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Pourquoi éduquer les filles aide à lutter contre le changement climatique
Esther Meunier
Esther Meunier
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De l’éducation des filles : 130 millions d’entre elles sont toujours privées d’éducation alors même que ça pourrait être une solution pour combattre le changement climatique !
Comme le dit Malala Yousafzai, activiste pour l’accès des filles à l’école et plus jeune lauréate du prix Nobel de la Paix :
« D’un côté, le changement climatique est une barrière à l’éducation des filles, mais de l’autre, en investissant dans leur scolarité on contribue au combat pour la planète. »
Le lien n’est peut-être pas évident tout de suite, mais il y a trois principales raisons qui conduisent à penser que oui, investir dans l’éducation des filles est efficace pour lutter contre le changement climatique et ses effets.
Dans son livre Une écologie sans frontières, l’activiste ougandaise Vanessa Nakate explique : « Les filles et les femmes représentent plus de la moitié de l’humanité. Si on veut gérer correctement cette crise climatique, on a besoin des femmes dans les salles où se prennent les décisions qui affectent le climat. [...] »
« Éduquer les filles, c’est les amener dans ces pièces, et augmenter le nombre et les approches de potentiel·les leaders et solutions. »
Le message est simple : toutes ces filles privées d’aller à l’école sont autant de futures enseignantes, avocates, membres d’ONG, élues ou scientifiques du climat en moins.
Vanessa Nakate ajoute dans un article qu’elle a écrit pour Wired à ce sujet : « On a vu pendant cette pandémie que le leadership des femmes pouvaient nous tirer de crises, on sait déjà grâce à des études que les pays dirigés par des femmes sont plus susceptibles de signer des traités environnementaux. » 👏
Ça s’explique par les stéréotypes de genre et le fait que tout ce qui relève du « soin » (aux autres, mais aussi à la planète) est souvent considéré comme « féminin » → les leaders hommes prendront généralement moins en compte les besoins de la planète…
L’éducation, c’est aussi un outil à la valeur infinie pour les jeunes femmes qui vont devoir faire face au changement climatique. Lors d’une conférence organisée par le New York Times à la COP26 sur ce sujet, Vanessa Nakate a raconté que dans son enfance, les filles n’étaient pas autorisées à apprendre à grimper aux arbres.
« Mais une des choses à faire pour survivre en cas d’inondations, c’est de grimper aux arbres, donc dans un scénario où les filles et les femmes ne peuvent pas se mettre à l’abri dans les arbres, en attendant l’arrivée des secours, elles sont en danger. »
Bien sûr c’est un exemple, et apprendre à grimper aux arbres n’est pas forcément la première chose à laquelle on pense quand on pense à l’école. Mais c’est aussi vrai pour des tonnes d’autres compétences :
Quel rapport avec le changement climatique ? Mis à part ce qu’on a déjà dit au-dessus → plus éduquées, les femmes ont aussi moins d’enfants, entre autres parce qu’elles ont un meilleur accès à la contraception.
« Les filles qui sont allées à l’école deviennent des femmes avec des compétences économiques, politiques, et qui ne sont pas contraintes de se marier et d'avoir des enfants tôt. » 💁♀️
Vanessa Nakate, dans Wired
Le Projet Drawdown a même placé l’éducation des filles (avec un meilleur accès aux méthodes de planning familial) en 5è position des solutions les plus efficaces pour combattre le changement climatique, parce que ça leur permet de réduire leur nombre d’enfants → Il serait possible d’éviter l’émission de 85,42 gigatonnes d’équivalent CO2* entre 2020 et 2050 en utilisant cette méthode. « C’est presque l’équivalent de 10 ans d’émissions chinoises », explique Vanessa Nakate 😶
Attention : Ce dernier argument est contesté par d’autres activistes et par des auteurs comme Ian Angus et Simon Butler qui ne considèrent pas que l’augmentation de la population soit responsable du changement climatique ⚠️
→ Ces mêmes personnes déplorent aussi que se concentrer sur cet argument renvoie la responsabilité du changement climatique aux femmes des pays plus défavorisés alors que les émissions viennent en majorité des pays plus riches + ça a parfois même conduit à priver ces femmes de leurs droits sexuels et reproductifs (à travers des stérilisations forcées par exemple).
Quoi qu’on pense de ce dernier argument, il y en a quand même 2 autres qui ne sont pas négligeables (sans compter que l’éducation est un droit à part entière).
Donc on peut (entre autres) :
Équivalent Co2 : c’est une unité créée par le GIEC pour comparer les impacts de différents gaz à effet de serre en matière de réchauffement climatique et pouvoir cumuler leurs émissions. Ça permet d’unifier les mesures.
Précarité menstruelle : le fait de ne pas avoir assez d’argent pour se procurer des protections hygiéniques → ça peut conduire des filles à manquer l’école.
NYT Climate Hub conference - « The Power of Knowledge: Girls’ Education as an Accelerator of Climate Action »
ONU - Les filles au premier plan
Wired - Educating young women is the climate fix no one is talking about
Une écologie sans frontière, de Vanessa Nakate
OECD - Égalité femmes-hommes et environnement : accumuler des connaissances et agir pour atteindre les ODD
UNFCCC - Strengthening gender considerations in adaptation planning and implementation in the least developed countries
Drawdown Project - Health and Education
The Washington Post - How climate change is disproportionately affecting girls in low-income countries
The Yikes podcast EPISODE 4 - The Coronavirus and Ecofacism
Usbek et Rica - Démographie et changement climatique, le faux tabou
Mikaela Loach
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