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Est-ce qu’il fait trop chaud en Antarctique ?
Esther Meunier
🤝 En partenariat avec Météo-France
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Les manchots, les icebergs, les expéditions polaires…
L’Antarctique, c’est un continent situé au pôle sud et entouré de l’océan Austral.
C’est aussi :
Déjà, comme c’est l’hémisphère sud, les saisons sont inversées (par rapport à l’Europe) : « Le cœur de l’hiver est sur juin, juillet et août, et l’été est de décembre à janvier, il est très court parce qu’on est au pôle sud, donc dès février/mars on a des températures qui se rapprochent de celles du cœur de l’hiver, qui est lui très long », explique Gerhard Krinner.
Côté températures : ça dépend des endroits 🤷♀️ Le météorologue François Gouraud résume en 2 zones géographiques différentes :
Bienvenue à la découverte du mystère de l’Antarctique : d’après les 3 scientifiques, c'est le seul endroit où on n'observe pas une fonte des glaces de plus en plus importante, où la tendance n’est pas vraiment nette depuis 40 ans !
Jusque là, c’était un peu une énigme, « même si actuellement on pense que l’Antarctique va se réchauffer, mais qu’il va juste mettre un peu plus de temps que le reste de la planète » indique Gerhard Krinner 🤷♀️
Comment ça se fait ? C’est pas très clair, mais la principale piste c’est que l’océan qui entoure l’Antarctique est gigantesque, il n’y a rien qui arrête les vents, et donc cet océan est en permanence remué.
« C’est comme dans une casserole : cet océan très bien mélangé répartit la chaleur qu’il emmagasine sur toute sa profondeur plutôt que de rester en surface, ce qui ralentit le réchauffement de l’Antarctique » conclut le scientifique.
En mars 2022, la communauté scientifique a été choquée par des températures anormalement élevées en Antarctique.
D’après Gerhard Krinner, « il est probable que ce soit lié au changement climatique, mais on ne peut pas l’affirmer. On s’attend à ce que ça arrive de plus en plus fréquemment mais les modèles de prédiction ne sont pas assez fins ».
Côté banquise aussi, il y a eu des records cette année :
Le principal problème si l’Antarctique se réchauffe, c’est la fonte des glaces et la montée des eaux.
⚠️ Gros bon à savoir : la montée des eaux n’est pas provoquée par la fonte de la banquise, puisqu’elle est déjà dans l’eau et que c’est comme un glaçon quand il fond dans un verre : ça ne fait pas augmenter le niveau. Mais la glace du continent, elle, risque de se déverser dans l’océan et de contribuer à sa hausse.
Concrètement, voilà comment ça pourrait se passer : tu te souviens des plateformes de glaces épaisses de plusieurs centaines de mètres, qui viennent du continent et se mettent à flotter sur l’océan ? « Elles ont un rôle important parce qu’elles agissent comme un barrage, qui retient les glaciers en amont, et ralentit leur écoulement dans la mer : plus elles sont solides moins ça s’écoule vite », explique Olivier Gagliardini.
MAIS : ces plateformes diminuent en épaisseur. « Elles s'amincissent probablement à cause de l’augmentation de la température de l’océan, qui les grignote par dessous, et ça crée un flux plus important vers la mer, ce qui fait augmenter son niveau. »
À cause de ce phénomène, la contribution de l’Antarctique à la hausse du niveau des océans pourrait atteindre 10 à 30 cm d’ici 2100 d’après les travaux du GIEC. « Ça paraît peu mais ça impliquerait déjà des déplacements de population énormes. »
Et ça, c’est si la machine ne s’emballe pas… Si les plateformes de glace fondent, il est possible que l’Antarctique atteigne un point de non-retour :
Un autre dégât collatéral du réchauffement de l’Antarctique, ce sont les populations de manchots. François Gouraud raconte :
« En Terre Adélie, en 2015/2016, il y a eu des épisodes de pluie qui se sont produits en été, ce qui est très très inhabituel. Ça a mouillé les poussins des manchots, qui ne sont pas constitués pour résister à de l’eau liquide qui gèle ensuite et qui ont donc gelé. Il y a donc eu une mortalité de masse sur cette génération. »
Tout n’est pas perdu ! Les 3 chercheurs sont unanimes : la seule vraie chose à faire est de ralentir le changement climatique, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et leur concentration dans l’atmosphère.
Pour ça, le GIEC a un plan, qui consiste entre autres à abandonner les énergies fossiles pour des énergies qui émettent moins de gaz à effet de serre et à moins consommer (c'est le concept de sobriété).
Il y a aussi quelques personnes qui imaginent pomper l’eau de l’océan australe dans lequel l’Antarctique aura fondu et la renvoyer au cœur du continent pour qu’elle regèle… « Mais ce n’est pas réaliste, déjà ça demanderait une énergie considérable et ce serait très très cher, et en plus à vouloir tout maîtriser on ne maîtrise plus rien », concluent Gerhard Krinner et Olivier Gagliardini.
Bon, plus qu’à se passer des énergies fossiles du coup hein 💪
AFP
François Gouraud, prévisionniste à Météo-France
Gerhard Krinner, directeur de recherche CNRS à Grenoble et contributeur au rapport du GIEC 2021
Olivier Gagliardini, Professeur à l'Université Grenoble Alpes Institut des Géosciences de l'Environnement
Rapport du GIEC
Le Monde - Record de températures battu en Antarctique
Le Point - La fonte de la banquise Antarctique atteint un niveau alarmant en juillet
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