Ces clubs de foot qui passent au vert

Tu te souviens peut-être du bad buzz autour du PSG pendant une conférence de presse en septembre dernier : interrogé sur un récent voyage Paris-Nantes de ses joueurs en avion…

L’impact écolo du foot

Oui, les clubs de foot ont un impact écologique, direct et indirect.

Comme dans le milieu de la culture, le plus gros pôle d’émissions de gaz à effet de serre est le transport (des joueur·euses et des supporter·ices) qui se font essentiellement en véhicule thermique ou en avion.

Autres sources de pollution :

• L’entretien des pelouses des stades, qui nécessite, selon l’ADEME, 100 millions de m3 d’eau par an.
• Les besoins énergétiques pour alimenter les projecteurs, les écrans vidéo…
• Les déchets jetés par les spectateur·ices pendant les rencontres (10 tonnes de déchets par rencontre de Ligue 1 selon l’ADEME).

Résultat : dans son rapport Playing Against the clock, David Goldblatt a calculé que chaque club de Premier League* émet chaque année près de 10 000 tonnes de CO2 → l’équivalent de ce que polluent 1000 Français·es sur un an.

Les clubs qui changent les choses

Mais face à ce constat, depuis quelques années, des clubs de foot font en sorte de réduire leur impact écolo, en agissant à plusieurs niveaux ! Voilà quelques exemples 👇

Les clubs pionniers : Forest Green Rovers et le Real Betis

Le club anglais Forest Green Rovers, basé dans le Gloucestershire (oui, je me suis crue dans Downton Abbey) et qui joue en 3e division, a été un des premiers, dès 2010, à mettre en place une vraie stratégie écologique.

• Le club affirme se fournir avec une électricité issue à 100% des énergies renouvelables, une partie venant de ses propres panneaux solaires, une autre par l’entreprise Ecotricity (fondée d’ailleurs par l’actuel président du club, Dale Vincent, qui a été nommé champion du climat par les Nations Unies en 2019).
• Les joueurs se déplacent de préférence en bus électrique. Quand ils se déplacent dans des véhicules à moteur thermique, le club mise sur la compensation carbone.
• Le club met aussi à dispo de ses joueurs et supporter·ices un parking à vélo, des bornes de recharge électriques et un parking-relais (aka une zone où les gens peuvent garer leur voiture pour prendre les transports en commun).
• Il ne propose que des plats vegan à ses joueurs !

Toutes ces actions lui ont valu d’être nommé « club de foot le plus écolo du monde » par la FIFA* et d’être certifié en 2018 premier club de foot neutre en carbone du monde par… les Nations Unies (oui, rien que ça !).

Plus au sud, en Espagne, le Real Betis, basé à Séville et qui joue en 1ère division espagnole, a aussi mis en place plusieurs mesures :

• Ses équipes de foot (masculines et féminines) se rendent aux matchs en train plutôt qu’en car ou en avion. Une habitude qui montre bien que « [...] les contre-indications pour la récupération des joueurs et la sécurité, souvent invoquées par les clubs, ne tiennent pas » commente Michaël Ferrisi, fondateur d’Ecolosport, interrogé par L’Équipe.
• Le club a aussi lancé sa fondation Forever Green qui soutient et finance plusieurs projets liés à la préservation de l’environnement : création d’une ferme d’agriculture biologique*, fabrication de sièges de stade en matières recyclées, ramassage de déchets…
• Depuis 2018, le club calcule aussi son empreinte carbone. Grâce à la compensation carbone, il affirme avoir atteint la neutralité carbone sur sa saison 2021-2022.

En France

Des clubs français ont aussi chopé le train en marche.

Le LOSC (Lille), l’OM (Marseille), l’OL (Lyon) et les Girondins de Bordeaux ont par exemple signé la charte des 15 engagements éco-responsables créée en 2017 par le ministère des Sports → elle les engage à respecter d’ici 2024 (donc bientôt !) plusieurs objectifs, comme par exemple supprimer 95% des trajets en avion quand ceux-ci sont réalisables par d’autres modes de transport (au hasard… le train) en moins de 5h, ou encore à réduire de 90% le plastique à usage unique.

