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C’est quoi le problème avec la fast-fashion ?

Fast-fashion : définition

QUIZ
La « fast-fashion » (ou « mode rapide ») désigne :

Côté consommateur·ice, ça donne : on achète → on porte → le vêtement s’abîme/n’est plus tendance au bout de 3 mois → on le laisse au fond du placard → on rachète → etc…

Ce système a 2 grosses conséquences.

1. La consommation de vêtements augmente de ouf

Les marques produisent quasi 2 fois plus de collections aujourd’hui qu’il y a 20 ans. En même temps, les prix ont énormément baissé. Résultat, on n’a jamais autant acheté et possédé de vêtements.

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En moyenne, un·e Américain·e achète un nouveau vêtement :

2. La production de vêtement n’a jamais autant pollué

L’industrie de la mode a, de base, un impact environnemental et humain. C’est pas spécifique à la fast-fashion, mais ce modèle :

  • Multiplie les impacts environnementaux et sociaux → C’est mathématique 🧑‍🏫 Plus on produit en grande quantité, plus l’impact de cette production augmente.
  • Aggrave ces impacts → Par exemple, pour renouveler toujours plus vite leur catalogue et maintenir des prix bas, les marques font fabriquer les vêtements dans des pays où le salaire est moins cher (Bangladesh, Pakistan…). Et elles ne maîtrisent pas vraiment les conditions de fabrication, comme quels produits chimiques sont utilisés, où sont reversées les eaux usées… Peu importe comment ton T-shirt a été produit, du moment qu’il arrive vite en rayon.
« La fast-fashion a explosé le principe des économies d’échelle (plus on produit, moins ça coûte cher à produire). Mais on est arrivé au point où ça touche les droits environnementaux et humains. »
Marie Nguyen, co-fondatrice de We Dress Fair

L’impact environnemental de la fast-fashion

Les conséquences sur le climat

L’industrie de la mode représenterait jusqu’à 10% des émissions mondiales de CO2. La majeure partie de ces émissions sont générées au stade la production des fibres textiles (70% des fibres synthétiques sont fabriquées avec du pétrole), et de leur transformation en tissu, puis en vêtement.

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La fabrication d’un seul jean pollue autant que :

La responsabilité de la fast-fashion dans tout ça ? Elle aggrave le phénomène, en délocalisant la production de vêtement pour payer moins cher. Sauf qu’un textile fabriqué en Chine par exemple a une empreinte carbone 40% plus élevée que s’il était fabriqué en Turquie ou en Europe → parce que la Chine alimente ses usines au charbon.

Les conséquences sur la nature

Attention, festival de chiffres flippants :

  • L'industrie de la mode est le 2e plus grand consommateur mondial d'eau. On t’a déjà parlé du coton, dont la culture intensive a contribué à quasiment assécher la mer d’Aral en une quinzaine d’années 🥵
  • Elle est aussi responsable d'environ 20% de la pollution industrielle de l'eau, à cause de la teinture et des traitements chimiques appliqués aux tissus. Plus de 15 000 produits chimiques différents sont utilisés pendant la fabrication des vêtements ! Cette pollution s’infiltre dans l’eau et dans le sol, où elle perturbe les micro-organismes, plantes, insectes…
  • Elle représente environ 1/3 de la pollution microplastique (des particules de plastique inférieures à 5 millimètres) des océans.
  • Elle entraîne aussi un énorme gaspillage qui se produit aussi bien avant l’achat (15% du tissu d’un vêtement serait gâché pendant sa fabrication) qu’après l’achat. Normal : les vêtements de fast-fashion sont soit abîmés soit démodés au bout de quelques mois. Tu finis fatalement par t’en débarrasser pour faire de la place, et une grande partie finit à la poubelle.
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En moyenne, dans le monde, parmi les textiles jetés :

Garde en tête que tous ces impacts environnementaux sont inégalement répartis. Les pays en développement, qui les fabriquent, en subissent une grosse partie, alors que ces vêtements sont fabriqués pour les personnes des pays riches. Par exemple, au Cambodge, l’industrie de la mode génère 60% de la pollution de l'eau et 34% de la pollution chimique nationale.

