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Comment gérer les dégâts causés par le changement climatique ?

Inondations de plus en plus fréquentes et intenses (comme au Pakistan cet été), sécheresses qui causent des dégâts aux cultures (comme en Afrique de l’Est), montée des eaux qui menace d’engloutir des nations entières (comme les îles de Tuvalu ou Tsonga)…

Le changement climatique cause déjà (et va causer de plus en plus) de dégâts ☹️

Les pertes et dommages : les dégâts liés au changement climatiques

Certains de ces dégâts ne pourront pas être évités, il faudra en quelque sorte faire avec et/ou les réparer. C’est ce qu’on appelle « les pertes et dommages » ou « pertes et préjudices ».

En gros, ce sont les conséquences du changement climatique dont il n’aura pas été possible de se protéger malgré :

  • Les stratégies d’atténuation : le fait de réduire la concentration de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique
  • Les stratégies d’adaptation : le fait de prévoir les potentiels dégâts et de mettre en place de quoi y faire face (avant de les subir)

À quoi ressemblent les pertes et dommages concrètement ?

Les événements extrêmes, soudains et récurrents

Ça peut prendre plusieurs formes comme l’explique Fanny Petitbon, spécialiste du sujet au sein de l’ONG Care France donne plusieurs :

« Récemment, on pense forcément aux inondations au Pakistan : pertes de vie humaines, d’infrastructures, de maison. Mais ça peut aussi être des cyclônes par exemple. »

Avec le changement climatique, ce genre d’événements climatiques extrêmes devraient se multiplier et s’intensifier 🌊

Les impacts lents du changement climatique

Mais Fanny précise qu’il n’y a pas que ces catastrophes spectaculaires qu’il faut prendre en compte :

« Il y a aussi des phénomènes qui sont plus insidieux et dont on parle moins : en ce moment il y a la Somalie avec des sécheresses à répétition qui empêchent les populations de se nourrir ou de gagner de l’argent, et les force à se déplacer. »

Parmi les autres phénomènes lents qui créent des pertes et dommages, il y a aussi la montée des eaux par exemple avec des populations forcées de se déplacer là encore parce que leur terres se salinisent* et deviennent incultivables, ou parce qu’elles risquent d’être submergées → Tout ça implique aussi la perte des langues, des cultures, des cimetières et héritages de ces pays (Tuvalu a par exemple déjà vu certains de ses cimetières disparaître à cause de la montée des eaux).

Il y a donc des impacts économiques, mais aussi des impacts sur la santé physique et mentale des populations concernées 🏥

Pourquoi les pertes et dommages sont un sujet de justice climatique ?

Les pays les moins responsables du changement climatique sont ceux qui en souffrent le plus

Plus un seul pays n’est épargné par la question des pertes et dommages, et ça s’est vu par exemple avec les inondations en Europe en 2021, mais aussi avec les feux qui se multiplient et sont rendus plus probables aussi à cause du changement climatique.

« Mais l’injustice, c’est que les pays qui subissent la majorité de ces impacts sont des pays très peu responsables des émissions de gaz à effet de serre qui ont causé le changement climatique », explique Fanny 🤷‍♀️

QUIZ
Parmi les gens touchés par des événements climat extrêmes depuis 1991:

Pourtant, il est prouvé que ce sont les pays les plus développés qui historiquement sont responsables de la majorité des émissions ayant causé le changement climatique : l’une des estimations à laquelle se réfèrent les ONGs montre que les pays du Nord* ont émis 92% des émissions de gaz à effet de serre ayant causé le changement climatique 👀👀👀

Ce sont aussi ceux qui ont le moins les moyens d’y faire face

Ça commence à faire pas mal d’injustice mais c’est pas tout : tu l’as peut-être compris, ces pays qui sont les plus vulnérables au changement climatique ne sont donc pas les plus riches.

Un chiffre pour y voir plus clair : rien que 55 de ces pays ont subi des pertes économiques d’environ 500 milliards de dollars entre 2000 et 2019 à cause du changement climatique… Et ils n’ont pas les moyens de faire face à de telles dépenses seuls !

