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Et si on recréait des zones vraiment sauvages ?
Pauline Vallée
Pauline Vallée
C’est un mode de gestion où l’humain ne fait… rien (ou le moins possible). Plus précisément, ça consiste à laisser un écosystème atteindre un état qu’il aurait atteint naturellement si l’Homme n’était pas venu mettre son grain de sel 🙈
Plus précisément bis : le réensauvagement cherche à restaurer un système qui est ensuite capable de prendre soin de lui-même, explique Laurien Holtjer, chargée de communication chez l’ONG Rewilding Europe. Il ne s'agit pas seulement de « restaurer un tableau et de le conserver ».
Elle ajoute : « Nous pouvons donner un coup de pouce en créant des conditions favorables - en supprimant les digues et les barrages pour libérer les rivières [...] et en réintroduisant les espèces qui ont disparu à cause de l'action de l'Homme. Mais ensuite, il faut prendre du recul. La nature sait mieux que quiconque comment survivre et s'autogérer. »
Plusieurs régions du monde se sont déjà lancées dans l’aventure :
75 à 95% de la planète a été modifié par l’Homme. La pensée occidentale moderne repose sur l’idée que la nature a besoin d’être entretenue pour atteindre son plein potentiel. Mais breaking news : en fait elle n’a pas besoin de nous 🙌
Le réensauvagement implique de changer notre manière de penser. En gros, arrêter de nous croire indispensable, et faire confiance au monde vivant pour se réguler tout seul (ouais, ça fait mal à l’égo).
Réensauvager une zone passe souvent par protéger ses espèces-clé (comme les espèces parapluie). En Italie, Rewilding Apennines s’est ainsi concentré sur la protection de l’ours brun Marsicain, une espèce locale en danger d’extinction. « L’ours a un régime essentiellement végétarien, composé de baies et de fruits. En les mangeant, il participe à la dispersion de ces graines sur un vaste territoire » explique Angela Tavone, de Rewilding Apennines.
Parfois, entre les défenseurs du réensauvagement et les locaux, ça coince 😬 Ce qui inquiète : l’accaparement des terres cultivables, la réintroduction de prédateurs, le sentiment d’être tenu à l’écart...
Pour réensauvager une zone, il faut la protéger de toute intervention extérieure. Le plus simple reste de l’acheter. Mais doit-on accepter que des personnes ou organisations privées (parfois étrangères) s’approprient des terres au détriment des populations locales ?
Est-ce qu’une tentative de réensauvagement peut « échouer » ? C’est LA question qu’on peut se poser après avoir entendu parler d’Oostvaardersplassen.
[Mode histoire activé] Oostvaardersplassen est une réserve sauvage de plus de 5000 hectares : elle a été créée en 1983 aux Pays-Bas. Au début, c’est un succès : plein d’espèces y vivent en liberté. Mais les grands herbivores (cerfs, aurochs, chevaux) se multiplient, par manque de prédateurs, et la nourriture manque. Pendant l’hiver 2018, 3 500 animaux meurent de faim.
Deux visions s’affrontent :
Le principal obstacle au réensauvagement est le manque d’adhésion des populations locales. Solution : écouter, expliquer, et inclure. « Réensauvager, ce n’est pas créer du sauvage “pur” et exclure les gens », insiste Laurien Holtjer. En Italie, Rewilding Apennines a mis en place plusieurs techniques, en lien avec d’autres ONG et des partenaires locaux, pour prévenir les tensions :
Le réensauvagement marche aussi sur des petites zones. Un coin de jardin volontairement non entretenu, un terrain vague laissé en friche, des minis-forêts dans les villes… En France, le Programme Régional d’Espaces en Libre Évolution conseille les particuliers et les collectivités sur le sujet.
Corridor écologique : Passage aménagé qui relie entre elles deux zones riches en biodiversité.
National Geographic - Historic Gift Helps Chile Protect Switzerland-size Land Area
Rewilding Europe
Rewilding Global
UICN
PNAS - People have shaped most of terrestrial nature for at least 12,000 years
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