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Faut-il plus intégrer la crise écologique dans la pop culture ?

Y a pas longtemps, on t’avait demandé si les films ou séries lambda devaient un peu plus intégrer l’environnement dans leurs histoires. Rien de fou, mais au moins des petites réflexions quand un personnage utilise sa voiture pour faire 2 kilomètres par exemple 👀

SONDAGE
Pour les retardataires : pour ou contre ?

On a transmis toutes vos réponses à Frédérique Sussfeld (doctorante à l’Institut Méditerranéen des Sciences de l'Information et de la Communication), qui bosse justement sur le sujet. Alors, faut-il plus intégrer la crise écologique dans la pop culture ?

« Oui, la pop culture influence les opinions, les avis, les comportements, donc ça ouvrirait les consciences ! »

👩‍🏫 : C’est vrai que l’influence du cinéma est très forte, et participe à normaliser des sujets. C’est le « plus on voit l’information, plus elle nous paraît vraie ». Par exemple, le concept de « Sam » (celui ou celle qui ne boit pas en soirée pour ramener les autres) a été été popularisé par des films. Donc plus il y aura de comportements écolos à l’écran, plus ça semblera la norme. Le jour où on ne se dira plus « il faut intégrer l’écologie dans les films », c’est justement que ce sera devenu un non-sujet… et qu’on n’aura plus besoin de le faire !

Dans les faits, côté télé, les chaînes veulent parler de ces sujets mais ne savent pas par quel bout les prendre. Les créations tournent beaucoup autour de l’enquête, du polar. Pas idéal pour parler d’écologie. L’astuce c’est d’intégrer des éléments sur les personnages, comme celui ouvertement végétarien dans la série HPI, pour que ça ressemble un peu à ce qu’on voit dans la vraie vie.

« Oui, ça permettrait de montrer d’autres modèles plus éco-responsables ET positifs ! »

👩‍🏫 : L’écologie a de base une image rabat-joie et plutôt culpabilisante. Elle a été essentiellement traitée ces dernières années via des documentaires anxiogènes. Mais une nouvelle génération de films essaie justement de montrer une autre vision du futur, plus positive. C’est ce qu’a essayé de faire Cyril Dion avec son film Demain. J’ai aussi suivi des ateliers d’écriture avec de jeunes scénaristes qui se posent beaucoup de questions là-dessus. Ils et elles veulent écrire de nouveaux récits.

« Oui, mais rares sont les séries qui le font pour l’instant… (Mixed.ish sur Disney+ le fait vite fait !) »

👩‍🏫 : La vraie question est : est-ce que le format de la série est prêt à parler de ces sujets ? Et d’en parler différemment ? Aujourd’hui le rythme dans les séries s’est accéléré. Il faut avancer, avancer, avancer, ce qui n’aide pas à aborder les questions de fond, le lent, le contemplatif.

Les histoires restent focalisées sur des humains, des problématiques humaines. La nature n’est jamais introduite dans un film pour ce qu’elle est vraiment : une entité à part entière. Un exemple tout bête, mais on rajoute de la musique dans des scènes là où le son naturel aurait suffit. C’est une manière de la gommer.

« Non, c’est du divertissement. Pourquoi nous parler de crise dans ces moments-là ? »

👩‍🏫 : C’est sûr qu’on sort de deux années difficiles. On vit une crise climatique + une pandémie… La fiction doit rester un divertissement, un espace pour s’aérer la tête.

« Pourquoi pas, mais pas en mode morale. »

👩‍🏫 : Promouvoir des comportements éco-responsables peut vite devenir ennuyeux si le ton est trop volontairement éducatif. Il faut que ce soit présenté de manière naturelle. Notre cerveau va d’autant plus l’intégrer que la forme est plaisante. Mais attention, ça ne veut pas dire non plus qu’il faut parler d’écologie uniquement de manière divertissante. Je pense qu’il vaut mieux multiplier les manières de faire pour embarquer un maximum de monde. Il n’y a pas de recette miracle.

Les recos bouquin de Frédérique Sussfeld si le sujet t’intéresse :

  • De la fiction de Roger Odin
  • Catastrophisme en écologie : le double statut narratif de la peur de Nataly Botero
  • Les Français et la nature, pourquoi si peu d’amour ? de Valérie Chansigau
  • Le pouvoir des séries télévisées de Jean-Pierre Esquenazi
  • La culture de Jean Fleury

Toujours si le sujet t’intéresse :

  • Cet article de Vice (attention, en anglais !) qui montre des exemples de séries où l’enjeu environnemental est (bien) intégré au récit
  • Cet article de Grist (en anglais encore, déso) qui s’interroge sur le sujet en regardant plutôt la littérature
  • Cet article d’Usbek et Rica (avec Frédérique !) sur le rôle « accélérateur » de la fiction pour changer nos comportements
Pauline Vallée
Voisine de Totoro

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