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Et si on recréait des zones vraiment sauvages ?

C’est quoi le concept de réensauvagement ?

C’est un mode de gestion où l’humain ne fait… rien (ou le moins possible). Plus précisément, ça consiste à laisser un écosystème atteindre un état qu’il aurait atteint naturellement si l’Homme n’était pas venu mettre son grain de sel 🙈

Plus précisément bis : le réensauvagement cherche à restaurer un système qui est ensuite capable de prendre soin de lui-même, explique Laurien Holtjer, chargée de communication chez l’ONG Rewilding Europe. Il ne s'agit pas seulement de « restaurer un tableau et de le conserver ».

Elle ajoute : « Nous pouvons donner un coup de pouce en créant des conditions favorables - en supprimant les digues et les barrages pour libérer les rivières [...] et en réintroduisant les espèces qui ont disparu à cause de l'action de l'Homme. Mais ensuite, il faut prendre du recul. La nature sait mieux que quiconque comment survivre et s'autogérer. »

Exemples de projets de réensauvagement

Plusieurs régions du monde se sont déjà lancées dans l’aventure :

  • Le réseau Global Rewilding Alliance rassemble pas moins 125 organisations présentes sur tous les continents et qui travaillent à réensauvager 100 millions hectares de terres et de mers (= la surface de l’Égypte) !
  • Plus proche de nous, Rewilding Europe gère 9 sites sur le territoire européen.

Faut-il à tout prix restaurer la vie sauvage ?

Les avantages du rewilding

75 à 95% de la planète a été modifié par l’Homme. La pensée occidentale moderne repose sur l’idée que la nature a besoin d’être entretenue pour atteindre son plein potentiel. Mais breaking news : en fait elle n’a pas besoin de nous 🙌

Le réensauvagement implique de changer notre manière de penser. En gros, arrêter de nous croire indispensable, et faire confiance au monde vivant pour se réguler tout seul (ouais, ça fait mal à l’égo).

Réensauvager une zone passe souvent par protéger ses espèces-clé (comme les espèces parapluie). En Italie, Rewilding Apennines s’est ainsi concentré sur la protection de l’ours brun Marsicain, une espèce locale en danger d’extinction. « L’ours a un régime essentiellement végétarien, composé de baies et de fruits. En les mangeant, il participe à la dispersion de ces graines sur un vaste territoire » explique Angela Tavone, de Rewilding Apennines.

Les inconvénients du rewilding

Parfois, entre les défenseurs du réensauvagement et les locaux, ça coince 😬 Ce qui inquiète : l’accaparement des terres cultivables, la réintroduction de prédateurs, le sentiment d’être tenu à l’écart...

Pour réensauvager une zone, il faut la protéger de toute intervention extérieure. Le plus simple reste de l’acheter. Mais doit-on accepter que des personnes ou organisations privées (parfois étrangères) s’approprient des terres au détriment des populations locales ?

SONDAGE
Qu’est-ce que tu en penses ?

Est-ce qu’une tentative de réensauvagement peut « échouer » ? C’est LA question qu’on peut se poser après avoir entendu parler d’Oostvaardersplassen.

[Mode histoire activé] Oostvaardersplassen est une réserve sauvage de plus de 5000 hectares : elle a été créée en 1983 aux Pays-Bas. Au début, c’est un succès : plein d’espèces y vivent en liberté. Mais les grands herbivores (cerfs, aurochs, chevaux) se multiplient, par manque de prédateurs, et la nourriture manque. Pendant l’hiver 2018, 3 500 animaux meurent de faim.

Deux visions s’affrontent :

  • Ceux qui considèrent que c’est de la torture, et qu’il faut nourrir les animaux (ou arrêter l’expérience)
  • Ceux qui considèrent que la souffrance et la mort font partie de la nature, et qu’il ne faut pas intervenir
SONDAGE
Tu es plutôt dans quel camp ?

Préserver la nature sauvage : y a des solutions ?

Le principal obstacle au réensauvagement est le manque d’adhésion des populations locales. Solution : écouter, expliquer, et inclure. « Réensauvager, ce n’est pas créer du sauvage “pur” et exclure les gens », insiste Laurien Holtjer. En Italie, Rewilding Apennines a mis en place plusieurs techniques, en lien avec d’autres ONG et des partenaires locaux, pour prévenir les tensions :

  • Instaurer des mesures de prévention (distribuer des clôtures et portes résistantes aux ours, créer des corridors de biodiversité*...).
  • Former des « ambassadeurs d'ours » qui communiquent sur le sujet avec les locaux.
  • Organiser des « séjours de réensauvagement » pour présenter leur action aux participants, via des activités en pleine nature.

Le réensauvagement marche aussi sur des petites zones. Un coin de jardin volontairement non entretenu, un terrain vague laissé en friche, des minis-forêts dans les villes… En France, le Programme Régional d’Espaces en Libre Évolution conseille les particuliers et les collectivités sur le sujet.

Corridor écologique : Passage aménagé qui relie entre elles deux zones riches en biodiversité.

National Geographic - Historic Gift Helps Chile Protect Switzerland-size Land Area
Rewilding Europe
Rewilding Global
UICN
PNAS - People have shaped most of terrestrial nature for at least 12,000 years

Pauline Vallée
Voisine de Totoro

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