Non, la planète Mars n’est pas une planète B !

Face à l'urgence climatique, de plus en pus de personnes évoquent la possibilité d'un exode massif de l'humanité vers la planète rouge. Mais entre les difficultés pendant le voyage, les conditions de vie sur place et la forte dépense en énergie qu'un tel voyage implique, coloniser Mars s'annonce plus compliqué qu'il n'y paraît.

Avant toute chose, il faut déjà survivre au voyage 

Si certaines personnes pensent qu'un Paris-Tokyo en avion est déjà éprouvant, ils ne sont pas prêts à partir sur Mars.

La planète rouge est située à 227 millions de kilomètres de la Terre ce qui représente un voyage d'environ 9 mois et autant de temps pour revenir. Pour le moment, les astronautes ne peuvent voyager que quelques mois dans l’espace et on ne connaît pas encore l'envergure de l’impact psychologique que peut avoir un si long trajet. De plus, il n’existe encore aucun moyen viable de les faire rester assis ou allongés pendant des mois dans une capsule. En effet, les voyages prolongés dans l’espace ont de sacrés effets sur l'organsime comme :

    • Une baisse de la densité osseuse

    • Une importante perte de masse musculaire


    Quand un être humain passe beaucoup de temps dans l’espace, son corps devient tout mou et généralement il y a toujours une équipe de médecin pour l'accueillir à son retour sur Terre. Mais sur Mars, il n’y aura personne pour prendre en charge les astronautes à leur arrivée. Il faudra donc trouver un moyen pour qu’ils continuent à entretenir leurs corps durant le voyage et pour l’instant, personne n’a trouvé.

    Ensuite, les conditions de vie sur Mars sont ultra difficiles

    Une fois sur place, il faudra pouvoir s’adapter à la vie martienne qui est très différente de celle qu’on connaît sur Terre. Mars est une planète recouverte de sable, de poussière et de roche, mais le vrai problème c’est qu’il n’y a quasiment pas d’atmosphère (qui nous permet de na pas flotter dans les airs, respirer et se protéger des rayons gamma et ultraviolets qui provoquent tumeurs et cancers.

    Par ailleurs, la température moyenne sur Mars est de - 63°C et peut descendre jusqu'à -143°C. La seule solution pour survivre serait de construire des abris à l'intérieur d’un dôme hermétique où il serait possible de recréer les conditions de vie terrestre. Pour le sorties en extérieures, le scaphandre serai de mise (bien qu'il pèse une quarantaine de kilos).

    Respirer là-bas, c'est compliqué !

    Sur Mars, il y a moins d’1 % d’oxygène disponibl. C’est donc pour l'être humain impossible de respirer à l’air libre. Les scientifiques planchent depuis plusieurs années sur des solutions parmi lesquelles :

    • Embarquer des réserves d’oxygène dans le vaisseau. Mais cela reste très cher et surtout dangereux (le risque d'explosion est accrue)

    • Installer sur place des mini usines de fabrication d’oxygène. Mais cela nécessite beaucoup d’énergie disponible sur place, et à part l’énergie solaire (qui n’est pas très fiable à cause des tempêtes de sable qui peuvent occulter le soleil pendant des jours), il ne reste que le nucléaire, une énergie qui fait particulièrement débat.

    Sur la planète rouge, l'eau se fait rare...

    Les êtres humains sont composés à 65 % d’eau et en ont cruellement besoin pour survivre. Et même si de récentes découvertes ont prouvé la présence de quelques réserves d’eau sous forme de glace (et un petit peu sous forme liquide) dans les sous-sols martiens, c'est encore trop peu pour alimenter une colonie entière d’êtres humains. 

    Pour y remédier, les scientifiques réfléchissent à une solution en particulier : terraformer la planète Mars. Il s'agirait de modifier les différents paramètres d’une planète pour la rendre plus vivable en fabriquant une atmosphère sur Mars pour provoquer un effet de serre qui engendrerait l’évaporation de l’eau solide située aux pôles de la planète et ainsi créer de la vapeur d'eau et de l’eau liquide disponible à la surface.

      Mais à l'heure actuelle, cette terraformation relève plus un fantasme que du projet contrètement réalisable. Car même si toutes les conditions étaient réunies, l’opération pourrait mettre des années (voire des milliers d’années) avant de provoquer le moindre changement visible.

      ...Et il n'y aura sûrement pas assez à manger

      Sur Mars, il va être compliqué de faire pousser de la nourriture sur un sol où rien ne pousse. À la différence de celui de la Terre qui rempli de matière organique (bactérie, virus, insecte, lombric, etc…) nécessaire à l'agriculture, le sol martien est pauvre et aride. Une des solutions proposées serait de fabriquer des laboratoires ou de grandes serres qui reproduiraient les conditions atmosphériques de notre planète, mais là encore, les chances de réussites sont pour l'instant minces. 


      En 2019, une mission spatiale chinoise avait déjà tenté de faire pousser des plantes dans une biosphère construite sur la Lune, mais l’expérience avait échoué. Avoir la main verte dans l’espace, c'est tout un art. 

      Pour conclure, Mars n'est pas une planète B

      Les scénarios les plus optimistes disent que l’être humain pourrait se rendre sur Mars d’ici 30 ans. Mais cela va demander encore beaucoup de travail. De plus, ce ne sera que pour de l’exploration et il faudra attendre encore plusieurs années avant d'envisager une "colonisation".

      Il ne faut donc pas compter sur la planète rouge pour être une nouvelle maison pour l’humanité. Cependant, les nombreuses recherches liées à la conquête spatiale ne sont pas inutiles et peuvent même aider à lutter contre le changement climatique !

      Pour Stéphanie Lizy-Destrez, enseignante et chercheuse à l'ISAE-SUPAERO : « l'espace permet d’avoir une vision plus globale de notre planète et des ses limites. Par exemple, les satellites d'observation en orbite permettent d’avoir une meilleure connaissance de nos ressources (océan, calotte glacière, forêts) et d’analyser plus facilement certains phénomènes naturels. »

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