
7 min
Crèmes solaires, pesticides... Ces produits chimiques qui font du mal aux coraux
Louisa Benchabane
Louisa Benchabane
L’Anses (l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié un rapport lundi 18 septembre, où elle liste une vingtaine de substances toxiques pour les coraux, qui sont déjà très fragilisés à cause du réchauffement climatique 😥
C’est la première tentative d’évaluation des risques chimiques pour les coraux, qui sont essentiels pour les océans, notamment parce que leurs squelettes forment des récifs qui abritent une grande partie de la biodiversité marine.
Pour rappel, 20 % des récifs coralliens de la planète ont été détruits au cours des dernières décennies et seul un tiers d’entre eux sont considérés comme étant en bon état. En plus, environ 10 % des coraux dans le monde se trouvent sur le territoire français, dans les départements d’Outre-mer.
2 bonnes raisons pour que l’Anses se penche sur la question : elle a travaillé plus de 4 ans sur cette expertise avec l’Office français de la biodiversité et l’unité PatriNat (du Centre d’expertise et de données sur le patrimoine naturel). On te résume les trucs à retenir du rapport ici 👇
Les expert·es ont étudié 53 substances et ont identifié parmi elles une vingtaine de substances chimiques et de métaux lourds présentant un risque pour les coraux situés en Guadeloupe, en Martinique, à Mayotte et à La Réunion. Mais vu que les données sont galères à rassembler sur le sujet, tout simplement parce qu’elles sont encore trop rares, l’Anses insiste sur le fait que le nombre de substances à risque identifiées dans ce rapport est « très probablement sous-estimé ».
Les produits problématiques ont été rangés dans les 7 catégories suivantes (alerte aux noms compliqués) 🔬 :
Les expert·es proposent d’intégrer aux conventions de protection du milieu marin* (des textes juridiques en gros) une meilleure surveillance des pollutions chimiques dans les zones où les coraux en souffrent.
Ça permettrait d’avoir des infos sur l’état des coraux dans tous les territoires d’Outre-mer, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Par exemple, les systèmes de surveillance n’existent pas pour certains territoires comme Wallis et Futuna ou Saint-Barthélemy, « ce qui empêche aujourd’hui de réaliser l’évaluation des risques des substances incriminées » 🧐
Pour ça l’Anses recommande l’application de restrictions d’utilisation ou d’interdiction de mise sur le marché de produits chimiques en s’appuyant sur les réglementations européennes qui existent déjà, comme celles de REACH*
Plusieurs groupes de substances identifiés toxiques pour les coraux peuvent provenir d’un système d’assainissement des eaux inexistant ou inapproprié 🌊
Pour les filtres UV, le rapport identifie 3 substances toxiques pour les coraux : l’oxybenzone, l’octinoxate et l’octocrylène.
Un certain nombre de produits solaires apposent des mentions ou des pictogrammes mettant en avant leur respect du milieu marin : l’Anses veut que les fabricants, qui vendent ces produits, mènent des études pour prouver que ces messages sont vrais. Parce que la présence d’une des substances citées un peu au-dessus « semble incompatible avec la possibilité de bénéficier de telles allégations », estime l’agence.
Les récifs coralliens abritent près de 100 000 espèces : mollusques, crustacés, éponges, poissons, raies, tortues, requins, etc. Ces écosystèmes sont gravement menacés ☹️ : comme on te le disait en intro, 20% des récifs coralliens ont été détruits dans le monde.
Alors mettre en place toutes ces mesures permettrait de soulager les coraux des pressions liées à la pollution des activités humaines, qui s’ajoutent à celle du réchauffement et de l’acidification des océans, tous deux causés par les émissions de dioxyde de carbone.
Parce qu’on le rappelle, au premier plan des menaces identifiées figurent les conséquences du dérèglement climatique comme la hausse de la température des océans et leur acidification* ou encore la multiplication des cyclones.
La France possède des récifs coralliens dans les 3 océans tropicaux (Océan Atlantique, Océan Indien, Océan Pacifique). Elle est donc particulièrement concernée par la protection de ces écosystèmes pour ses territoires ultra-marins.
Allez, pour ne pas finir sur une note trop pessimiste, voilà 3 solutions pour contribuer à la préservation des coraux !
Conventions de protection du milieu marin : Ce sont des textes juridiques qui ont pour but de répondre aux menaces pesant sur la biodiversité en mer.
REACH : C’est un règlement de l'Union européenne adopté pour mieux protéger la santé humaine et l'environnement contre les risques liés aux substances chimiques
Acidification des océans : C’est la baisse progressive du pH des océans causée notamment par les pollutions humaines. L'océan devient alors de plus en plus acide, ce qui perturbe l'écosystème océanique.
Anses - Évaluation des risques des substances chimiques pour les récifs coralliens
Nations Unis - Can We Save Coral Reefs?
European Chemicals Agency - Comprendre REACH
Milieu marin France - Convention de Carthagène
Planification écologique : que prévoit le gouvernement côté environnement ?
60% des extinctions de plantes et d’animaux sont dues aux espèces envahissantes
Fukushima : le Japon relâche les eaux contaminées de la centrale nucléaire
Pourquoi la nouvelle loi européenne de restauration de la nature fait débat ?
C'est quoi le scandale avec les algues vertes ?
Justice pour le vivant : L’État condamné pour non-protection de la biodiversité
Lien copié !
Article enregistré !