moins fragiles face à la sécheresse. Bref, comme on l’a dit un peu plus haut → lutter contre la désertification.

QUIZ
C’est quoi la désertification ?

C’est un vrai problème : les zones autour du désert du Sahara ont vu disparaître progressivement les êtres vivants (dont les plantes) de leurs sols 😢

Pour 2 raisons principales :

  • Les mauvaises pratiques agricoles et l’artificialisation des sols : Ces mauvaises pratiques sont liées à l’accroissement des besoins en alimentation qui entraîne une pression plus importante sur les ressources naturelles.

« Au Sahel, il y a des arbres, comme les acacias par exemple, qui jouent un rôle protecteur au niveau de l'écosystème : ils captent l’eau dans les sols pour qu’une microfaune s’installe autour de leurs racines » explique Manon Albagnac, chargée de projet dans l’ONG Cari. Si on coupe tous ces arbres, les sols n’ont plus de protection → quand il y a du vent et de la pluie, la partie du sol en surface où il y a les nutriments va s’éroder assez rapidement.

  • Le réchauffement climatique : Dans les zones où il pleut pas beaucoup, les plantes déjà fragilisées par la désertification vont subir les épisodes de sécheresse, qui s’accentuent à cause du réchauffement climatique (eh oui, le changement climatique, la perte de biodiversité et la désertification sont très liés, ils ont des impacts les uns sur les autres).

L’autre but de planter des forêts c’est de séquestrer du carbone pour lutter contre le réchauffement climatique.

Comment créer cette Grande muraille verte ?

Tu te dis peut-être qu’il suffit de planter des arbres pour faire renaître la forêt, et basta. Bien essayé… mais ça suffit pas !

Le reboisement, c’est ce qui permet de rendre la Grande muraille verte visible, mais en réalité, dès le lancement du projet, l’idée c’était surtout d’adapter les pratiques des agriculteur·ices de la région au climat et au sol autour du Sahel 🌳

La principale solution défendue est l’agroécologie* : « des méthodes qui permettent d’entretenir la fertilité des sols et la capacité de préserver la ressource en eau » résume Manon Albagnac.

Mais selon les pays, les techniques sont différentes. « C’est compliqué de parler d’un projet unique, car au Sénégal par exemple, on favorise le reboisement, au Niger et en Mauritanie on met plutôt en place des fermes agricoles communautaires » précise Manon Albagnac.

Pour mettre en place ces projets, les initiatives locales sont super importantes : l’idée c’est de permettre aux agriculteur·ices sur place de contribuer à rendre leurs terres agricoles plus résilientes.

En plus, ça permet aussi de créer de l’emploi pour les populations locales, d’autant qu’elles sont les premières à souffrir de la destruction des sols 🌱

Pour mener tout ça à bien, il faut encourager les pays de la région à s’organiser entre eux. En 2009, sur une initiative de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, les pays sahéliens ont justement adopté un texte commun pour faire face au réchauffement climatique.

Un projet qui n’avance pas assez vite

QUIZ
Selon toi, l'objectif affiché de la Grande muraille verte est de remettre en état à l’horizon 2030…

À l’échelle plus locale, c’est pas facile pour les agriculteur·ices d’opérer une transition vers des méthodes plus respectueuses des sols. « Ça demande des investissements financiers, explique Manon Albagnac. Il peut aussi y avoir un manque de connaissances sur le sujet. »

Autre souci selon elle : le « manque de gouvernance et de politique locale pour organiser les pratiques agricoles et mieux gérer les ressources naturelles ».

Tu penses quoi de ce projet ?

Agroécologie : Des pratiques agricoles qui s’appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes. Elles visent à favoriser la résilience de l’environnement concerné.

Anti-impérialisme : Opposition à l’impérialisme, aka une doctrine politique qui prône la domination (culturelle, économique, militaire…) d'un ou des État(s) sur un ou des autre(s) État(s).

Interview de Manon Albagnac, chargée de projet dans l’ONG Cari
Interview de Antoine Cornet de l’Observatoire du Sahel et du Sahara
Cari - Présentation de l'initiative de la grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel
UN - Convention de l'ONU contre la désertification
UNCCD - Great Green Wall

Louisa Benchabane
En quête de solutions

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