Petite nuance : les signataires peuvent préciser leur champ d’action, pour le LOSC par exemple son engagement ne vaut que pour ses matchs à domicile.

Une étude de 2022 de l’asso anglaise Sport Positive a placé l’OL en tête de la liste des clubs de Ligue 1 les plus éco-responsables (devant le Clermont Foot et l’AS Saint-Étienne, respectivement 2e et 3e).

L’Olympique Lyonnais a mis en place un plan vélo pour faciliter l’accès des cyclistes à ces stades et projette d’installer des panneaux solaires autour du Groupama Stadium pour produire de l’électricité renouvelable 🚴

Autres exemples d’actions : l'AS Monaco a planté dans son stade Louis II un gazon qui demande beaucoup moins d’eau et de pesticides, les clubs de Nice, Marseille, Lorient et Lille ont installé des systèmes de récupération d'eau de pluie, Amiens SC s’est fixé comme objectif en 2019 de devenir le premier club zéro-déchet de France...

À nuancer

Important à avoir en tête : comme partout, il faut faire attention au greenwashing sur ces sujets.

« Les enjeux de réputation et d’image sont importants autour de ces sujets. Ils peuvent inciter les acteurs à agir mais aussi générer potentiellement de fortes tentations de se les approprier et de les afficher, parfois en dépit de contradictions essentielles » note l’asso Football Écologie France dans son livre blanc.

La fondation Forever Green du Real Betis a par exemple participé à plusieurs opérations de nettoyage de déchets co-organisées par Coca-Cola, qui est le premier producteur de déchets plastique au monde…

Même les clubs pionniers, comme le Real Betis et le Forest Green Rovers, trouvent leur intérêt dans leur engagement écolo : ça leur permet de « [sortir] clairement du lot en Europe » explique Michaël Ferrisi à L’Équipe.

Rendre les clubs de foot encore plus green : y a des solutions ?

Au niveau des organisations

• Le ministère du Sport a lancé fin 2022 un plan de sobriété énergétique du sport pour diminuer la conso d’énergie du secteur de 10% d’ici 2024 et de 40% d’ici 2050.
• La FIFA a signé en 2018 la charte de l’ONU qui l’engage à organiser des événements compatibles avec les objectifs de l’Accord de Paris (qui vise à limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C). La fédération a pourtant co-organisé en 2022 la Coupe du monde de football du Qatar, qui a fait pas mal polémique sur son impact environnemental 🧐
• L’UEFA* s’est engagé à organiser un Euro 2024 éco-responsable. L’organisation a d’ailleurs publié fin juin sa stratégie écolo pour l’Euro, qui inclut des mesures comme permettre aux propriétaires d’un billet d’utiliser gratuitement les transports en commun les jours de match, encourager les équipes à se déplacer en train ou en car, éclairer les stades avec de l’électricité renouvelable…
• La Ligue de Football Professionnel* a inclus des critères lié à l’éco-responsabilité pour obtenir une licence permettant aux clubs de Ligue 1 et Ligue 2 de toucher l’argent de leurs droits télé → réaliser un bilan carbone, transporter les joueur·euses en train ou car pour les trajets de moins de 5 heures, supprimer les bouteilles en plastique… sont des actions qui permettent aux clubs de gagner des points, et d’obtenir cette fameuse licence (un club de Ligue 1 doit obtenir minimum 7000 points, un club de Ligue 2, 6000 points).

Au niveau des supporter·ices

Toi aussi le fan de foot, tu as un rôle à jouer pour diminuer l’impact de ce sport ✨

• Pour un événement de foot, le transport des supporter·ices représenterait entre 75% et 95% de l’empreinte carbone selon Football Ecologie France ! Privilégie au max les transports en commun, le vélo et la marche. Bon à savoir : l’appli gratuite StadiumGO te permet de proposer/trouver un covoiturage pour assister à un match.
• Privilégie une gourde pour boire, évite de jeter tes déchets par terre et de commander à manger sans tenir compte de ton appétit (ça permettra de réduire le gaspillage alimentaire).
• Si tu veux te former, Football Ecologie France propose une Fresque Écologique du Football (un atelier accessible à tous·tes) et une formation en ligne gratuite plutôt dédiée aux professionnel·les du foot.