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Métier vert, ep 1 : Comment devenir climatologue ?

Bienvenue dans notre nouvelle série « Métier vert » dans laquelle on va te présenter à chaque épisode un métier lié à la transition écologique !

Aujourd’hui, on s’intéresse à un métier à la pointe sur la connaissance du climat : climatologue !

Matthieu Sorel (climatologue chez Météo-France), Françoise Vimeux (climatologue et directrice de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement), et Lauriane Batté (aussi climatologue chez Météo-France) te partagent leurs expériences ✌️

SONDAGE
C’est un métier qui t’intéresse ?

Quelles études ?

Le métier était une évidence pour Matthieu (« je suis passionné de météo depuis tout petit »), moins pour Françoise (« dès le collège je savais que je voulais faire un métier scientifique, mais je me suis orientée tardivement vers le climat »).

Quelles formations pour devenir climatologue ?

  • École nationale de la météorologie
  • Doctorat en science du climat, de l’atmosphère…
  • Niveau formation, Matthieu a commencé par 2 ans d'études à l’École Nationale de la Métérologie (ENM) dont il ressort comme technicien. Après un premier passage chez Météo-France, il prépare un concours d'ingénieur avant de refaire 3 années supplémentaires à l’ENM. De retour à Météo-France : « Je suis climatologue depuis 2020. Mon rôle, c’est de caractériser la météo par rapport au climat passé. Par exemple, il a fait 42°C à Toulouse la semaine dernière, est-ce que c’est normal ou pas ? »
  • Françoise, après une classe prépa maths sup et spé, a intégré l’université en s’orientant vers la chimie (« j’étais très bonne dans cette matière et j’aimais bien »). Elle se spécialise en chimie de l’environnement puis en thèse sur le paléoclimat (l’étude du climat du passé). Elle passe ensuite le concours pour chercheur·euses à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et est recrutée.
  • Lauriane est, elle, passée par l’école Polytechnique pour suivre une formation d’ingénieure avant de faire une thèse au Centre national de recherches météorologiques (CNRM). Elle entre au CNRM en 2014 en tant que chercheuse dans un groupe sur la modélisation du climat, avant de devenir, début 2023, responsable du département analyse climatique et prévisions saisonnières à Météo-France.
« J’ai choisi un poste plus opérationnel car j’ai l’impression d’être un peu plus dans l’action, je voulais relayer ces connaissances à d’autres publics que des chercheur·euses. »

Être curieux·se, rigoureux·se, aimer les sciences. Si t’es engagé·e dans la lutte climatique, c’est un plus, mais attention à la réalité du métier explique Françoise : « La climatologie reste avant tout un domaine de recherche, on n’est pas dans l’action immédiate. Il ne faut pas s’y orienter en pensant qu’on va sauver le monde tout de suite. »

Autre point important que souligne Lauriane : bien parler anglais. « On en a besoin pour interagir avec des expert·es d’autres labos partout dans le monde, pour analyser des publications scientifiques étrangères, récupérer des informations… » Bref, pas d’impasse sur les langues !

  • Les organismes de recherche publics (IRD, CNRS, INRAE, Météo-France…) après un recrutement sur concours
  • Des entreprises privées

À quoi ressemble une journée de travail ?

Une partie du travail de climatologue est (logiquement) consacrée… à la recherche scientifique autour du climat (pour toujours + de scoop, suivez NOWU 🤡 ).

