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La technologie va-t-elle nous sauver ?
Nicolas Quénard&
Pauline Vallée
Nicolas Quénard&
Pauline Vallée
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Aujourd’hui, la géo-ingénierie n’a plus (officiellement) d’ambition militaire et son unique but est de « corriger » les effets du changement climatique en agissant :
C’est un terme qui fait pas mal débat. Même le GIEC (LES spécialistes du changement climatique) a arrêté d’utiliser ce mot dans ses rapports (tu sais pas ce qu'est un rappport du GIEC ? on t'explique ici).
Concrètement, il y a 2 teams :
Soit directement à sa source d’émission (les usines qui produisent du pétrole ou de l’électricité car elles génèrent beaucoup de CO2) soit en essayant de retirer celui déjà présent dans l’atmosphère.
👉 Ça peut passer par des méthodes biologiques (= développer les forêts et les océans qui captent naturellement le CO2) OU technologiques (= des grosses machines vont aspirer le carbone dans l'atmosphère et l’injecter dans le sol).
Pour diminuer artificiellement la température sur Terre → c’est la géo-ingénierie solaire. L’idée est de créer une sorte de « miroir » pour refléter directement une partie du rayonnement solaire vers l’espace.
👉 Ça peut passer par une multitude de techniques comme injecter des particules chimiques dans l’air pour créer un voile réfléchissant, fertiliser* les océans ou repeindre des surfaces terrestres (immeubles, routes) en blanc.
Et c’est un peu ce que nous explique le GIEC dans son dernier rapport (notre analyse ici) : Si on veut limiter le réchauffement climatique en-dessous des +1,5°C, il va falloir poursuivre nos efforts et en même temps faire appel à ces nouvelles technologies. Pour certains secteurs polluants (métallurgie, industrie du plastique, etc) et indispensables pour l’humain, ce sera même obligatoire !
Bien sûr, ça dépend des techniques, mais certaines semblent très facilement réalisables et efficaces pour limiter les dégâts. Par exemple, il ne faudrait « que » 6700 vols (pour comparer, il y a eu environ 60 000 vols/jour en 2021) diffusant du soufre dans l’atmosphère/jour pour réduire le réchauffement climatique de -1°C.
Si on reprend l’exemple juste au-dessus : injecter des particules chimiques de soufre dans l’atmosphère peut faire baisser rapidement la température, mais ce n'est pas sans conséquences. Déjà, ça peut modifier l’intensité des pluies dans certaines régions du globe et changer la couleur du ciel.
Et surtout (en plus de rendre les humains dépendants du soufre), si on arrête de le faire, la Terre se réchauffera de nouveau très rapidement, comme l’explique Sofia Kabbej, chercheure au sein du Pôle Climat, énergie et sécurité de l'IRIS :
« Si on arrête la diffusion de ces particules, la température risque de remonter si brusquement que ni les systèmes naturels, ni les sociétés humaines ne pourront s’y adapter. »
Même bail pour le stockage du CO2 dans le sol : tout le monde n’est pas dac sur les risques éventuels de cette technologie.
👍 Pour Oliver Geden, expert en captation du CO2 et co-auteur du dernier rapport du GIEC : « Ce n'est pas un problème, ça renforce d'une certaine manière ce que la nature ferait de toute façon. Le gaz naturel s’accumule parfois de lui-même dans le sol. »
👎 Pour Sofia Kabbej : « Jamais autant de carbone n’a été stocké dans les sous-sols terrestres par le biais de l'être humain, donc on ne sait pas ses conséquences à long terme. »
Capturer et stocker le CO2 n'est pas assez rentable. Résultat, plutôt que les utiliser, « c’est beaucoup moins cher de continuer à produire des énergies fossiles et de payer des amendes », explique Sofia Kabbej.
Le GIEC donne aux gouvernements mondiaux 3 ans pour réussir à inverser la courbe des émissions de CO2. Et si la géo-ingénierie arrivait déjà trop tard ? Dans leur dernier rapport il explique que la capture et le stockage du carbone n’est pas ultra au point → Il va falloir encore de la recherche et des investissements avant de pouvoir vraiment les utiliser ⏳
Plus connu sous le nom de « ah bah c’est bon, on absorbe le CO2, tranquille, on peut continuer à polluer autant du coup ».
« Il faut fixer des limites claires à l’utilisation [des technologies de stockage de carbone], parce que, sinon, nous risquons de passer en mode “business as usual” et de penser que les machines seront toujours là pour nous sauver » ajoute Oliver Geden.
Ce que dit la loi : Pas grand chose (et c’est bien ça le problème) → Que ce soit au niveau français, européen ou mondial, la réglementation de la géo-ingénierie n’avance pas au même rythme que les nouvelles technologies qu’elle propose. SCOPEX (le projet financé par Bill Gates) a même failli être testé dans le nord de la Suède sans même demander l’avis des personnes qui vivaient là-bas. Justement parce qu’il n'y avait aucune loi pour les en empêcher. « On a besoin d’un système officiel, un système juridiquement contraignant, pour savoir quel est l’effet supposé de votre technologique », précise Oliver Geden.
Ce qu’en pensent les gens : C’est un peu difficile à dire, il n’y a pas vraiment d'études sur le sujet. Mais plusieurs sondages montrent que selon les pays, l'opinion n’est pas la même :
Atmosphère : Couche gazeuse qui entoure la Terre, c’est la partie du ciel la plus proche du sol où apparaissent les nuages, la pluie et la neige.
Fertiliser : Rendre un endroit apte à y faire pousser de la végétation / à produire d’abondantes récoltes.
Interview de Sofia Kabbej, chercheure au sein du Pôle Climat, énergie et sécurité de l'IRIS
Interview d’Oliver Geden, chercheur à l'Institut allemand des affaires internationales et de sécurité
Arte - La géoingénierie va-t-elle sauver le climat ?
The Guardian - Public supports geoengineering research, survey finds
ADEME - Sondage national sur la connaissance et les perceptions du stockage géologique du CO2 par les Français en 2010
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