C’est quoi l’impact écologique du Tour de France ?

Le Tour de France pollue par sa mobilité

Autant être cash dès le début : au même titre que d’autres compétitions sportives internationales comme la Coupe du monde, les Grands Prix de F1 ou les prochains Jeux Olympiques de Paris, le Tour de France pollue 😶 Normal : on parle de rassembler des milliers de personnes venues des quatre coins du monde et de les concentrer sur un seul et même événement.

Toutes ces émissions carbone sont dues à l’utilisation de véhicules thermiques (voitures, cars, camions, motos…) par les organisateur·ices du Tour (même si une bonne partie de leur flotte est aujourd’hui hybride 👏), les équipes participantes, les sponsors et la fameuse caravane publicitaire qui suit l’évènement dans toute la France 🚗🚚🚌

Quel impact des déplacements liés à l’organisation ?

L’Amaury Sport Organisation (ASO), qui organise la course, essaye depuis quelques années de rendre ses déplacements plus écologiques. « En 2022, un tiers de notre flotte était composé de véhicules électriques ou hybrides » explique Karine Bozzacchi, responsable RSE (responsabilité sociale des entreprises) du Tour de France.

« Pour 2023, la grande nouveauté, c’est que 100 % des camions utiles à l’organisation de la course vont rouler au biocarburant. Ça demande un coût et une logistique supplémentaires pour ravitailler les véhicules au bon endroit et au bon moment. C’est un peu compliqué mais on veut aller dans ce sens et tester toutes les solutions pour essayer d’améliorer l’empreinte carbone de la compétition. »

Quel impact des déplacements du public ?

Le Tour de France attire chaque année entre 10 et 12 millions de spectateur·ices qui viennent encourager leurs équipes.

Environ la moitié d’entre eux se déplacent en voiture ce qui génère une pollution indirecte supplémentaire. Le transport du public représente 94% du bilan carbone global du Tour de France.

Pour réduire ces déplacements en voiture, Karine Bozzacchi propose « d’encourager les supporter·ices à venir autrement qu’en voiture, en proposant des parkings à vélos sur chaque étape, une page de covoiturages disponibles sur le site de la course, et des billets de TER à des prix avantageux ».

Après, ça sera toujours plus écolo de faire comme tes grands-parents et de le regarder à la télé 🤓

La pollution du Tour de France, c’est aussi des déchets supplémentaires

Revenons un peu à cette fameuse caravane du Tour : en gros c’est un convoi de véhicules publicitaires qui passent sur le circuit environ 2 heures avant les cyclistes pour distribuer des objets souvenirs et des échantillons de nourriture au public.

Tout ce marketing pose pas mal question au niveau environnemental :

• Créer tous ces petits objets mobilise pas mal de matières premières et de ressources naturelles.
• Même si des efforts sont faits (on verra ça plus tard), certains goodies sont encore en plastique.
• Leur durée de vie n’est pas très longue et bien souvent les objets finissent à la poubelle, ce qui augmente le nombre de déchets produits pendant le Tour de France. Impossible de connaître le chiffre exact mais sur les 40 villes-étapes de la compétition, on compte environ 3 tonnes de déchets collectés à chaque fois (et seulement 55% partent au recyclage).

Toujours dans l’idée de rendre la compétition plus green, plusieurs solutions ont été mises au point sur ce sujet : « les emballages en plastique à usage unique sont interdits depuis longtemps » explique Karine Bozzacchi.

« Nous demandons aussi aux sponsors de proposer des gadgets plus durables, qui ont une vraie utilité et fabriqués avec des matières biodégradables* comme le bois ou le bambou [qui vient de France ou d’Europe, ndlr]. »

Du côté des asso environnementales, Laura Fouin, cheffe de projet pour la campagne Zero Waste Sport, déclarait en 2022 que c’était une bonne chose que des efforts soient faits mais que « [...] ces goodies restent du gaspillage de ressources pour une utilité de quelques minutes, en utilisant des matériaux qui posent d’autres problèmes ».

Réduire l’impact écologique du Tour de France : y a des solutions ?

ASO, qui est membre fondateur de la charte des 15 engagements écoresponsables des organisateurs d’événements à l’horizon 2024-2025, travaille à réduire l’impact écologique de la compétition. Quelques pistes :

• Proposer une alimentation moins carnée, 100% française et de saison pour toutes les personnes présentes sur le Tour. « Nous avons travaillé avec le WWF pour définir ce qu’était une alimentation responsable et petit à petit nous voulons arriver à des produits à label qui serait un gage de qualité et de traçabilité » assure Karine Bozzacchi.
• Le Tour de France a également supprimé ses contenants comme les gobelets, les pailles et les assiettes en plastique pour les remplacer par du bambou ou du carton compostable 🙌
• Autre solution possible en ce qui concerne la caravane : au lieu de la supprimer (parce que ça paraît difficilement réalisable et que 47% des spectateur·ices déclarent venir assister à la course pour profiter des animations), elle pourrait elle aussi se mettre au vert en proposant plus de sensibilisation aux enjeux climatiques ou en décidant de remplacer les goodies par des cadeaux immatériels. D’ailleurs cette année, la caravane de la région du Béarn a fait ce choix en décidant de ne plus distribuer de goodies mais de faire gagner 40 voyages sur son territoire à la place 👏