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Comment parler écologie sans ruiner une réunion de famille ?
Esther Meunier
Esther Meunier
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« Tu n’as que ça à la bouche », « Tu es trop extrémiste », « Tu es trop jeune pour comprendre le monde »… Pas toujours facile de parler climat et biodiversité sans saouler, froisser ou carrément fâcher son auditoire 🙄 Alors voilà un ptit guide !
Entre parler écologie tranquillou et faire la morale, il n’y a qu’une petite frontière facile à franchir. D’après Lolita Rubens, docteure en psychologie sociale, renvoyer une personne à ses manquements, ça risque de la mettre sur la défensive plus que dans de bonnes conditions pour engager une discussion sereine.
Au lieu de : « Ah ouais super, tu manges toujours autant de viande Papy ?! Mais t’as pensé à la planète et à mon avenir ? »
Tu dis : « Comme à la cantine c’est pas facile de manger moins de viande, quand j’y suis pas j’essaie de pas en manger. »
Résultat : Tu parles de toi plutôt que de lui et tu évites de lui faire porter toute la responsabilité en replaçant le contexte global → c’est aussi à la cantine (et à la société) de faire mieux sur le sujet !
Tout le monde ne s’intéresse pas à l’écologie, par exemple parce que les gens ont d’autres priorités, comme réussir à payer les factures ou gérer le bébé.
Au lieu de : « Tu viens d’acheter un 4x4 ? Mais tu sais à quel point ça pollue ? »
Tu dis : « Entre ton job et les jumeaux, c’est clair que trouver du temps pour t’informer sur l’environnement c’est galère. J’ai découvert NOWU, si ça t’intéresse je peux t’envoyer 1 ou 2 contenus cool ! » (#autopromo)
Résultat : Tu fais preuve de compréhension et tu proposes une solution, ce qui sera probablement plus efficace ! Pour Lolita Rubens, ça plante une graine et permet à cette personne d’évoluer sur ses positions ensuite.
Pour parler d’éco-geste comme d’engagement collectif, il faut prendre en compte le « contrôle perçu ». C’est la psychologie sociale qui le dit : savoir que ce qu’on fait est efficace ça aide pour contrer le sentiment d’impuissance !
Au lieu de : « Non mais Maman là ton mégot par terre c’est vraiment pas possible, tu te crois seule sur cette planète ou quoi ? »
Tu dis : « Tu savais que si tu ne jetais pas ton mégot par terre, ce serait 500 litres d’eau pollués en moins ? Tu pourrais utiliser un cendrier portable par exemple. »
Résultat : Tu donnes de nouvelles connaissances, des solutions, et des raisons pour se motiver → plus efficace qu’une remontrance bête et méchante !
Parler d’environnement avec ses proches, c’est un peu se transformer en campagne de sensibilisation ambulante parfois. D’après Mickaël Dupré, spécialiste en psychologie sociale, les campagnes qui se contentent de faire passer une info (souvent déjà connue) ne sont pas super efficaces → le mieux c’est de montrer ce qu’on gagne au niveau perso (en temps, argent, qualité de vie) !
Au lieu de : « Franchement Tonton, ton SUV qui pollue alors que t’habites en ville, c’est pas ouf. »
Tu dis : « Perso j’aime trop me déplacer en vélo depuis un moment : je me remets en forme, je redécouvre la ville, je fais des économies… et en plus j’évite les bouchons ! »
Résultat : Il a peut-être déjà acheté son SUV, mais il pense quand même à regonfler les pneus de son vieux vélo pour faire son sport hebdomadaire sur le chemin du boulot !
Plusieurs études ont montré que + on est attaché à la nature, + on a des chances d’adopter des comportements pro-environnementaux. Tu peux donc partir d’un lieu ou d’un centre d’intérêt commun pour aborder en douce le sujet qui te tient à cœur.
Au lieu de : « Franchement je comprends pas que tu t’intéresses pas plus à l’environnement alors que c’est une question de vie ou de mort pour beaucoup de gens et d’animaux. »
Tu dis : « Tu as vu le film Animal de Cyril Dion ? Je suis sûre que ça te plairait, toi qui adores la montagne il y a un passage qui te rappellerait le Jura où on allait en vacances ! »
Résultat : Tu choppes des points d’accroche chez ta cousine, et tu en profites pour glisser une petite incitation côté biodiversité ni vu ni connu → la technique du cheval de troie évite de réveiller des sentiments négatifs associés au sujet de l’environnement dans le débat public, d’après Lolita Rubens.
Interview de Lolita Rubens, docteure en psychologie sociale
Interview de Mickael Dupré, spécialiste en psychologie sociale
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