« T’es sûr·e qu’il existe vraiment le réchauffement climatique ? Non parce qu’il fait vachement froid quand même pour un mois de [insérer n'importe quel mois entre mars et novembre]. »
Un été un peu moche, une vague de gel au printemps, et c’est reparti : les climatosceptiques recyclent leurs punchlines, tes potes (et même toi) commencent à douter.
Pour rappel, le changement climatique est un fait scientifique. Le remettre en cause en se basant sur son ressenti personnel n’est donc pas vraiment tout pertinent.
Mais peut-on parler de « réchauffement » même si on subit des vagues de froid intenses en hiver ou des étés pourris ? C'est vraiment compatible ? Oui, et oui. On t'explique.
Pour schématiser, la météo s’intéresse au temps qu’il fera demain ou la semaine prochaine, alors que le climat s’étudie sur des périodes très longues (plusieurs décennies, voire plusieurs siècles). Pourquoi ? Parce que ça permet de « lisser » tous les phénomènes exceptionnels, comme les canicules ou les vagues de froid.
Par exemple : le mois de janvier 2021 a été en moyenne plus froid (4,9°C) que le mois de janvier 2020 (7,1°C).
Petite présentation de ce qui nous attend en 2100 dans le monde → La Terre se sera réchauffée de +1°C (meilleur scénario) ou +5,7°C (pire scénario) par rapport à l’ère préindustrielle.
Les températures moyennes seront donc plus élevées qu’aujourd’hui, et on subira plus de canicules. Go passer Noël à la plage ? Pas tout à fait.
Les vagues de froid seront plus rares, mais elles ne vont pas disparaître. Météo-France a conçu plusieurs modèles pour prédire à quoi ressemblera l’hiver dans les prochaines années. Spoiler :
Tu ne l’avais pas vu venir celle-là ! La météo en Europe et Amérique du Nord dépend en partie d’un « tube » de vents très puissants, le jet stream. C’est grâce à lui que l’air froid du pôle Nord descend rarement jusque chez nous.
Selon une étude de 2012, le réchauffement climatique perturberait le jet stream. Il risque de devenir plus « sinueux »... et donc moins efficace pour retenir les masses d’air polaires. Résultat : certaines régions du monde, comme les États-Unis ou le Canada, auraient davantage de chance de connaître des épisodes de froid extrême 😰 Cette théorie ne met pas tous les scientifiques d’accord, mais on devrait avoir plus d’infos dans les prochaines années !
Été 2021, nord de la France : les températures ne dépassent pas les 35°C. Météo « pourrie » ? Non, météo tout à fait de saison, contrairement aux étés très chauds qui ont précédé (ou qui ont suivi) 2021. La population, habituée à subir des températures très chaudes, finit par les trouver « normales ».
Ce phénomène a un nom : l'amnésie écologique. Il a été observé, et même quantifié, par les auteurs d’une étude publiée en 2019 → Il suffirait de 5 ans en moyenne pour que les gens s’habituent à des températures exceptionnelles.
DRIAS - Les nouvelles projections climatiques de référence drias 2020 pour la métropole
IPCC - Rapport août 2021
Météo-France
Geophysical Research Letters - Evidence linking Arctic amplification to extreme weather in mid-latitudes
Nature - Reduced North American terrestrial primary productivity linked to anomalous Arctic warming
Washington Post - Arctic climate change may not be making winter jet stream weird after all