Comment Saint-Pierre et Miquelon va être impacté par le changement climatique ?

Allez, on t’aide un peu.

Saint-Pierre et Miquelon s’étend sur 242 km2 et compte 6000 habitant·es. Cet archipel est situé à seulement 25 kilomètres du Canada ! C’est un ensemble d’îles dont 3 principales.

Comment sera-t-il touché par le réchauffement climatique ? À quoi ressemblera Saint-Pierre et Miquelon en 2100 ?

Ce n’est pas facile de répondre, car il existe encore trop peu de données pour étudier précisément l’évolution du climat ces dernières années à l’échelle de ce territoire. Mais les travaux se multiplient, donc on peut quand même te partager certaines infos ! C’est parti pour ce nouvel épisode 👇

Le climat à Saint-Pierre et Miquelon en 2023

Le territoire connaît pas mal de pluies, avec une moyenne de précipitations d’environ 1300 millimètres par an (versus 935 millimètres par an en France métropolitaine pour comparer) et un nombre de jours de pluie/neige de 146 jours par an → en gros il neige ou il pleut un peu moins de la moitié de l’année.

Saint-Pierre et Miquelon a aussi 156 jours de vents violents par an, surtout entre octobre et avril, et un risque de cyclones tropicaux entre août et octobre.

Le climat à Saint-Pierre et Miquelon en 2100

Comment vont évoluer les températures et les précipitations ?

Saint-Pierre et Miquelon a vu ses températures se réchauffer pendant les dernières décennies, sous l’influence du changement climatique, surtout l’hiver : l’hiver 2022 a connu une température moyenne de 0,8°C (versus -3,4°C en temps normal).

« L’hiver 2021-2022, on a eu quasiment aucune neige, c’est exceptionnel pour Saint-Pierre et Miquelon, précise Franck Detcheverry, maire de Miquelon-Langlade, dans le documentaire Miquelon, village en sursis. D’années et années, on constate un réchauffement global des températures ici. C’est quelque chose qui va très très vite et qui nous inquiète. »

« Les rapports du Canada et du GIEC alertent sur de nombreux effets du changement climatique dans la zone régionale de l’Atlantique Nord-Est : réchauffement régional des températures atmosphériques et océaniques, augmentation des précipitations extrêmes, diminution des précipitations nivales* et du phénomène de pied de glace hivernal* » précise un document de l’Observatoire national sur les effets du changement climatique.

Comment vont évoluer les tempêtes ?

Il n’y a pas de projection faite pour le moment sur une augmentation des tempêtes à Saint-Pierre et Miquelon d’ici la fin du siècle.

Le GIEC précise que des territoires en Amérique du Nord, comme le Canada atlantique (zone dont fait partie Saint-Pierre et Miquelon), seront menacés par l'élévation du niveau de la mer et par de violentes tempêtes et des ouragans… et ce même en limitant le réchauffement climatique à +1,5°C, l’objectif fixé par l’Accord de Paris.

« On observe que l’archipel se trouve de plus en plus sur la trajectoire de cyclones depuis une dizaine d’années, ajoute Xénia Philippenko, géographe et chercheuse au BRGM. Ces cyclones remontent plus haut, du fait de l’augmentation de la température de la mer et de l’atmosphère. Ça génère des dégâts et ça augmente le phénomène de submersion*. »

Saint-Pierre et Miquelon va-t-elle être engloutie par les eaux ?

La question de la montée du niveau de la mer, et ses impacts, se pose déjà à Saint-Pierre et Miquelon ! Le territoire d’outre-mer pourrait connaître une hausse des océans de +30 centimètres d’ici 2050, et +70 centimètres d’ici 2090.

Cette montée des eaux pose 2 gros problèmes : l’érosion des côtes, et le risque de submersion* de certaines zones.

Un Plan de prévention des risques littoraux a été mis en place entre 2013 et 2018 → il proposait des actions, comme par exemple la quasi interdiction de construire de nouveaux bâtiments à Miquelon. Mais rien n’a été décidé pour le long terme.

Il existe plusieurs solutions face aux risques d’érosion et de submersion :

• Végétaliser les dunes de bord de mer pour les rendre plus stables face à l’avancée de la mer
• Construire des infrastructures « en dur » pour garder le trait de côte*
• Relocaliser, en construisant ailleurs

Cette dernière idée de relocalisation est particulièrement envisagée pour le village de Miquelon, même si « il reste pas mal de questions en suspens : par exemple, qui va payer ? et jusqu’à quel point ? » rappelle Xénia Philippenko. Déplacer tout un village, c’est pas rien ! Ça coûterait des millions voire des milliards d’euros.

Cette montée des eaux a aussi un impact sur les écosystèmes locaux : comme en Polynésie française, l’eau douce peut être « contaminée » par l’eau de mer et devenir salée. « Elle implique aussi la perte de certains écosystèmes, qui vont se retrouver sous l’eau » ajoute Xénia Philippenko. L’isthme* entre la Grande Miquelon et la Petite Miquelon va par exemple être submergé 🌊

Et la biodiversité à Saint-Pierre et Miquelon ?

L'archipel est doté de la seule forêt boréale de France, avec des espèces comme le sapin Baumier, des épicéas, du bouleau blanc, du sorbier, des fougères…

Pour la protéger, l’Office français de la biodiversité a lancé en 2019 un appel à projets pour replanter 30 000 arbres.

Saint-Pierre et Miquelon compte aussi des lacs, des marais, des landes, et de la toundra… bref, toute une mosaïque de milieux différents ! Ses plages abritent également les plus importantes colonies françaises de phoques gris et de phoques veau-marin 🦭

Et sous l’eau ? Là encore, le changement climatique a un impact, en augmentant la température moyenne des océans → des espèces habituées aux eaux froides, comme le crabe des neiges, se retrouvent obligées de se déplacer 👋🦀 D’autres espèces, comme le merlu argenté, apparaissent et bouleversent l’équilibre des écosystèmes marins.