L’un des arguments utilisés pour ne pas financer les pertes et dommages, c’est que personne n’aurait vraiment cet argent… Mais les expert·es qui ont fait ce fameux rapport publié par la Loss and Damage Collaboration ont une autre opinion ☝️

QUIZ
En face, l’industrie des énergies fossiles* a fait assez de profits :

Où en sont les négo internationales ?

Ça fait un moment que le sujet patine un peu

QUIZ
Quand le sujet a-t-il été mis sur la table pour la première fois ?

En gros le débat aujourd'hui c’est que :

  • Les pays du Sud* réclament de l’argent pour faire face aux pertes et dommages
  • Les pays du Nord leur répondent qu’ils leur en donnent déjà pour réduire leurs émissions et s’adapter au changement climatique, ainsi qu’à travers l’aide humanitaire pour les pertes et dommages
  • Les pays du Sud (et de plus en plus d’ONGs qui les soutiennent) re-répondent que c’est pas la même chose et qu’il faut des financements en plus quand même

Ce qui freine aussi les pays du Nord, c’est qu’ils ont peur qu’une fois qu’ils commencent à reconnaître la nécessité de financer les pertes et dommages, leur « dette » envers les pays du Sud soit reconnue, et que ça finisse par leur coûter très très très cher 💸💸💸

Du coup, pour l’instant, il n’y a que 3 pays qui se sont engagés à financer en partie les pertes et dommages.

QUIZ
Ce sont…

Ce qui existe et ce qui est attendu de la COP27

Pour résumer, pour l’instant il y a 3 leviers pour agir sur les pertes et dommages à l’international :

  • Le mécanisme de Varsovie : il date de 2013, et devait définir ce que sont les pertes et dommages ; repérer les acteurs qui travaillent sur cette question et les mettre en relation ; mettre en place un soutien financier et technique (mais sur ce dernier point « il n’y a eu quasi aucune avancée depuis 9 ans » explique Fanny).
  • Le réseau de Santiago : qui devait aider les pays vulnérables à évaluer leurs besoins mais qui se limite en gros à un site web pour l’instant → à la COP27, il doit être décidé comment ça va fonctionner concrètement, mais les premières discussions étaient pas géniales en juin 2022 apparemment.
  • Le dialogue de Glasgow : un plan pour discuter des arrangements financiers sur 3 ans (de juin 2022 à juin 2024), qu’ont fini par accepter les pays du Sud faute d’avoir obtenu mieux. Leur but est de forcer ce dialogue à aboutir à quelque chose de concret, un vrai mécanisme de financement en gros.

Reste à voir si en fin de COP27, de vrais progrès auront été faits. Pour Fanny, le sujet pourrait enfin bouger « parce qu’aujourd’hui le sujet est poussé par de nombreux pays qui ont durci le ton, par la société civile, et que les médias en parlent aussi » ✨

Et toi t'en penses quoi ?

Pays du Sud : Appellation créée dans les années 80 pour parler des pays les plus pauvres, majoritairement situés dans l'hémisphère sud.

Pays du Nord : À l’inverse, appellation qui désigne les pays les plus riches, majoritairement situés dans l’hémisphère nord.

Salinisation : Avec l’océan qui monte, les terres se chargent en sel et deviennent moins fertiles

Énergies fossiles : Énergie issue de la combustion de matière organique fossilisée et contenue dans le sous-sol de la Terre (charbon, gaz naturel, pétrole, etc.)

Interview de Fanny Petitbon, experte du sujet chez l’ONG Care France
RESES - Où en est la question des pertes et préjudices dans l’Agenda International ?
Loss and Damage Collaboration - The cost of delay : why finance to address loss and damage must be agreed at COP27
Anil Markandya & Mikel González-Eguino - Integrated Assessment for Identifying Climate Finance Needs for Loss and Damage: A Critical Review
RFI - Pertes et dommages dus au changement climatiques : que faut-il attendre de la COP27 ?

Esther Meunier
À la recherche de bonnes nouvelles

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