  • Au quotidien, Lauriane suit les phénomènes climatiques, en s’appuyant sur des bases de données. Elle travaille aussi sur des prévisions saisonnières, pour dégager des tendances pour les mois à venir (par exemple sur le phénomène El Nino) et répond aussi à des demandes institutionnelles pour venir qualifier un événement : est-ce ou non une catastrophe naturelle, une calamité agricole…
  • À chaque événement extrême, Matthieu doit faire des recherches, consulter des bases de données, pour pouvoir qualifier cet événement (exceptionnel ou pas ?).
  • Françoise a passé beaucoup de temps au laboratoire : « Quand j’étais jeune chercheuse, je réalisais des mesures sur la vapeur d’eau et les pluies en Amérique du sud. Ensuite je devais analyser les résultats obtenus et les publier. » Son travail a un peu évolué : « Je fais moins de travaux en labo, mes collègues techniciens ont pris le relais. Par contre je dois toujours interpréter mes données et les publier. » Ses recherches l’amènent aussi à se déplacer sur le terrain → en ce moment, les territoires outre-mers français.

Les climatologues doivent aussi assurer une mission de communication 💬

  • « Avec mon équipe, on répond quasi à 200 interviews par an, sans compter les points presse avec les journalistes » explique Matthieu. « Parfois c’est déprimant, on a l’impression d’être des annonciateurs de mauvaises nouvelles. J’en viens à appréhender l’été tous les ans. »
  • En tant que chercheuse, Françoise doit aussi communiquer les résultats de ses recherches, auprès d’autres scientifiques via des congrès nationaux/internationaux, ou auprès du grand public en participant à des conférences, en répondant aux journalistes…
  • Lauriane travaille avec d’autres expert·es à l’international, par exemple au sein de l’Organisation Météorologique Mondiale ou le programme européen Copernicus.

Globalement, le métier de climatologue est très varié et inclut plein de tâches différentes 📚

  • « Je ne sais jamais le matin de quoi sera faite ma journée, raconte Matthieu. Je dois participer à pas mal de réunions, j’ai du management, de la programmation… »
  • Françoise consacre une grande partie de son temps à chercher des financements pour ses projets de recherche (c’est d’ailleurs une tâche qui lui prend de plus en plus de temps) → ça implique des compétences administratives, en management, et des fois en comptabilité ! Elle encadre aussi des étudiant·es en licence, master et thèse.
« Le matin je peux être à 4 pattes sous un instrument pour changer l’huile d’une pompe, le midi participer à une conférence, l’après-midi répondre à un journaliste, et le soir écrire mon papier. »
Françoise Vimeux

Ça dépend des études, du statut et de la structure dans laquelle on travaille (public, privé…), mais pour un·e jeune climatologue, entre 2100€ et 2800€ brut/mois en début de carrière.

Comment le métier évolue ?

Les questions climatiques prennent de plus en plus de place dans les médias (yeay), et ça, Françoise le constate au quotidien : « Quand j’ai commencé, je n’étais jamais sollicitée pour répondre à des journalistes ou animer une conférence grand public. Ça monte en puissance depuis une dizaine d’années, surtout quand il y a une canicule, des inondations… »

Les outils et techniques de mesure évoluent en permanence, avec par exemple l’utilisation grandissante de l’intelligence artificielle. Il faut donc avoir de bonnes capacités d’adaptation.

Les climatologues sont aussi en première ligne face à la diffusion de fake news sur le climat. « La lutte contre les fake news va prendre de plus en plus de place, surtout vu l’évolution récente de Twitter » appuie Matthieu.

« C’est une bataille des chiffres, car souvent on a affaire à des personnes qui manipulent les données, qui nous accusent de biaiser les nôtres... »

Autre défi : face au côté « instantané » des réseaux sociaux, Lauriane trouve important de rappeler qu’en tant que climatologue, il faut garder la tête froide (jeu de mot +1). « Notre travail est de remettre les données dans leur contexte, de regarder à long terme, il faut garder un détachement face à l’avalanche d’informations. »

Tu voudrais qu’on présente quel autre métier dans un prochain épisode ?

Interview de Matthieu Sorel, climatologue chez Météo-France
Interview de Françoise Vimeux, climatologue et directrice de recherche à l’institut de recherche pour le développement
Interview de Lauriane Batté, climatologue et responsable du département analyse climatique et prévisions saisonnières chez Météo-France
ONISEP - Climatologue

Pauline Vallée
Voisine de Totoro

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