J’ai testé... passer une soirée en mode déconnexion numérique

Déjà, c’est quoi une soirée déconnectée ?

Bah ouais, parce qu’à l’exception de mon absence sur les réseaux sociaux, une soirée déconnectée ça veut un peu tout dire et n’importe quoi 🤔

Du coup je me suis demandé ce qui pourrait le mieux me faire ressentir cette « non-connexion » et la sensation de manque quand t’as pas accès à la technologie. Parce que dans l’idée j’aurai aussi pu :

• Passer la soirée dans un bar avec des ami·es sans prendre mon téléphone
• Organiser une soirée jeux de société chez moi
• Aller dîner chez mes parents et leur demander de ne pas allumer la TV

Mais à chaque fois il y a un dénominateur commun : la présence des autres. Perso, j’ai remarqué que les moments où j’étais le plus en demande de mon smartphone, c’était quand j’étais seul chez moi ou dans les transports. Donc le plan ça sera ça : une soirée tranquille, tout seul chez moi, avec l’ordinateur éteint, la TV éteinte et le téléphone éteint (ou en mode avion pour savoir l’heure qu’il est quand même).

C’est un peu radical, mais autant faire les choses à fond !

Allez, c’est parti 📵

Petit résumé de ma digital detox

19:00 C’est une fin de journée pour moi ! Bizarrement, je me dis que la soirée m’appartient et que je vais enfin pouvoir prendre le temps de faire les choses. C’est-à-dire faire les courses, me cuisiner un bon petit plat, m’occuper de ma petite personne… Mais en fait je crois surtout que j’ai peur de m’ennuyer 😅

19:15 Direction le Franprix et là premier coup de stress : je vais devoir me passer de Spotify le temps du trajet, de faire mes achats et du retour jusqu’à la maison. Autant être sincère, ce n’est claiiiirement pas dans mes habitudes 😱

19:45 Retour chez moi. Le chemin m’a semblé vraiment très long sans écouteurs dans les oreilles. Je range mes courses et là rebelote : impossible de mettre un peu de musique pour cuisiner. Bah ouais, aujourd’hui tout se fait via l’ordinateur ou le smartphone et ça fait bien longtemps que je n’ai plus de lecteur CD chez moi. En fait, je crois qu’il y a très peu de moment dans la journée où je vis sans avoir de la musique à fond 🤘

20:30 Ça y est ! Je suis assis devant mon petit repas du soir que j’ai mitonné en silence mais qu’importe, je sens que je vais me régaler ! Mais 2e coup de panique : d’habitude je mange toujours en regardant un épisode des Simpson, One Piece ou le JT quand je suis seul. Et ce soir, pas d’ami·es avec qui trinquer, pas de famille avec qui discuter et pas de petite copine avec qui passer une petite soirée en amoureux. Je vais taper la discute à ce qui se trouve dans mon assiette 🥲

21:15 J’ai pas mis une éternité à manger mais bizarrement j’ai eu l’impression d’avoir mieux profité du plat que j’avais préparé. C’était un moment calme où je pouvais me concentrer sur les aliments, les épices, etc… J'ai aussi pris le temps de faire ma vaisselle à la main, de bien cleaner le plan de travail au lieu de tout remettre à plus tard (comme je le fais 99% du temps) et bloquer direct sur mon ordi 🤓

21: 20 Plusieurs choix s’offrent à moi :

• Continuer le roman (la saga Blackwater) que je lis de manière trèèèèèès sporadique (c’est-à-dire 1 fois tous les 3 mois), à tel point que je dois me retaper à chaque fois les 2 mêmes chapitres pour me remettre dans l’histoire !
• Entamer la pile de BD que j’ai reçu à Noël/mon anniversaire et qui me regarde avec mépris depuis plusieurs mois maintenant…
• Entamer quelques réparations dans mon appart et pourquoi pas embrayer sur un petit ménage des familles

22:30 Bientôt 1h que je lis, et là, 3e coup de stress : et si je ratais quelque chose ? Une potentielle grosse soirée qui aurait lieu à l’improviste ? Une big news comme la fin de la guerre en Ukraine ? Un·e ami·e qui ne va pas bien et qui aurait absolument besoin de discuter ? Une urgence familiale ?

