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Pourquoi les jardins familiaux sont méga importants l’été

Les jardins familiaux, c’est quoi ?

À l’origine, ils étaient appelés jardins ouvriers. C’est des grands terrains divisés en plusieurs parcelles de terre que des familles louent à des assos pas très cher, pour y cultiver des légumes en ville. Il y en a partout en France 🧑‍🌾

Jardins familiaux : petite histoire

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Les premiers jardins ouvriers ont été construits en…

À l’époque, les patrons voulaient que les ouvrier.ères aient accès à la nature et à de « l’air sain dans des villes très polluées par les usines » explique Camille Robert-Boeuf, docteure en géographie.

Tu dois te dire que ce sont de bonnes intentions, mais derrière ça, il y a une « politique hygiéniste » → une politique orchestrée par les classes dirigeantes pour améliorer les conditions de vie des catégories populaires dans des villes de plus en plus polluées au XIXe siècle.

« Dans la manière dont elle est appliquée, il y a une vision "paternaliste" qui sous-entend qu'il faut prendre en charge le quotidien des plus pauvres et s'occuper de leur bien-être » ajoute Camille Robert-Boeuf.

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Qui a développé les premiers jardins ouvriers en France ?

« Pour lui, c’était un moyen pour les travailleurs.euses d’assurer à la famille la jouissance d’un coin de terre, mais aussi de les éloigner des troquets où les idées communistes se répandaient » résume Léa Billen, géographe.

En 1952, une loi renomme les jardins ouvriers → on les appelle jardins familiaux. Parce que l’idée c’est que 1 parcelle de terrain = 1 famille dessus.

Pourquoi ils sont très importants pour les milieux populaires

Cultiver ses propres légumes 🥕

Les jardinier·ères cultivent principalement des légumes sur ces terrains → « Les jardins permettent d'accéder à des légumes frais et bio qui sont plutôt chers dans la distribution » explique Jean Wohrer, administrateur de la Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs.

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Chaque année, un jardin potager de 100 m2 permet en moyenne de réaliser des économies d’achat de légumes de…

À l’origine, ces lieux étaient réservés aux classes très populaires. « Aujourd’hui, il y a moins de personnes en grande précarité. Le plus souvent on retrouve des retraités avec des revenus modestes, ou des personnes de la petite classe moyenne » décrit Camille Robert-Boeuf.

Un accès à la nature 🌱

Comme on l’a vu plus haut, les premiers jardins familiaux ont été implantés dans les faubourgs où l’industrie s’est développée → « Ils permettaient l’accès à un bout de nature au milieu des usines » rapporte Léa Billen. Aujourd’hui : « Ils ne sont pas forcément à proximité immédiate des quartiers populaires, mais les classes populaires les investissent beaucoup. »

Ils remplissent aussi la fonction d’îlots de fraîcheurs* en ville : grâce à la végétation, les températures restent plus fraîches.

Un refuge pour la biodiversité 🐝

Dans ces petits coins de verdure, on croise de nombreux insectes et oiseaux qui viennent profiter des plantations. « Ces jardins sont un refuge pour la biodiversité en ville, ils sont un poumon vert » insiste Jean Wohner.

L’exemple des jardins familiaux de Creil

À Creil, une ville populaire au nord de Paris, les jardins familiaux sont situés à proximité des grands ensembles du quartier la ZAC du Moulin et de la départementale qui mène à la capitale.

Les parcelles font presque toutes 100m2 et on y retrouve pas mal de monde l’été. « On passe beaucoup de temps ici quand il fait très chaud l’été, car l’air y est plus respirable » confie Mohand, un jardinier à la retraite.

Il se passionne pour le jardinage depuis son adolescence, passée à Alger. Ses terres débordent de légumes qui attendent d'être cueillis : des haricots grimpants, des courgettes, des tomates… 🍅🥒

« J’ai tout fait grandir moi-même. On fait très attention à soigner nos récoltes, parce que c’est nous qui les mangeons après. »

Le week-end, les familles se rassemblent pour faire des barbecues, jardiner ensemble ou se prélasser à l’ombre. Et les voisin·es en profitent aussi pour échanger des conseils et des graines aussi 🤝

Sur les cabanes faites en tôles où sont entreposés quelques outils, on trouve des gros bidons d’eau presque vides.

« On a des systèmes pour récupérer l’eau de pluie. On fait très attention à l’eau qu’on utilise. Là, il n'a pas beaucoup plu, on est en mode économie. »

Plusieurs règles écolos sont mises en place pour les jardinier.ères, comme ne pas utiliser d’engrais chimiques de synthèse et des pesticides (interdits dans les jardins privés et les espaces verts publics depuis 2017 de toute façon). « C’était déjà très rare qu’on en utilise, seulement quand des insectes attaquaient une grosse partie de nos cultures, explique Mohand. On accepte que les animaux viennent se servir, ils sont chez eux. »

Les jardins familiaux en danger ?

Ces lieux hyper importants pour la biodiversité sont menacés « dès qu’il y a une pression foncière* trop grosse » selon Léa Billen. Par exemple à Paris, « ils ont tendance à disparaître de la petite couronne [la proche banlieue parisienne] pour se développer en grande couronne [la banlieue plus éloignée] ».

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On l’a vu récemment avec les jardins familiaux des Vertus, qui ont été en partie détruits à :

Une loi de 1976 dit pourtant que pour tout jardin familial détruit, la ville doit proposer un nouveau territoire. Mais, selon Camille Robert-Boeuf, « c’est pas appliqué en réalité car souvent il n’y a pas de places disponibles ».

Pour s’adapter aux terres disponibles, les jardins ont un peu changé de forme :

  • Les grandes parcelles individuelles sont divisées pour créer des plus petits espaces ou prendre la forme de parcelles collectives.
  • Les jardins de pied d’immeuble, qui permettent de verdir des coins bétonnés dans les quartiers, se développent → « souvent, c’est un outil utilisé par les bailleurs sociaux, car c’est un bon moyen d'entretenir des espaces verts » explique Jean Wohner.

Îlot de fraîcheur : Lieu où il fait plus frais que l’environnement proche en période chaude ou caniculaire.

Pression foncière : Situation où les lieux pour construire sont peu nombreux face à la demande.

Interview de Léa Billen, géographe et co-fondatrice de Institut Transitions
Interview de Camille Robert-Boeuf, géographe et spécialiste des relations ville-campagne en Europe
Interview de Jean Wohner, administrateur de la Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs
Jardins familiaux de Creil
La Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs

Louisa Benchabane
En quête de solutions

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