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Comment se convaincre d'écouter les personnes en première ligne

On l’a dit et répété : le changement climatique concerne tout le monde (oui, même toi). Mais il n’affecte pas tout le monde de la même manière. Certains pays ou certaines catégories de population sont plus durement touchées. On les appelle les MAPA (Personnes et Zones les Plus Touchées*).

Ces personnes ne sont pas vraiment entendues ni mises au centre du débat politique. Au dernier sommet mondial sur le climat, leur délégation était moins nombreuse que celle de l’industrie des énergies fossiles par exemple, selon un calcul de l’ONG Global Witness 🤔

Pourquoi c’est important de les écouter ? On a posé directement la question à :

  • Mitzi Jonelle Tan (Philippines)
  • Patience Nabukalu (Ouganda)
  • Jakapita Kandanga de Fridays for Future MAPA (Namibie)

Ça permet de mieux comprendre l’urgence de la situation

Le changement climatique ne va pas affecter « les prochaines générations ». Il n’est pas pour « bientôt » ou pour 2050. Il affecte des personnes maintenant (mais bonne nouvelle : rien n’est perdu).

Patience : « Depuis mon enfance, je subis tous les jours les conséquences du changement climatique [...] Dès qu’il pleut, je suis terrifiée. La semaine dernière, ma mère a quasiment tout perdu dans une inondation. Et à chaque fois je manque l’école, car je dois aider à enlever l’eau, nettoyer. »

Mitzi : « Mon pays [les Philippines] est l’un des plus vulnérables au monde face au changement climatique [...] J’ai grandi en voyant mon peuple dévasté par les inondations, en voyant ceux qui vivent en-dessous du 3e étage se réfugier à chaque fois sur le toit. »

« J’ai grandi en faisant des cauchemars dans lesquels je me noyais. »
Mitzi

Les personnes les plus impactées sont celles qui ont le plus conscience de l’urgence d’agir. Résultat, elles poussent à changer le plus rapidement possible.

« On n’a pas 5 ans ou 10 ans, c’est maintenant qu’on doit améliorer la situation. »
Jakapita

C’est une question de justice

Mitzi, Jakapita et Patience soulèvent toutes les trois le même problème : elles subissent les effets du changement climatique alors qu’elles contribuent peu au changement climatique lui-même.

« L’Afrique émet peu de CO2 par rapport au reste du monde, mais subit une grande partie des conséquences du changement climatique. Nous sommes victimes d’une chose que nous n’avons pas créée. »
Patience

Tu te verrais parler de pollution de l’air sans inclure les personnes avec des maladies respiratoires ? Non ? Bon ben, c’est pareil.

Ça permet de trouver des solutions justes pour tout le monde

Suite logique de l’argument du dessus → Ignorer les personnes les plus affectées, c’est risquer de mettre en place des solutions non adaptées à ce qu’elles vivent réellement.

Mitzi : « C’est important, sinon on va développer des solutions coloniales, basées sur le profit, qui vont repousser les personnes vulnérables et les rendre encore plus vulnérables. »

« Tu ne peux pas organiser des discussions sur le changement climatique en excluant les gens qui le vivent le plus. »
Jakapita

C’est aussi se priver de leur expérience et de leur motivation. Car les personnes en première ligne sont aussi les plus ambitieuses quand il s’agit de lutter contre le changement climatique → 86% des Pays les Moins Avancés* et des petits États insulaires en développement* ont promis de réduire encore plus leurs émissions de gaz à effet de serre. Plutôt sympa, surtout quand on sait que, ensemble, ils ne représentent que 7% des émissions mondiales.

Tu en fais (peut-être) partie

Mitzi : « Même dans mon pays, les gens les plus marginalisés ne sont pas entendus [...] Racisme, sexisme, validisme, inégalités de classe… Tout cela crée un système, qui est aussi le système responsable de la crise climatique. »

Les plus affectés par la crise ne vivent pas uniquement à l’autre bout du monde. Tu peux vivre dans un pays considéré comme riche et faire partie des MAPA. Par exemple, aux États-Unis, une étude de l’Agence de protection de l’environnement montre que les personnes précaires et les communautés minoritaires raciales et ethniques subissent davantage les effets les plus graves du changement climatique.

Toutes ont la même recommandation : renseigne-toi, écoute, lis, et parle-en autour de toi.

  • Patience : « Toutes les voix sont nécessaires, peu importe où tu es ! »
  • Mitzi : « Avec les réseaux sociaux tu peux te connecter à plein d’activistes et de gens différents, donc utilise-les. Les voix des plus marginalisées ne seront vraiment entendues tant qu’on n’aura pas changé de système. Donc agissons pour le changer ! »
  • Jakapita : « Pas besoin d’être un activiste pour contribuer à la lutte. Signer des pétitions, partager nos actions, tout ça nous donne du poids. »

Si le sujet t’intéresse, tu peux écouter les témoignages de personnes en première ligne sur notre compte Instagram ! Retrouve celui de Patience, celui de Taylor, ou encore celui de Alloy.

Most Affected People and Areas : « Personnes et Zones les Plus Touchées », c’est-à-dire les groupes sociaux et territoires qui subissent davantage les conséquences du changement climatique.

Pays les Moins Avancés : Catégorie de pays créée par l’ONU qui désigne les États les moins développés d’un point de vue socio-économique.

Petits États insulaires en développement : Catégorie de pays créée par l’ONU qui désigne les États avec des risques sociaux, économiques et environnementaux particuliers.

Global Witness - Hundreds of fossil fuel lobbyists flooding COP26 climate talks
Interview de Jakapita Kandanga, activiste et membre de Fridays for Future MAPA
Interview de Patience Nabukalu, activiste climatique
Interview de Mitzi Jonelle Tan, activiste climatique
UNDP - Most vulnerable, most affected countries doing most to tackle climate crisis
EPA

Pauline Vallée
Voisine de Totoro

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