Finalement, j’arrive à me raisonner en me disant que :

• Les grosses soirées n'arrivent jamais
• Même si je suis journaliste, la big news pourra bien attendre demain matin
• Cet·te ami·e en détresse comprendra et trouvera bien quelqu’un d’autre pour discuter
• Il me reste le téléphone fixe sur lequel ma famille peut me joindre

En fait, se « déconnecter » c’est aussi accepter de se couper des autres, de se recentrer sur soi et d’apprendre à être seul avec soi-même (bac +5 psychologie).

22:45 J’ai une envie irrépressible d’aller chercher sur internet une info à propos de l’auteur de la BD que je suis en train de lire et ça m'énerve parce que je peux pas !!!! Bon, en vrai ça peut très bien attendre demain (spoiler : j’ai oublié de chercher le lendemain matin et ça m’est carrément revenu plusieurs jours après, comme quoi y avait pas le feu au lac non plus) 🤪

23:45 Je commence à avoir les paupières lourdes et je ne vais pas tarder à aller me coucher. Pour une fois, je passe pas 30 min sur Instagram à checker les dernières stories ou à mater des réels inutiles avant de fermer les yeux.

Le lendemain

8:55 Le réveil sonne et je peux enfin désactiver le mode avion de mon smartphone. C’est un peu décevant : à part quelques notifs de médias et 2-3 messages pas très urgents des conversations groupées, je n’ai pas raté grand chose (ou alors j’ai 0 vie sociale).

Quel bilan pour ma déconnexion numérique ?

• Une petite soirée bien reposante ! À refaire, mais à plusieurs, car avec des gens, on a moins besoin de scroller ses réseaux.
• C’est fou comment l’être humain a réussi à tout concentrer dans seulement quelques appareils : pour savoir l’heure, écouter de la musique, avoir une lampe torche, un minuteur, un réveil, etc, il suffit d’un smartphone. Sauf que le jour où t’en as plus, bah t’es un peu mal…
• Une soirée déconnectée peut être un excellent moyen de se reconnecter à soi-même et d’apprécier un temps calme rien que pour nous (perso j’ai l’impression d’avoir mieux dormi ou en tout cas de m’être endormi plus rapidement).
• Par pitié, ne me laissez plus jamais sans musique !

Et l’écologie dans tout ça ?

Bah ouais, au départ c’était un petit peu le but de toute cette expérience. J’ai donc posé la question à Julia Meyer, ingénieure numérique responsable à l’ADEME ✨

Mais, en se penchant un peu plus sur les méthodes de calcul, quasi 80% de l’impact écologique de toutes ces technologies vient du processus de fabrication des équipements numériques (fabriquer le smartphone, la TV, l’ordi…).

Of course il reste la conso électrique d’une TV allumée ou des datas centers qui nous permettent de mater des lives Twitch, mais c’est pas comparable (voilà, au moins tu sais maintenant).

Mais bon, selon Julia Meyer, même si le plus important c’est de limiter au max nos équipements numériques, la déconnexion n’est pas inutile : « Les opérateurs comme Orange ou Bouygues redimensionnent leurs infrastructures en tenant compte des pics d’audience et de connexion. Donc être souvent connecté·e contribue à augmenter le trafic global et ça peut avoir comme effet rebond de pousser ces entreprises à fabriquer plus d’équipements pour faire face à l’augmentation générale du trafic. Je sais que ce n’est pas très significatif à l'échelle d’une seule personne mais chaque écogeste compte. »

Bref : la petite soirée déconnexion aura plus de bénéfices sur ta santé mentale que sur l’état de la planète, mais si tout le monde s’en accordait une de temps en temps, ça permettrait de faire de belles économies d’énergie 😌