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Comment les médias pourraient mieux informer sur l’urgence environnementale
Esther Meunier
Esther Meunier
Quel que soit ton avis, en France l’environnement fait de plus en plus l’actu depuis 10 ans, et en particulier depuis 2015 (= année de la COP21* à Paris). D’après une étude de l’ONG Reporters d’Espoirs, la part des sujets qui y sont consacrés a même été multipliée par trois dans les journaux de 20h de TF1 et France 2 sur cette période !
Pourtant beaucoup de gens considèrent que ce n’est pas assez, ni suffisamment bien fait.
Niveau quantité, c’est mieux qu’il y a quelques années, mais ça pourrait être encore plus. Deux exemples parmi d’autres.
D’après l’étude de Reporters d’Espoirs, en parler de plus en plus c’est bien, mais... c’est pas assez. Dans les médias généralistes étudiés, même les sujets considérés comme environnementaux (= intempéries, pollution, déforestation, biodiversité, énergies…) ne sont pas forcément reliés aux enjeux climatiques 🤨
« C’est moins de 1% en moyenne, avec des pointes à 2% sur les chaînes d’info et à près de 5% pour certains quotidiens nationaux. »
Ça veut dire que quand on parle d’une inondation ou de la production d’huile de palme qui détruit les forêts, on ne fait pas le lien avec le changement climatique.
Plus précis cette fois-ci, les 9 et 10 août 2021 le média Arrêt sur images, spécialisé dans l’analyse du paysage médiatique, a regardé 36h de programme des chaînes BFMTV et CNews, les chaînes d’infos en continu les plus regardées en France. Le but : voir quelle part de leur antenne était consacrée au 6e rapport du GIEC (c'est quoi un rapport du GIEC ? la réponse ici) qui venait de paraître, avec des conclusions alarmantes.
Niveau qualité, plusieurs critiques reviennent régulièrement aussi. Par exemple, Acrimed a étudié des contenus liés à l’impact du changement climatique sur la montagne. Elle a identifié plusieurs problèmes :
D’après l’asso, ces soucis ne sont pas spécifiques au sujet de la montagne : ce sont ceux qu’on retrouve globalement dans le traitement de l’environnement et du climat 🙈
Tu te dis peut-être « ok c’est pas cool, mais c’est pas si grave non plus ». Sauf que : les gens perçoivent un sujet différemment selon son traitement médiatique.
Quand le sujet est peu ou mal traité (par exemple en ne mettant pas en évidence les solutions) ça provoque du désintérêt et un certain fatalisme : comme si rien n’était possible face au changement climatique (alors même que ce n’est pas le cas !).
À l’inverse, voir l’environnement de plus en plus traité dans les journaux, à la télé ou à la radio permettrait une prise de conscience, plus d’intérêt pour l’écologie, et un meilleur passage à l’action.
La piste principale, ce serait de parler plus, et mieux du sujet 😎
Reporters d’Espoirs a créé une liste de conseils importants adressés aux journalistes :
Ce dernier point est très important : ce n’est pas qu’il ne faut pas faire peur (parce qu’il faut bien reconnaître que la situation est *un poil* effrayante). C’est surtout qu’il ne faut pas faire que ça !
Des recherches montrent qu’il faudrait accompagner les infos déprimantes de solutions, donner des outils pour s’engager, et surtout ne pas oublier de faire miroiter un avenir meilleur. En gros, il ne faudrait pas juste te dire que le futur craint, il faut aussi te dire à quoi il pourrait ressembler en bien si on se bouge aujourd’hui.
COP21 : C’est un grand rendez-vous international qui a eu lieu à Paris et a permis à 196 gouvernements de s’engager pour lutter contre le changement climatique avec l’Accord de Paris.
Reporters d’espoirs - Comment les médias traitent-ils du changement climatique ?
Acrimed - Changement climatique dans les régions de montagne : quelle couverture médiatique ?
Arrêt sur images - CLIMAT : BFMTV ET CNEWS REGARDENT AILLEURS
Harris Interactive
Sciences Policy - More bad news : the risk of neglecting emotional responses to climate change information
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