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Faut-il plus intégrer la crise écologique dans la pop culture ?
Pauline Vallée
Pauline Vallée
Y a pas longtemps, on t’avait demandé si les films ou séries lambda devaient un peu plus intégrer l’environnement dans leurs histoires. Rien de fou, mais au moins des petites réflexions quand un personnage utilise sa voiture pour faire 2 kilomètres par exemple 👀
On a transmis toutes vos réponses à Frédérique Sussfeld (doctorante à l’Institut Méditerranéen des Sciences de l'Information et de la Communication), qui bosse justement sur le sujet. Alors, faut-il plus intégrer la crise écologique dans la pop culture ?
👩🏫 : C’est vrai que l’influence du cinéma est très forte, et participe à normaliser des sujets. C’est le « plus on voit l’information, plus elle nous paraît vraie ». Par exemple, le concept de « Sam » (celui ou celle qui ne boit pas en soirée pour ramener les autres) a été été popularisé par des films. Donc plus il y aura de comportements écolos à l’écran, plus ça semblera la norme. Le jour où on ne se dira plus « il faut intégrer l’écologie dans les films », c’est justement que ce sera devenu un non-sujet… et qu’on n’aura plus besoin de le faire !
Dans les faits, côté télé, les chaînes veulent parler de ces sujets mais ne savent pas par quel bout les prendre. Les créations tournent beaucoup autour de l’enquête, du polar. Pas idéal pour parler d’écologie. L’astuce c’est d’intégrer des éléments sur les personnages, comme celui ouvertement végétarien dans la série HPI, pour que ça ressemble un peu à ce qu’on voit dans la vraie vie.
👩🏫 : L’écologie a de base une image rabat-joie et plutôt culpabilisante. Elle a été essentiellement traitée ces dernières années via des documentaires anxiogènes. Mais une nouvelle génération de films essaie justement de montrer une autre vision du futur, plus positive. C’est ce qu’a essayé de faire Cyril Dion avec son film Demain. J’ai aussi suivi des ateliers d’écriture avec de jeunes scénaristes qui se posent beaucoup de questions là-dessus. Ils et elles veulent écrire de nouveaux récits.
👩🏫 : La vraie question est : est-ce que le format de la série est prêt à parler de ces sujets ? Et d’en parler différemment ? Aujourd’hui le rythme dans les séries s’est accéléré. Il faut avancer, avancer, avancer, ce qui n’aide pas à aborder les questions de fond, le lent, le contemplatif.
Les histoires restent focalisées sur des humains, des problématiques humaines. La nature n’est jamais introduite dans un film pour ce qu’elle est vraiment : une entité à part entière. Un exemple tout bête, mais on rajoute de la musique dans des scènes là où le son naturel aurait suffit. C’est une manière de la gommer.
👩🏫 : C’est sûr qu’on sort de deux années difficiles. On vit une crise climatique + une pandémie… La fiction doit rester un divertissement, un espace pour s’aérer la tête.
👩🏫 : Promouvoir des comportements éco-responsables peut vite devenir ennuyeux si le ton est trop volontairement éducatif. Il faut que ce soit présenté de manière naturelle. Notre cerveau va d’autant plus l’intégrer que la forme est plaisante. Mais attention, ça ne veut pas dire non plus qu’il faut parler d’écologie uniquement de manière divertissante. Je pense qu’il vaut mieux multiplier les manières de faire pour embarquer un maximum de monde. Il n’y a pas de recette miracle.
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