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Pourquoi la nouvelle loi européenne de restauration de la nature fait débat ?
Nicolas Quénard
Nicolas Quénard
En gros, cette loi a pour but de restaurer d’ici à 2030 au moins 20% des zones terrestres et 20% des zones maritimes de l’Union européenne. L’objectif final serait d’étendre ces mesures à l’ensemble des écosystèmes européens qui en auront besoin d’ici à 2050 (la quasi-totalité donc, comme on a vu au début) 💪 Concrètement, cette loi pourrait avoir des effets sur la réduction des pesticides, la replantation des haies, la restauration de tourbières, etc.
La nature à protéger, ça ne se passe pas que dans les forêts et les océans → le texte se penche aussi sur les villes ! La surface des espaces verts urbains ne pourra plus diminuer (sauf si cette part est déjà supérieure à 45%).
Bref, c’est une belle avancée pour la protection de l’environnement en Europe et la lutte contre le changement climatique 🙌 Mais malheureusement, le texte a fait débat et sous la pression de certain·es eurodéputé·es, il est devenu moins stricte avec pas mal de moyens de contourner la législation (on en parle juste après).
Tout simplement parce que des élu·es de droite et d’extrême droite ont essayé de le bloquer. Comme pour les autres mesures du Pacte vert européen (dont cette nouvel le loi fait partie), les eurodéputé·es conservateur·ices se disent inquiet·es de l'impact qu’elles pourraient avoir sur l'agriculture, la pêche ou les énergies renouvelables.
« Restaurer la nature ne doit pas signer l'arrêt de mort de toute production économique, industrielle, forestière et agricole en Europe » a déclaré l'élue française Anne Sander (LR).
Du côté des défenseur·euses de l’environnement, une manifestation composée d’une centaine de militant·es pour le climat a eu lieu mardi dernier devant le Parlement européen à Strasbourg pour encourager l’adoption du projet. Greta Thunberg était même de la partie et a déclaré qu’il fallait « restaurer davantage la nature pour atténuer la crise climatique et la perte de biodiversité. La science l’a prouvé. » 👀
Justement, c’est ça qui est beau : ça devrait faire gagner de l’argent à l’Europe ! La Commission européenne (qui propose les lois au Parlement européen) estime que la restauration d’un large ensemble d’écosystèmes en Europe pourrait entraîner un bénéfice d’environ 1 860 milliards d’euros.
Les eurodéputé·es vont maintenant négocier le contenu de la loi avec la Commission européenne et les Etats membres de l’UE pour aboutir à une version finale et plus aboutie du texte.
Mais selon Claire Nouvian de l’ONG Bloom, interrogée par le média Reporterre, tout n’est pas encore gagné : « La loi fixe des objectifs de restauration, mais laisse aux États le soin de prendre les mesures pour les atteindre, via des plans d’action. Or ce genre de mécanisme est inefficace. Les États traînent la patte, rechignent à la mise en œuvre. »
Concrètement, ça veut dire que même adoptée, tout dépendra de la bonne volonté des gouvernements pour que cette loi génère des effets concrets et positifs sur l’environnement. Et tout ça peut prendre du temps (alors qu’en vrai, on en manque un peu…).
Mention de censure : Moyen dont dispose un parlement pour montrer sa désapprobation envers la politique du gouvernement et le forcer à démissionner ou abandonner un projet de loi.
AFP
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