L’impact social de la fast-fashion

Les ouvrier·ères (surtout des ouvrières) qui fabriquent tes vêtements sont souvent payé·es une misère et travaillent dans de mauvaises conditions (tu te rappelles peut-être de l’effondrement du Rana Plaza en 2013 au Bangladesh).

La fast-fashion participe aussi indirectement à l’exploitation de la minorité ouïghoure en Chine → 20% de la production mondiale de coton vient de la région Xinjiang où vit cette communauté. Les Ouïghour·es seraient enfermé·es par le gouvernement chinois et contraint·es de travailler dans les champs et les ateliers de transformation du coton.

Réduire l'impact de la mode : y a des solutions ?

À l’échelle mondiale

  • L’Union Européenne a développé toute une stratégie pour lutter contre la fast-fashion et promouvoir des vêtements plus éco-responsables. Parmi les mesures : interdire la destruction des invendus (on t’en parlait plus haut), encourager l’éco-conception, ou encore créer un passeport numérique pour chaque produit qui communiquerait son impact environnemental et fournirait des conseils pour le réparer/le recycler.
SONDAGE
Bonne idée ?
  • Imaginer, tous·tes ensembles, un autre modèle plus respectueux de la nature et des travailleur·euses. C’est le principe de la Fashion Revolution Week qui a lieu tous les ans depuis 2015 (découvre l’édition 2022 ici).

À ton échelle

  • On est matrixé·es à consommer de cette manière (toujours plus, plus vite), donc le plus urgent, c’est de prendre conscience du problème.
« Tu peux sortir tes vêtements de l’armoire, regarder ce que tu ne portes pas, et calculer le coût que ça représente. Est-ce que cette somme-là n’aurait pas pu être dépensée autrement, pour acheter moins de fringues mais de meilleure qualité ? »
Marie Nguyen
  • Se fixer des objectifs réalistes → « C’est comme arrêter de fumer, tu peux pas passer de 1 paquet/jour à zéro cigarette, donc là pareil, c’est compliqué de passer de 15 vêtements par saison à un seul » poursuit Marie Nguyen.
  • Besoin d’aide pour sortir du système ? Voilà des conseils pour freiner un peu sa conso de manière générale, et une liste d’alternatives à la fast-fashion 👌
  • Acheter éthique, c’est cool, mais on va pas se mentir, ça coûte un rein. Le conseil de Marie : acheter en prévente* (souvent un peu moins cher). Sinon, We Dress Fair (et d’autres sites) a mis en place un « ticket solidaire » sur son catalogue pour que les personnes avec moins de moyens puissent accéder à des prix réduits.
  • Si vraiment tu veux te débarrasser de tes vêtements, pense réutilisation, recyclage, et local 🙏 Organise des vide-dressing avec tes potes, pose une caisse « servez-vous » dans ton hall d’immeuble, utilise Vinted…
  • Écrire aux marques → Lettre, mail, DM… Questionne-les sur les conditions de fabrication de leurs vêtements, leur impact. Ça montre qu’on se sent concerné·e par le sujet.

Prévente : Possibilité d’acheter un produit avant qu’il soit « officiellement » mis en vente.

Interview de Marie Nguyen, co-fondatrice de We Dress Fair
Nature Earth & Environment - The environmental price of fast fashion
ADEME - Calculer les émissions de carbone de vos trajets
ADEME - La mode sans dessus-dessous
France Info - Défendre les Ouïghours ou vendre en Chine ? L'industrie textile au pied du mur
UNEP - Pour une mode durable (loin de la mode éphémère)
Commission Européenne - Green Deal : nouvelles propositions pour faire des produits durables la norme et renforcer l'indépendance de l'Europe en matière de ressources

Pauline Vallée
Voisine de Totoro

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