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Et si on rationnait nos émissions de CO2 ?

QUIZ
On va te parler de…

Carte carbone : de quoi on parle ?

Petite mise en situation : t’es à une station-service pour faire ton plein d’essence (oui, dans cette simulation, t’as une voiture à toi). Au moment de payer, tu dois sortir deux cartes : la première pour payer le prix de l’essence en euros, et la seconde pour payer le prix de ton plein… en crédits CO2.

Cette carte carbone fait (ou plutôt ferait, car aucune n’existe encore officiellement) partie d’un système où chaque personne se verrait attribuer un quota de CO2 → un équivalent de pollution qu’elle ne pourrait pas dépasser.

Chacun·e pourrait dépenser ses crédits CO2 autant qu’il ou elle le voudrait, jusqu’à épuisement de son stock, pour acheter de l’énergie (pétrole, gaz…) utilisée pour se chauffer/se fournir en électricité/se déplacer + éventuellement des produits dont la fabrication a émis une pollution (quasi tout quoi).

Si t’es en manque de crédits, tu pourrais aussi en racheter auprès d’autres personnes qui en ont en rab.

QUIZ
Pourquoi mettre en place un truc pareil ?

La carte carbone existe déjà ?

Comme on l’a dit plus haut, aucune carte carbone n’a été mise en œuvre pour l’instant.

Pour la petite histoire, l’idée est née dans les années 90 au Royaume-Uni. Une proposition de loi a même été soumise au Parlement britannique en 2004 avant d’être rejetée.

En France, aucun parti politique ne défend une telle mesure pour le moment. Dans une proposition de loi déposée en 2020, les député·es François Ruffin et Delphine Batho proposaient bien de créer un « quota carbone individuel » pour les voyages en avion (= une limite au nombre de voyages en avion que tu peux faire chaque année, en fonction de la distance des trajets, etc) → mais la mesure n’a pas été adoptée.

SONDAGE
T’aurais été pour ou contre cette loi ?

La carte carbone, c’est vraiment une bonne idée ?

Les points positifs

  • À voir comme il serait mis en place (voir plus bas), mais s’il fonctionnait correctement, le système de la carte carbone permettrait de réguler et réduire nos émissions de gaz à effet de serre… et donc de lutter contre le changement climatique 👀

En faisant payer le prix « environnemental » d’un produit, en plus de son prix classique, le système de la carte carbone est un super outil de sensibilisation. « Devoir payer deux fois au moment de prendre de l’essence, en euros et en carte carbone, ferait prendre conscience de la quantité d’émissions rejetées » explique Antonin Pottier, maître de conférences de l’EHESS, dans son article Carte carbone : les arguments pour en débattre.

Ça t’inciterait à faire plus attention dans tes choix de conso pour ne pas te retrouver à court de crédit CO2 (et devoir dépenser encore de l’argent pour en racheter / ou devoir te passer de certaines choses).

  • Fixer une limite d’émissions CO2 à ne pas dépasser, c’est créer un nouvel « idéal », un nouveau « normal » qui incite tout le monde à adopter un mode de vie plus sobre.
  • La carte carbone incite chacun·e à s’échanger des crédits CO2 en fonction de ses besoins. Ça crée un sentiment de partage, de travailler ensemble à un même objectif.

Les zones d’ombre

  • La carte carbone est-elle juste ? Pas sûr… Déjà, c’est compliqué de définir un quota CO2 pour chaque personne, en prenant en compte les particularités de son mode de vie : vit en ville ou à la campagne, seul ou en couple, avec ou sans enfant, quel niveau de revenu…

Par exemple : « Le tissu urbain (centre-ville, banlieue, campagne) conditionne pour une large part la nature des trajets et les moyens de transport pour les effectuer. [...] À revenu donné, un ménage rural émettra plus qu’un ménage urbain » écrit Antonin Pottier. Qui conclut : « [...] Des plus riches gagneront au dispositif tandis que des plus pauvres y perdront. »

  • Euh… est-ce que les gens seront ok pour adopter ce système ? Parce qu’on parle quand même de quelque chose d’assez contraignant (tu le prendrais comment, toi, si du jour au lendemain tu ne pouvais plus acheter ce que tu avais l’habitude de consommer ?).
  • Autre souci majeur : comment mettre concrètement ça en place. Qui va fixer les quotas de CO2 ? Comment pourra-t-on s’échanger ces fameux crédits ? Qui va assurer la surveillance du système pour empêcher la fraude, la spéculation*, et assurer la protection des données personnelles ? Bonus : plus le système est compliqué, moins les gens sont susceptibles de l’accepter (comme l’ont montré des études menées au Royaume-Uni et en Suède).
  • On ne connaît pas forcément l’empreinte carbone de tous les produits. Mettre en place un système de carte carbone implique de faire un gros travail pour calculer ces impacts 🤔
T’en penserais quoi qu’une telle carte arrive en France ?

Spéculation : Profiter de l’instabilité du marché pour faire des opérations financières.

Socialter - Rationner, une décroissance dans l’égalité ?
Socialter - Une carte carbone pour nous rationner tous ?
Sandrine Rousseaux - Etat des lieux international des programmes de carte carbone individuelle
Antonin Pottier - Carte carbone : les arguments pour en débattre
Nature - Personal carbon allowances revisited
Transportation Research - Would personal carbon trading reduce travel emissions more effectively than a carbon tax?
Assemblée nationale - Proposition de loi N°3164

Pauline Vallée
Voisine de Totoro

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